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Logistique. Le foncier fait toujours défaut

L’application de la Stratégie nationale de la logistique accuse un gros retard à cause entre autres de la difficulté de mobiliser du foncier qui reste cher et inapproprié. La contribution financière de l’État est une condition sine qua non à même de garantir l’investissement du secteur privé dans le développement de l’immobilier logistique.

«La mise en œuvre de la Stratégie logistique reste tributaire d’une forte et réelle implication des acteurs publics et privés. La contribution financière de l’État est une condition sine qua non à même de garantir l’investissement du secteur privé dans le développement de l’immobilier logistique». C’est le message que l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) a lancé , par la voix de son directeur général Mohammed Yousfi, lors de la journée marocaine de la logistique organisée mercredi à Casablanca.  «Ce développement ne peut se faire sans réalisation effective des zones logistiques. À cela s’ajoute une réelle adaptation de l’offre de formation aux spécificités de l’écosystème logistique», ajoute Yousfi.

En effet, cette stratégie, dont le contrat programme a été signé en 2010,  tarde à se développer et ce pour plusieurs raisons. «La transversalité du secteur n’ a pas été en faveur de la mise en place de cette stratégie», note Abdelkader Amara, ministre de l’Équipement, du transport et de la logistique et de l’eau.

L’atomisation du secteur, l’anarchie qui le caractérise, l’informel qui le ronge et le foncier inaccessible ont aussi contribué au retard de son développement et de la réalisation de son contrat-programme. Selon les chiffres de l’AMDL, le taux de déploiement de la stratégie logistique n’est que de 14%.

Pénurie de foncier
«Une part importante des actions prévues dépendent étroitement du développement des zones logistiques», note le directeur général de l’AMDL. Ces zones prévues dans le premier axe du contrat-programme logistique et dont le poids dans cette stratégie est de 71%, ont du mal a se mettre en place à cause notamment des difficultés à mobiliser du foncier et de la rentabilité financière des projets d’aménagement des zones logistiques. «Ce qui rend impératif l’intervention de l’État», insiste Mohammed Yousfi. Aujourd’hui, le taux d’avancement de cet axe n’est que de 9%. Cela dit, du côté des officiels, (ministère et AMDL), on souligne que des efforts considérables ont été entrepris afin «d’identifier une grande partie des assiettes foncières nécessaires pour le développement des zones logistiques et de les intégrer dans les documents d’urbanisme et pour structurer les premiers projets à développer». Mais, c’est toujours difficile de mobiliser du foncier public à cause des difficultés de réservation et d’allocation de moyens financiers.

«Les niveaux de rentabilité financière des projets d’aménagement des zones logistiques rendent l’initiative privée limitée dans ce domaine. Et par conséquent peu de zones logistiques ont été développées», regrette le DG de l’AMDL.

«Le Maroc a réussi tout de même à assurer une offre étoffée et moderne à des prix compétitifs dans plusieurs régions. Ainsi, selon l’Observatoire marocain de la compétitivité logistique, on a réussi réduire le coût de l’entreposage de près de 35% depuis 2010 pour se situer en moyenne à 40 DH/m2/mois et1,9 DH/palette/jour», précise Abdelkader Amara.

Là il faut souligner qu’à peine plus de 1.582 ha ont été mobilisés. Une superficie bien loin des 3.300 ha prévus par la logistique et qui, aux dires du DG de l’AMDL, «ne sont donnés qu’ à titre indicatif». Concernant le deuxième axe portant sur l’optimisation des flux de marchandises, son taux de réalisation ne dépasse pas 10%. Là, il faut noter que deux contrats sectoriels qui visent l’optimisation des flux des produits agricoles et énergétiques n’ont pas été signés. S’agissant des contrats flux agricoles leur signature dépend de l’élaboration de la nouvelle stratégie du secteur prévue par le ministère de l’Agriculture pour la période 2020-2030. Par contre trois contrats sectoriels relatif à l’optimisation des flux import/export, la distribution interne et les matériaux de construction ont déjà été signés paraphés.

«Cependant, l’application de ces trois derniers contrats a fait face à des difficultés liées entre autres à leur dépendance du développement des zones logistiques , à la multiplicité des intervenants rendant difficile le déclenchement de certaines actions», précise le DG de l’AMDL.

Mise à niveau du transport routier de marchandises
S’agissant du troisième axe (Développement d’acteurs logistiques performants), on souligne auprès de l’AMDL que plusieurs efforts ont été également été fournis pour hausser la qualité de la prestation logistique et sophistiquer la demande. Ainsi, PME Logis a vu le jour et en parallèle il y a une sensibilisation aux bonnes pratiques, l’édition de guides…. mais cela n’a pas été suffisant. «Le développement d’acteurs logistiques performants dépend de la mise à disposition de ces acteurs d’un immobilier logistique de qualité», souligne Yousfi. Mais bien entendu, il faudra aussi mettre à niveau le secteur du transport routier de marchandises. Un défi de taille que les précédents gouvernements n’ont pas réussi à relever. L’actuel gouvernement n’a pas fait mieux et l’anarchie règne toujours. Aujourd’hui le taux d’avancement dans ce domaine n’est que de 12%. Quant au quatrième axe qui porte sur le développement des compétences celui-ci a enregistré un taux d’avancement de 26%. À ce niveau, il y a lieu de souligner qu’en dépit des investissements, l’inadéquation entre l’offre et la demande en termes de profils, notamment les métiers de niveaux maitrise et exécution est toujours de rigueur et les modes par apprentissage et par alternance n’ont pas été développés. Enfin, le cinquième axe qui concerne la gouvernance adaptée du secteur avance à un taux acceptable, soit 45%.

«Toutefois, le statut cible de l’OMCL inscrit dans la stratégie n’est pas mis en place et la contribution financière du secteur privé dans son opérationnalisation n’a pas été mobilisée. Et plusieurs instances de gouvernance n’ont pas été mises en place ou activées», conclut le DG de l’AMDL.



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