Développement durable. Le Maroc sur la bonne voie
Les progrès réalisés dans ce domaine par le royaume sont encourageants. Toutefois, quelques défis demeurent.
Mobilité électrique, valorisation des déchets, déploiement de la nouvelle version du Programme national d’assainissement liquide, PNA…Les grandes lignes pour 2019 de la Stratégie nationale de développement durable 2030 (SNDD) devront prochainement faire l’objet d’une évaluation. Pour le premier point, il est question de convertir le parc auto des administrations publiques pour atteindre un taux de 40% de véhicules électriques en 2030 et la création de centres de tri et de valorisation des déchets pour le second. Sans lister de manière exhaustive tous les éléments de cette stratégie, traduite en plusieurs plans d’action de développement durable sectoriels (PADDS), on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le Maroc est sur la bonne voie au vu notamment du cadre constitutionnel et législatif favorable pour accomplir les ODD et des progrès déjà réalisés par le pays. La Cour des comptes, alignée sur ce constat, rappelle à ce propos que l’organisation en 2016 d’une consultation nationale sur la contextualisation du programme 2030 avait déjà permis d’initier le débat entre plusieurs acteurs concernés par la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
De plus, plusieurs institutions constitutionnelles ont pris des initiatives pour contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030, a encore souligné la Cour des comptes. C’est le cas notamment du Parlement, du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ces institutions se sont inscrites dans une série d’activités qui reflètent leur adhésion aux efforts nationaux pour réussir la mise en œuvre des ODD, dira-t-on. Concernant les résultats déjà obtenus en matière d’ODD par le Maroc, lequel a adhéré à la déclaration du millénaire dès l’année 2000, rappelons-le, concernent aussi bien les secteurs de la santé, l’actualisation des programmes de développement rural, de l’eau, de l’électricité, des routes rurales, de logement social et de résorption de l’habitat sommaire, que le lancement d’autres stratégies sectorielles. Toujours dans ce registre, dans un rapport rendu public en juin dernier, le Centre des objectifs de développement durable en Afrique (SDGC) et le Réseau de solutions pour le développement durable (SDSN) ont salué les progrès réalisés par le Maroc dans le cadre des objectifs de développement durable. Si l’on en croit le SDG et le SDSN concernant les objectifs relatifs à la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes et celui relatif à la garantie à l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable, le pays a fait des avancées notables.
Par ailleurs, en matière de lutte contre la faim, d’égalité entre les sexes, de recours aux énergies renouvelables, de justice et de paix, le royaume a obtenu également de bons résultats, selon le même document. Toutefois, il reste de nombreux défis à relever notamment en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques, la conservation et l’exploitation de manière durable des océans et des mers aux fins du développement durable.
Concernant les engagements du Maroc dans la lutte contre le réchauffement, il est à noter que le royaume ambitionne de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 42% à l’horizon 2030 pour un investissement estimé à environ 50 milliards de dollars. Toujours est-il que ses engagements souffrent de l’absence d’un dispositif gouvernemental global de prise en compte du risque climatique et des engagements climat du Maroc dans le processus de préparation du projet de budget 2020. Le niveau d’appropriation des objectifs par les citoyens et par les parties prenantes reste peu satisfaisant et demeure également un défi majeur à relever. Cette situation résulte, selon la Cour des comptes, de l’absence à la fois d’un cadre de coordination et de suivi qui fédère et harmonise les actions entreprises par les différentes parties prenantes et d’une stratégie de communication et de sensibilisation autour des objectifs de développement durable, adaptée à tous les niveaux et cibles.
Toujours dans ce même sillage, le retard dans la mise en place d’un cadre de coordination et de suivi pour la mise en œuvre du programme 2030 a eu aussi comme conséquence la faible implication et le défaut de concertation des parties prenantes autour des objectifs de développement durable. Cela s’est traduit par une insuffisance de répartition des rôles et des responsabilités, l’absence d’un plan national qui définisse les priorités nationales en matière d’objectifs de développement durable ainsi que les plans d’actions détaillés qui définissent les modalités, les échéances, les intervenants et les modes de financement de ces objectifs, ajoutés à la juridiction financière chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics de l’État, des entreprises publiques, des communes ainsi que des partis politiques.