Réforme de l’enseignement. Le gouvernement renforce le dispositif de suivi
L’Exécutif devra donner demain le feu vert pour la mise en place de la Commission nationale de suivi de la mise en œuvre de la loi-cadre sur la réforme éducative. La commission chapeautera le plan législatif qui découle de ladite loi-cadre.
Le dispositif du suivi de l’application scrupuleuse des dispositions contenues dans la loi-cadre sur l’enseignement se dote d’une nouvelle structure de pilotage. À l’ordre du jour de la réunion hebdomadaire du Conseil du gouvernement prévu demain se trouve le projet de statut de la commission nationale du suivi ainsi que ses attributions qui seront au centre des débats de cette structure devant réunir 15 départements ministériels. Cette instance aura en charge de «préparer les projets de loi et les projets de décrets qui sont cités dans la loi-cadre ainsi que tous les autres textes qui entrent dans ce cadre», précise le projet de statut de la commission nationale.
C’est la convergence des actions des multiples intervenants qui arrive en tête de liste des prérogatives de la commission nationale, laquelle aura le devoir de mesurer «le degré de corrélation des politiques publiques avec la vision de la réforme». L’autre domaine crucial des interventions de la commission nationale sera évidemment le contrôle des délais de mise en œuvre des projets qui sont lancés. En ligne de mire, il y a la contractualisation avec les AREF ainsi que les modalités d’équilibrage entre les domaines rural et urbain mais aussi la nécessité de se doter de plusieurs indicateurs qui donneront la visibilité nécessaire à la rectification des mesures prises.
Ce qui est prévu pour la gouvernance
La commission nationale du suivi devra être le principal organe de coordination via la préparation des contrats-programmes qui seront signés avec les AREF. L’autre indicateur clé en matière de gouvernance concerne «le projet d’établissement activé». Concernant l’année 2018, ce sont 50% des établissements qui disposaient de ce document en attendant que ce nombre s’améliore pour atteindre en 2020 plus de 70% des établissements. Les projets d’établissements sont des outils de prospection visant l’amélioration du contenu de la formation «et il est préparé dans un cadre participatif en fonction du diagnostic et des priorités». Ce document est préparé au niveau de chaque établissement et devra être approuvé par la Direction provinciale du ministère ainsi que par les AREF. Une base de données sera également préparée dans l’objectif d’assurer le suivi des données relatives à chaque projet arrêté. L’égalité des chances entre le rural et l’urbain sera pour sa part le principal défi pour la nouvelle commission du suivi. Le dernier diagnostic réalisé par le département de tutelle met en avant le soutien d’ordre social, comme les internats, le transport et l’opération 1 million de cartables.
«Cet indicateur ne livre pas une vision précise sur le rendement des élèves qui bénéficient des programmes de soutien social», déplorent les rédacteurs du rapport qui insiste à ce que les mesures prises réduisent le taux d’abandons scolaires au sein du monde rural. Les dernières statistiques montrent que les bénéficiaires du transport scolaire dans le rural dépassent 182.000 élèves alors que le nombre des bénéficiaires du programme Tayssir a dépassé 736.000 élèves. Cet indicateur demeure important dans la mesure où le taux important de l’abandon scolaire reflète l’existence de problèmes d’efficience du système éducatif et permet de mieux cibler les niveaux scolaires qui sont concernés. Le taux de réussite pour l’obtention du certificat de l’enseignement primaire a atteint en 2018 près de 87%, ce qui cache des disparités entre les régions, de même qu’il ne donne pas une idée claire sur les élèves qui ont obtenu ce certificat après avoir redoublé l’année.
Le système du suivi de l’enseignement supérieur renforcé
Pour ce segment et en plus du rôle de la commission nationale, c’est le conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique qui veut fédérer le HCP et les universités dans la mission d’évaluation. Une convention de partenariat tripartite a été en effet signée dans l’objectif de produire un état des lieux objectif du système éducatif en s’appuyant sur des données et des informations fiables et actualisées. Un observatoire de suivi et d’évaluation de l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur est aussi projeté ainsi que la mise en place d’un réseau d’experts. De son côté, l’agence nationale d’évaluation a établi une nouvelle grille d’évaluation qui place le mode de gouvernance des instituts supérieurs en tête de liste des critères. Il s’agit essentiellement de l’obligation de se doter d’une charte des valeurs et de modalités d’application ainsi que de la formulation «d’une vision précise qui reflète les objectifs de la charte», indique la nouvelle grille d’évaluation. Les auditeurs peuvent aussi mesurer le degré d’homogénéité de la charte des valeurs des établissements avec la vision stratégique de la réforme et l’exigence de tracer un plan d’action pluriannuel ainsi que de réserver des dotations pour le renforcement des effectifs chargés de l’évaluation.