Culture

Hugh Coltman… Rencontre avec un OVNI de la musique

 Crédit photo/ Mehdi Triqui

Samedi 6 juillet, le village Samsung du Jazzablanca a vu passer un musicien pas comme les autres. Autant Jazzman que bluesman, cet anglais installé en France, ayant concocté un album tout droit venu de Nouvelle Orléans, a séduit le public. Le musicien, auteur, compositeur et interprète Hugh Coltman a du talent, mais il a surtout une belle générosité. Tête-à-tête avec une belle âme du jazz…

Dans «Who’s Happy», vous rendez hommage à la Nouvelles Orléans. Une influence que l’on sentait déjà dans le premier album avec des titres comme «Magpie» ou «All the lovers come and go». Depuis quand portez-vous la Nouvelle Orléans dans votre coeur ? 
Depuis très longtemps je pense mais je n’en étais pas conscient. Je me suis retrouvé à écrire des chansons qui baignaient dans cet univers. Et ce sont les chansons qui dictent ce que sera l’album. A un moment donné, je me suis dit, pourquoi ne pas me lancer ? Je suis allé sur place, lors du New Orleans Jazz & Heritage Festival, et ce fût une révélation. C’est venu assez naturellement. Une fois entré au studio, cela devient un studio comme un autre. On retrousse les manches et on y va ! 
 
Comment s’est déroulé le travail en studio, justement ? 
Lors du processus de composition, la première chanson qui est arrivée s’appelle «The Sinner». C’est une chanson qui parle du mouvement nationaliste qui règne un peu en ce moment. Le nationalisme et la religion vont un peu ensemble. Je dis dans cette chanson que je pensais que Jésus aimait les pécheurs et j’ai imaginé une bande de loosers errer dans les rues comme une sorte de fanfare décalée et surréaliste. J’avais cette image en moi, l’esprit un peu de la chanson et de ce que serait l’album. J’ai emmené mon batteur qui m’accompagne depuis les débuts, Raphaël Chassin, et le guitariste Freddy Koella qui a accompagné Bob Dylan pendant longtemps. Je n’avais pas de maquette.. On avait cette base de chanson parce que je voulais beaucoup de liberté. J’ai justement gardé cette liberté parce que c’est une musique qui vient de chez eux… 
 
Il y a beaucoup de liberté même de votre part par rapport aux autres albums. Est-ce une influence du Jazz ou peut-être de cette tournée en hommage à Nat King Cole ? 
Oui, sûrement ! Parce que pour les deux premiers albums, j’ai beaucoup maquetté ! C’est très dur parce que quand l’on maquette, on a des idées précises que l’on ne retrouve pas forcément à l’enregistrement. Je joue au clavier comme un pied ! (Rires) Mais mes idées sont précises et quand le pianiste arrive et propose quelque chose, je sens que mes idées se perdent. C’est difficile. C’est pour cela que j’ai fais le choix de ne pas faire de maquettes cette fois. Les musiciens jouaient et on voyait ensuite ce que cela donnait. C’était effrayant, mais j’ai adoré l’expérience. 
 
On sent que vous êtes un musicien habitué à la notion de groupe. Comment passe-t-on d’une expérience de groupe avec The Hoax à une expérience en solo sur un univers assez différent du précédent ? 
C’était une prise de risque, je l’admets. Je n’ai pas eu de doutes, je crois, c’est toujours quelque chose que je voulais faire. Après, cela a pris beaucoup de temps. Je suis arrivé en France en 2000 et l’album n’est sorti qu’en 2008. Entre-temps, j’ai fais des jobs alimentaires, j’ai joué avec quelques formations. J’ai fais plein de choses. Il faut savoir qu’avec The Hoax, je ne composais pas. Je chantais, je jouais de l’harmonica et je créais des mélodies quelques fois mais cette expérience de groupe m’a beaucoup apporté. Sur scène, j’aime laisser aux musiciens autant de place que je n’en prends. Nous sommes un groupe, pas dans le nom, mais dans l’ambiance, dans les vibes. 
 
C’est la première fois que vous jouez à Casablanca. Quelle place dans vos concerts, aux anciennes chansons ? 
Il est parfois difficile d’intégrer d’anciennes chansons, en raison de la cohérence musicale. C’est quelque chose que j’aurai pu faire vu que ce sont mes chansons. Mais à un moment donné, il faut prendre une décision, même par rapport aux musiciens. Toutefois, selon les envies, je peux prendre ma guitare et chanter quelques morceaux en solo, on verra…(Sourire). 
 
 
Une chanson comme «On my hands» qui est sortie en 2008, donne cette impression d’exister depuis longtemps, d’être une reprise…
 «On my Hands» est une réflexion sur la fidélité et la perte d’innocence quand on arrive à l’adolescence, quand les choses deviennent compliquées. Une chanson de culpabilité, de peur d’avoir perdu quelque chose dans cette innocence. J’essaie toujours de garder ces sensations de début, quand tout a commencé, que je trouve primordiales pour ne pas être blasé. Et je pense que j’y arrive. 
 
Lequel des deux albums vous ressemble le plus: «Zero Killed» ou «Stories from the Safe House» ? 
Je crois que c’est « Stories from the Safe House », parce que comme tout album, c’est un condensé de vie. Avec le deuxième, j’ai signé avec label, c’est devenu plus professionnel, un peu plus mature. Je l’ai réécouté récemment et je l’ai trouvé pas mal ! (Rires). J’ai trouvé que quelques chansons, pas toutes, ont bien vieilli. Il faut savoir que je ne réécoute jamais mes albums et mes chansons, une fois enregistrées… 
 
On sent que votre musique est une expérience à chaque fois nouvelle. Savez-vous vers où vous voulez aller ?
Non. Je ne savais pas par exemple, avec «Who’s Happy», que j’allais en Nouvelle Orléans. Et c’est devenu un peu politique. C’est sûrement l’album le plus politique que j’ai écris. C’est en arrivant aux États-Unis que c’est venu. C’est au gré des rencontres. Je sais que je veux faire un autre album avec Freddie Koella parce que j’adore travailler avec lui, il a un son tellement agréable. Je ne sais même pas si je referai un autre album vu l’état de l’industrie musicale actuelle. Peut-être que des titres à balancer sur internet, l’un après l’autre et revenir au format album après avoir sorti des singles. On verra…

 

 

 



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