Chômage. Une baisse en 2018, mais…
Entre hommes et femmes, l’écart des taux d’activité est de 48,7 points (respectivement 70,9% et 22,2%). Le secteur du textile, de la bonneterie et de l’habillement reprend du poil de la bête avec 11.000 postes créés en 2018. Les diplômés de la formation professionnelle peinent à trouver un premier emploi.
Le gouvernement devra apporter une réponse convaincante, doublée d’une stratégie bétonnée, pour sauver la formation professionnelle au Maroc. Le verdict du Haut-commissariat au plan (HCP), dans son rapport sur la situation du marché du travail en 2018 qu’il vient de rendre public, est sans appel: avec 23,3%, le taux de chômage des détenteurs d’un diplôme de formation professionnelle est supérieur tant à celui des diplômés de l’enseignement général (15,4%) qu’à celui de l’ensemble des diplômés âgés de 15 ans et plus (17,1%). Censée alimenter l’entreprise en profils techniquement bien formés, la formation professionnelle est en train de grossir les rangs des chômeurs. L’équipe El Othmani avait demandé un délai supplémentaire au souverain afin de concocter une feuille de route pour sa mise à niveau, mais rien ne filtre, ni sur le fond, ni sur la forme du draft. Pendant ce temps-là, le HCP enfonce le clou dans son rapport, affirmant que le taux de chômage dans la formation professionnelle est nettement plus élevé parmi les femmes (34,2%) que les hommes (19,1%), et parmi les citadins (23,7%) que les ruraux (18,1%). Il affecte beaucoup plus les jeunes âgés de 15 à 29 ans, avec un taux de 41,6% (49,3% parmi les femmes et 37,7% parmi les hommes). La situation s’améliore un peu avec l’âge, avec 13,9% parmi les 30 à 44 ans et 2,8% chez les 45 ans et plus.
Premier boulot, une vraie galère
Sur un autre registre, le rapport du HCP attire l’attention sur un élément préoccupant, à savoir que 6 chômeurs sur 10 sont à la recherche de leur premier emploi. Il s’agit là d’un chômage de première insertion particulièrement élevé. Idem pour le chômage de longue durée, sachant que plus des deux-tiers des chômeurs (67,6%) attendent d’être embauchés depuis une année ou plus (63,5% parmi les hommes et 75,4% parmi les femmes). D’un autre côté, 30,4% des chômeurs se sont retrouvés dans l’inactivité suite à des licenciements (24,3%) ou l’arrêt de l’activité de l’établissement employeur (6,1%). Grosso modo, le taux de chômage est passé, entre 2017 et 2018, de 10,2% à 9,8% au niveau national. Il a décliné de 14,7% à 14,2% en milieu urbain et de 4% à 3,5% en milieu rural. Comme on pouvait s’y attendre, les baisses les plus importantes sont à chercher parmi les personnes ayant un diplôme (-0,8 point), les femmes (-0,7 point) et les jeunes âgés de 15 à 24 ans (-0,5 point).
En revanche, les hausses les plus importantes du taux de chômage ont été enregistrées parmi les diplômés des facultés (+0,6 point) et les jeunes citadins âgés de 15 à 24 ans (+0,4 point). L’université garde donc cette image problématique de fabrique de chômeurs, malgré les efforts consentis pour s’adapter aux besoins du marché. En termes quantitatifs, l’économie nationale a créé 112.000 postes d’emploi, 91.000 en milieu urbain et 21.000 en milieu rural, contre une création de 86.000 une année auparavant. Une nette amélioration qui relativise celle du taux de chômage. Ce sont toujours les services qui détiennent la palme d’or avec 65.000 emplois. Il faut dire que c’est une année exceptionnelle pour les services. Ils ont enregistré une moyenne annuelle de 90.000 postes durant la période 2008-2013 avant de dégringoler à 35.000 durant 2014-2017. Vient ensuite l’agriculture, forêt et pêche avec 19.000 postes contre 42.000 en 2017. Selon le rapport, le secteur a connu une perte annuelle moyenne de 75.000 postes en 2015 et 2016. Symptomatique de leur baisse de régime, les BTP ont créé 15.000 emplois contre une création annuelle de 22.000 postes au cours de la période 2015-2017. Enfin, le secteur de l’industrie, y compris l’artisanat, en a généré 13.000, mieux que la moyenne annuelle de 10.000 postes entre 2015 et 2017. Ces nouveaux postes, apprend-on, ont été créés principalement par la branche de textile, bonneterie et habillement (11.000 postes).
Grâce à une baisse de 25.000 sans-emploi en milieu urbain et 23.000 en milieu rural, le nombre total de chômeurs a reculé de 48.000 personnes au niveau national, s’établissant à 1.168.000. Dans ce contexte, il faut bien remarquer la persistance de la courbe baissière des taux d’activité et d’emploi. Quand bien même le taux de chômage a baissé, la population en âge d’activité (15 ans et plus) s’est accrue, par rapport à 2017, à un rythme plus important (+1,7%) que celui de la population active (+0,5%). Il en résulte un taux d’activité de 46,2% contre 46,7% en 2017. Il a considérablement baissé dans les villes, passant de 42,4% à 41,8%, et de 54,1% à 53,9% en milieu rural. Entre hommes et femmes, l’écart des taux d’activité est de 48,7 points (respectivement 70,9% et 22,2%).
Inégalités régionales
Cinq régions abritent environ les trois-quarts (72,4%) de l’ensemble des actifs âgés de 15 ans et plus. La région Casablanca-Settat vient en première position avec 22,4% d’actifs, suivie de Marrakech-Safi (14%), Rabat-Salé-Kénitra (13,4%), Fès-Meknès (11,5%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,1%). En termes de création nette d’emplois, trois régions y contribuent pour près des trois-quarts. Il s’agit de Marrakech-Safi avec 38.000 emplois, suivie de Casablanca-Settat (28.000 emplois) et la région Drâa-Tafilalet (17.000 emplois). Pour leur part, les régions Béni Mellal-Khénifra et Eddakhla-Oued Eddahab ont connu des pertes d’emploi, avec respectivement -8.000 et -5.000 emplois. S’agissant du chômage, cinq régions du royaume concentrent près des trois quarts des chômeurs (73,3%): Casablanca-Settat vient en première position avec 24,6% de chômeurs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (16,6%), l’Oriental (11,2%), Fès-Meknès (11%) et Marrakech-Safi (10%). Les taux de chômage les plus élevés sont observés dans les régions Guelmim-Oued Noun (18,9%) et de l’Oriental (16,3%).