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Chrétiens au Maroc : Ode à la paix et à la tolérance

Les chrétiens, au Maroc comme partout dans le monde, ont célèbré la Noël, le 25 décembre. Ambiance à la messe de minuit à Casablanca.

Rond-point d’Europe à Casablanca, il est 22h, lundi 24 décembre. Un incessant ballet de voitures dépose les fidèles chrétiens à l’entrée de l’Église Notre-Dame-de-Lourdes. Une arrivée qui se fait sous haute surveillance. Police nationale et Forces auxiliaires sont sur le qui-vive. Gyrophares allumés, talkie-walkies accrochés aux oreilles, les hommes en uniforme sont en état d’alerte. À la porte principale, les fidèles sont scrutés de près. Deux jeunes hommes curieux, sont refoulés à l’entrée par la police. Les derniers arrivants se précipitent pour prendre place et assister à la messe de minuit qui se tient dans cet édifice paroissial catholique construit en 1954 et qui est classé patrimoine culturel marocain. Aujourd’hui, cette église retrouve une seconde jeunesse. «L’arrivée de travailleurs migrants et d’étudiants originaires des pays d’Afrique de l’Ouest contribue à la renaissance de l’Église au Maroc», souligne le père Germain Goussa, qui officie à l’Église Notre-Dame. Originaire du Burkina Faso, il est installé au Maroc depuis neuf ans. Un renouveau remarqué par le Saint-Siège: le Pape François visitera le Maroc les 30 et 31 mars 2019.

Une communauté de 92 nationalités

Kisito est cadre bancaire. Ce ressortissant sénégalais vient célébrer la messe en famille. Il y a quatorze ans, ce jeune décide de s’installer au Maroc pour suivre des études de journalisme. Dans ses bagages, il portait sa foi et sa croix. «J’avais des appréhensions sur la liberté de culte au Maroc. Un de mes oncles a même tenté de m’enlever ma croix avant d’arriver», se remémore-t-il. Arrivé à Rabat, l’étudiant découvre la vie des chrétiens au Maroc. «J’étais agréablement surpris que la communauté catholique soit aussi dynamique, avec des églises et un archevêché très bien organisés. Les dimanches, nous n’avons pas de mal à célébrer notre culte de chrétiens catholiques», se réjouit Kisito, rencontré sur le parvis de ce bijou architectural marocain. Près de la grotte de la cathédrale, Steven, étudiant congolais en génie électrique, s’active avec une équipe de bénévoles, distribuant repas et boissons. Il vit au Maroc depuis quatre ans. «Célébrer ma foi au Maroc m’a permis de découvrir l’islam et de porter un regard «interreligieux» sur nos deux religions. C’est un enrichissement», insiste-t-il. La pratique religieuse chrétienne au Maroc est aussi marquée par la diversité de cette communauté. «Nous comptons des fidèles de 92 nationalités au Maroc», indique le père Germain.  Parmi elles, les chrétiens européens. À l’entrée de la basilique, nous retrouvons Frédérique, Française qui vit au Maroc depuis 31 ans. Pour célébrer la messe, elle est venue accompagnée de son mari, marocain musulman. «Les Marocains sont un peuple croyant pratiquant. Leur foi nous inspire», confie-t-elle. Frédérique se félicite du «dynamisme» du nouvel évêque du Maroc. Monseigneur Cristóbal López Romero, a été installé en mars dernier comme archevêque de Rabat, soit le plus haut dignitaire catholique au Maroc. C’est un Espagnol, une première car les évêques au Maroc étaient toujours français». Frédérique se réjouit aussi «de la fraîcheur qu’apportent les chrétiens originaires d’Afrique subsaharienne au Maroc». La présence sécuritaire à l’entrée de l’église rassure les fidèles. «C’est le signe que les autorités prennent toutes les dispositions pour que nous pratiquions notre culte en toute quiétude. Nous rendons grâce à Dieu, au roi et au peuple marocain», conclut, avec gratitude, un travailleur ivoirien au Maroc. À 22h30, les fidèles sont en place. Père Germain démarre la messe par ces mots: «Que la paix soit sur vous». Amen. 


 Père Germain Goussa, curé de la Paroisse de Casablanca : « Pour une estime mutuelle des religions »

 

Comment a évolué l’église catholique, durant la dernière décennie, au Maroc ?

L’Église a longtemps été francophone et française, liée au Protectorat. Depuis le départ des Français, l’Église a été délaissée, et des lieux de culte cédés aux autorités marocaines. On assiste depuis plusieurs années à l’arrivée d’une communauté subsaharienne composée d’étudiants, de travailleurs, de diplomates qui contribue à la renaissance de l’Église, qui est désormais nouvelle et diversifiée.

Le Maroc offre-t-il un espace de tolérance pour les chrétiens ?

Toute l’Église catholique rend grâce à Dieu car les Marocains acceptent que le christianisme s’exprime dans leur pays dans un esprit de dialogue interreligieux. C’est formidable. Nous plaidons pour une estime mutuelle des communautés, au lieu de la tolérance.

L’Église est active dans le volet social, avec le soutien aux immigrants. Pourquoi cet engagement ?

La pastorale sociale a toujours été au cœur de l’action de l’Église. L’aide sociale est même la première figure de la présence au Maroc. On aide tous ceux qui sont dans le besoin. Nous soutenons autant les immigrants que les patients et les prisonniers. C’est un devoir évangélique qui n’a rien de politique.



Gouvernance des EEP : une réforme en profondeur se prépare


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