Mohamed Benabdelkader: “La décision a fait l’unanimité au sein du gouvernement”
Après avoir opté pour le GMT+1, l’heure est à la mise en place de tous les mécanismes d’accompagnement d’une telle décision. Mohamed Benabdelkader, ministre en charge de la Réforme de l’administration, revient sur les raisons justifiant ce choix ainsi que sur les mesures envisagées à cet effet.
Pourquoi un Conseil de gouvernement extraordinaire pour la prise de cette décision ?
Ce n’est pas la première fois que nous organisons des Conseils de gouvernement extraordinaires. Le Conseil de gouvernement de jeudi dernier avait un ordre du jour chargé et comptait dans son menu notamment la Charte de la décentralisation. Nous n’aurions donc pu traiter tous les sujets à la fois. Ce qu’il faut savoir, c’est que depuis le bouclage de l’étude sur l’heure légale, une commission travaille sur les résultats qui en ont découlé et au cours de la semaine dernière justement, elle a livré ses conclusions. Il nous fallait donc statuer avant dimanche 28 octobre, date annoncée pour le retour au GMT, d’où le Conseil tenu vendredi. Cela reste un détail, compte tenu du fait que la décision a fait l’unanimité au sein du gouvernement sans réticence aucune. Maintenant, il s’agit pour nous d’entamer toutes les procédures et de mettre en place tous les mécanismes nécessaires qui découlent d’une telle décision.
Quelles sont justement les mesures envisagées ?
En premier lieu, il sera question de réviser le décret portant sur les horaires administratifs. En fait, nous avons observé que les horaires des administrations dans plusieurs pays sont flexibles, quand les nôtres sont figés. L’essentiel dans cette pratique réside dans le fait que le fonctionnaire doit simplement respecter son enveloppe horaire de service public, qui est de huit heures. Ainsi, ce dernier pourra par exemple prendre son poste entre 8h30 et 9h30 du matin et le quitter entre 16h30 et 17h30. Cette pratique est tout à fait possible à pratiquer dans le cas du Maroc. Il ne faut pas qu’il y ait une rigidité contre productive. D’autres solutions innovantes peuvent également être préconisées dans certains cas, comme le télétravail.
Mais pourquoi opter pour le GMT+1 et pas le GMT ?
Plusieurs pays on adopté l’horaire d’été comme la Turquie ou encore Singapour. Ces pays ont ainsi réussi à créer une réelle dynamique économique puisque les ménages après les horaires de travail ont encore du temps pour pratiquer plusieurs activités créatrices de valeur pour l’économie. Ceci en plus de l’économie d’énergie, tout en évitant les pics de consommation et les coupures d’électricité. Nous avons donc trouvé ce choix très judicieux. De plus, nos études très avancées sur le sujet nous ont permis de déduire que le GMT+1 procure plusieurs avantages à l’économie nationale. Encore une fois, en ce qui concerne la population, je vous assure que nous allons mettre en place toutes les mesures nécessaires pour leur faciliter ce passage. D’ailleurs, après la réunion avec le ministre de l’Éducation nationale sur les différentes possibilités qui se présentent par rapport aux heures d’entrée et de sortie des écoles, d’autres réunions sont également prévues avec le secteur privé en ce qui concerne les horaires.
Dites-nous en plus sur l’étude menée sur l’heure légale…
En mars dernier, nous avons lancé un appel d’offres pour la réalisation de l’étude en question. À travers cette dernière, nous avons pu tirer des scenarios possibles à adopter. Au courant de cette étude, un sondage a été effectué sur la base d’un échantillon assez représentatif, en plus de plusieurs expertises dans le domaine de la médecine et la santé. Par conséquent, la proposition la plus pertinente était celle de stabiliser et maintenir l’heure d’été. Sachez que plus de 68% des personnes sondées ont assuré qu’elles sont contre les changements répétés de l’heure légale au cours de l’année.
Quel est donc l’intérêt de cette décision ?
Vous savez que notre pays a entamé plusieurs chantiers de développement structurants pour sa croissance. Nous avons scellé de multiples accords commerciaux avec plusieurs pays, nous nous sommes engagés dans les stratégies de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétiques…Nous avons pris en considération toute cette dynamique de croissance que le Maroc est en train de vivre.
Plus rapides que l’Europe
Il faut savoir que la question du maintien de l’horaire d’été a été posée depuis plus d’un an en Europe, après le projet de la Commission européenne de mettre fin à l’obligation du changement d’heure. Aujourd’hui, chaque État membre de l’UE devra choisir d’ici fin avril 2019 entre garder l’heure d’été ou plutôt celle d’hiver, si le projet de la commission est entériné.