Francophonie. Peut mieux faire !
Une nouvelle feuille de route de la francophonie sera bientôt lancée. La nouvelle secrétaire générale élue de l’OIF entend mieux faire que ses prédécesseurs. Les défis sont de taille, et à leur tête figure l’épineux dossier de l’employabilité des jeunes.
Retour de l’Afrique à la tête de l’OIF. Comme attendu, la cheffe de la diplomatie rwandaise Louise Mushikiwabo vient d’être élue par consensus secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, malgré les réserves et les critiques affichées de part et d’autre depuis l’annonce de sa candidature. Ses ambitions sont aussi grandes que l’ampleur des défis que doit relever la francophonie dans les quatre coins du globe. «Je ne viens pas pour faire des miracles ou réinventer la boussole car la francophonie existe depuis longtemps», a-t-elle martelé lors d’une conférence de presse tenue vendredi dernier à Erevan, la capitale arménienne où s’est déroulé le Sommet de la francophonie. Mais elle estime que l’OIF peut mieux faire en lançant des actions tangibles. En tête des priorités figure le dossier de la jeunesse. Il s’agit de s’attaquer en priorité à la problématique de l’employabilité des jeunes, qu’ils soient diplômés ou sans diplôme.
En effet, les jeunes dans l’espace francophone souffrent beaucoup des affres du chômage et doivent être accompagnés pour faciliter leur insertion professionnelle. Certes, l’OIF n’est pas une agence de recrutement, comme le souligne Mushikiwabo. Mais cette organisation, qui va fêter son cinquantième anniversaire en 2020 en Tunisie, est appelée à saisir toutes les opportunités et à faire office de trait d’union entre les différents partenaires en vue d’atteindre les objectifs escomptés.
D’ailleurs, l’emploi, particulièrement des jeunes et des femmes, est inscrit parmi les priorités de l’OIF depuis quelques années, sans pour autant que des résultats concrets soient au rendez-vous en dépit des actions menées dans différents pays. Cette instance, qui ambitionne de s’ouvrir sur d’autres pays, intervient en complémentarité avec les partenaires techniques et financiers pour la facilitation de la mise en œuvre des politiques nationales dédiées à l’emploi des jeunes et des femmes. On mise visiblement sur l’auto-emploi pour contrecarrer la problématique du chômage.
Pour l’ancienne secrétaire générale Michaëlle Jean, qui n’a pas pu décrocher un second mandat, l’OIF est bien consciente de l’importance de l’entrepreneuriat pour offrir des opportunités aux millions de jeunes qui affluent sur le marché du travail. L’autonomisation économique des femmes s’avère également être un impératif de premier ordre pour le développement économique. Dans les treize pays ciblés, plus de 20.000 jeunes et femmes entrepreneurs ont été accompagnés. Une centaine de structures partenaires (incubateurs), espaces collaboratifs, rassemblement des TPME et des centres de formations ont été soutenus. Mais les efforts déployés restent encore en deçà des aspirations car les besoins sont énormes. Aujourd’hui plus que jamais, la francophonie gagnerait à revoir sa stratégie pour mieux se positionner. À cet égard, la nouvelle SG de l’OIF affiche son intention de hisser cette organisation à la place qu’il faut, «là où on peut faire la différence».
La francophonie en chiffres
La francophonie compte quelque 300 millions de locuteurs, en progression de 10% depuis 2014. Le français est la cinquième langue la plus parlée au monde après le chinois, l’anglais, l’espagnol et l’arabe. Elle est la langue officielle dans 32 États et gouvernements et dans la plupart des organisations internationales. Elle est la langue d’enseignement de plus de 80 millions d’individus sur 36 pays et territoires. Elle est la langue étrangère apprise par plus de 50 millions de personnes. Par ailleurs, elle est la quatrième langue sur Internet. Aussi faut-il renforcer sa présence sur le web pour mieux cibler les jeunes.