Handicap. L’impact des efforts faiblement ressenti
La commémoration de la journée mondiale de l’handicap le 9 octobre de chaque année est l’occasion de faire le bilan des mesures qui ont été activées ainsi que de l’état des lieux de la convergence des actions des ministères impliqués.
Le Maroc a célébré hier la journée mondiale de l’handicap dans l’optique de la mise en œuvre effective de l’ensemble des garanties offertes par la convention internationale de la protection des droits et de la dignité des personnes handicapées. Le rapport national qui a été présenté à Genève durant le mois d’août 2017 et porte sur les caractéristiques générales propres aux personnes handicapées fait état d’une 2e étude qui est actuellement menée par le gouvernement en partenariat avec le HCP et qui «appliquera la nouvelle définition du handicap ainsi que l’a recommandé le groupe de Washington sur le handicap qui s’appuiera sur la classification internationale du fonctionnement à la lumière des réponses aux questions posées sur six aspects fonctionnels fondamentaux : la vue, l’ouïe, le mouvement, la mémoire/la concentration, l’autonomie et la communication», précise le rapport. Il est à rappeler que les principaux indicateurs de l’enquête montrent que le nombre de personnes handicapées atteint 1.530.000, soit une famille sur quatre qui est touchée par le handicap.
La scolarisation et la mobilité prioritaires
Pour l’amélioration des conditions de la scolarisation, la cible est formée par les élèves issus de familles démunies qui sont inscrites soit dans des centres spécialisés ou au sein des classes d’intégration scolaire ou dans les classes ordinaires du public. Les ONG jouent un rôle central puisque les associations déposent les demandes d’appui à la scolarisation. Pour le segment de la mobilité par contre, des efforts supplémentaires doivent être fournis, notamment pour le volet de la commodité de l’accessibilité qui demande la mise en place d’équipements exclusivement destinés aux personnes à besoins spécifiques. La feuille de route du gouvernement intègre essentiellement «la nécessité d’accorder la priorité aux questions du handicap dans les politiques publiques ainsi que l’élaboration d’un arsenal juridique qui garantit le renforcement des capacités de prise en charge des personnes handicapées, des ressources et de l’infrastructure spécialisée, notamment les ressources humaines, les équipements et le financement». La mise en place de structures d’accueil dans les administrations publiques et les institutions nationales, tout comme «les mesures visant à ce que les services et ressources disponibles soient équitablement répartis sur l’ensemble du territoire national», restent également prioritaires. Pourtant, ce sont les actions portant sur la complémentarité dans les programmes et les interventions sectoriels destinés aux personnes handicapées qui sont les plus vitales. Le renforcement de l’expertise technique nécessaire à la pleine réalisation des droits des personnes handicapées est aussi projeté.
Les statistiques
C’est le seuil de la gravité de l’handicap qui conditionne le dispositif de protection mis en place. Les données du dernier rapport national montrent que la situation reste préoccupante puisque les personnes atteintes d’un «handicap grave» restent majoritaires et représentent plus de 44% de la population cible dont 32% desdites personnes qui vivent une situation d’handicap «profond». Le tiers des personnes peuvent par contre survivre dans des conditions plus humaines avec 15% de personnes qui sont «légèrement» handicapées et 9% qui affrontent un handicap «modéré». Pour les causes des atteintes corporelles, le diagnostic fait ressortir une prépondérance des «maladies acquises» qui représentent près de 39% alors que les handicaps causés par les divers genres d’accidents forment 24% des handicapés marocains. Les personnes ayant des problèmes d’origine héréditaire ou congénitale ainsi que des problèmes engendrés par la vieillesse, représentent respectivement 24% et 22%. Les données actualisées du gouvernement laissent dégager que le taux de prévalence du handicap est conforme à la moyenne nationale dans 7 villes, notamment celles de Salé, Ifrane et Sefrou, par contre il est plus élevé que la moyenne nationale dans 18 provinces, notamment à Oujda-Angad, Rabat, Berkane et Nador où il atteint environ 3%. «Bien que la prévalence du handicap soit inférieure à la moyenne nationale dans 36 provinces et préfectures, ces zones du territoire national ne sont pas géographiquement homogènes». La classification par niveau d’éducation des personnes handicapées de plus de 10 ans montre quant à elle que dans cette tranche d’âge, certaines parmi ces personnes n’ont jamais été à l’école : elles représentent entre 53,3% pour les 10 à 14 ans et 82,9% pour les plus de 50 ans.