Maroc

Fonds activistes, quelle place au Maroc ?

À l’international, les succès des fonds activistes se sont répétés d’où la question posée lors de notre consultation hebdomadaire. Ainsi, 61% des 794 internautes qui ont répondu à la question de Flm sont favorables à la présence des fonds activistes au Maroc. A contrario, 39% des répondants se sont déclarés opposés à une telle activité. En préambule, les fonds activistes sont souvent gérés par des personnalités charismatiques, écoutées par les marchés surtout quand elles ont un passé attractif et un track record alléchant. Ces fonds repèrent les sociétés en mal de bonne gouvernance et/ou dont le management ne prend pas des décisions qui ne maximisent pas l’intérêt des actionnaires. Comme le marché boursier est souvent bien avisé, le cours des cibles des fonds activistes est souvent malmené avant leur intervention. Comme ces fonds ne sont pas des mécènes, les cibles choisies le sont souvent quand le combat potentiel est juteux avec un cours boursier largement décoté. Ainsi ces fonds prennent souvent des participations rampantes pour viser un pourcentage de détention qui permet de déclencher les hostilités (5% à 10% par exemple). Par la suite, ces fonds fédèrent les petits porteurs mécontents à travers différentes méthodes comme les lettres ouvertes publiées dans la presse ou le courrier direct. Une fois la coalition regroupée, le fonds activiste écrit au management et fédère les votes en AG et en AGE pour peser sur les décisions de l’entreprise. C’est dans ce contexte qu’historiquement, ce sont des fonds activistes qui ont par exemple obligé Ebay à faire scission avec Paypal.

Aussi, Colony avait poussé Accor à coter son activité services (Edenred). De même, aux États-Unis, Carl Icahn, le milliardaire américain qui est l’un des actionnaires activistes de Wall Street les plus reconnus, a pu devenir l’une des plus grosses fortunes des États-Unis grâce à ses combats menés notamment contre Apple ou Xerox. Plus récemment, le fonds activiste Eliott a réussi à rassembler une majorité de voix pour obtenir l’essentiel des sièges au Conseil de Telecom Italia, au détriment de Vivendi qui détient pourtant une majorité relative du capital. Aussi, le suédois Cevian et l’américain Elliott qui contrôlent ensemble quelque 20% du capital de ThyssenKrupp ont poussé le président de directoire et celui du Conseil de surveillance du groupe allemand à démissionner. Ainsi ceux qui sont favorables à la présence des fonds activistes au Maroc pensent que cette dynamique peut être la solution idoine pour résorber la fracture qui peut exister entre les actionnaires minoritaires des sociétés et son management.

En particulier, vu que les petits porteurs ne sont pas conviés aux réunions d’analystes et de la presse financière, l’AG est l’endroit où il faut être pour s’informer et protester le cas échéant. Cette dynamique lors des AG peut être organisée et stimulée par les fonds activistes. Par ailleurs, comme l’une des doléances récurrentes des fonds activistes est l’amélioration du rendement de dividende, une telle demande recueille naturellement l’adhésion des autres actionnaires surtout quand la société dispose d’une trésorerie structurelle. Justement, l’une des autres doléances des fonds activistes peut faire refroidir les autres actionnaires. C’est le cas de la scission ou de la cession de certaines activités surtout quand elles sont opportunistes sans création de valeur sur le long-terme. De même, la pression des fonds activistes peut pousser le management à recourir à des stratégies «extrémistes» comme la création de pilules empoisonnées ou la recherche de chevaliers blancs opportunistes. 


Farid Mezouar
DG de FL Market

Les Inspirations ÉCO : Est-il possible d’avoir des fonds activistes au Maroc ?
Farid Mezouar : Même si la plupart des sociétés cotées ont un capital assez verrouillé avec une majorité absolue garantie pour le management, la présence de fonds activistes peut avoir un sens. En effet, l’épisode d’Aluminium du Maroc a montré qu’une faible présence aux AG peut permettre parfois un changement d’administrateurs. Aussi, certains seuils de détention de capital permettent le cas échéant aux actionnaires minoritaires de mener une guérilla juridique dans l’objectif de faire réviser certaines décisions.  

Existe-t-il des cas historiques d’actionnariat activiste ?
Au Maroc, il est encore difficile de démêler l’actionnariat activiste du pur Private Equity. Ainsi, sans exprimer des doléances particulières, un fonds a pris des participations a priori non sollicitées de 5 à 10% dans plusieurs sociétés cotées de taille moyenne tout en demandant un siège d’administrateur. De même, de mémoire, dans les années 2000, une personne physique avait agi comme des activistes dans deux sociétés cotées.  



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