Le Maroc à la traîne
Au Maroc, les professionnels du paiement mobile déplorent un grand retard. Malgré un réseau bancaire très développé, conjugué au grand engouement que suscite l’usage des technologies, le royaume est à la traîne, comparé aux payspionniers dans le domaine comme le Nigéria ou le Kenya. Dans le détail, il y a deux fois plus de mobiles que de comptes bancaires, le taux de bancarisation est actuellement de 64% et le taux de pénétration du parc mobile est de 130%. Pour ce qui est des cartes de paiement et d’internautes, leur nombre dépasse 12.7 et 17.8 millions respectivement. Face à ces chiffres très positifs, le moins qu’on puisse dire est que 80 % des opérations de paiement sont réalisées en espèces . En ce qui concerne les paiements par chèque, carte, virement ou prélèvements bancaires, ils sont à des niveaux insignifiants. Et c’est là où réside le paradoxe.
Benchmark africain
Le 22 mars dernier, le sommet mondial de la block-chain s’est tenu à Nairobi (Kenya). Dans ce pays est-africain, la généralisation des technologies est une réalité.Un constat que plusieurs spécialistes mettent en avant. «Au Kenya, on peut même acheter des actions sur TPE. C’est un pays où le développement des nouvelles technologies, et par conséquent le paiement mobile, sont l’apanage des plus hautes autorités de l’Etat», précise Rachid Oulad Akdim, directeur Fintech & Business chez S2M Maroc. Les exemples de la généralisation des moyens innovants de paiement en Afrique sont multiples et mettent en évidence l’écart existant avec le Maroc. Cela signifie-t-il que cet écart soit insurmontable ? «Non», répond Yannick Ragonneau, directeur général de Big Data & Security chez Mea Atos. Pour Ragonneau, des outils de paiement mobile existent déjà sur le marché marocain, quoiqu’à un niveau plus bas. Ces solutions permettent «d’offrir» aux clients une expérience capable de contribuer à la généralisation du paiement mobile. «Ce type d’expérience-client permettra en tout cas l’accélération de l’utilisation du paiement mobile au Maroc. Dans l’ensemble, c’est un pas vers la mise en place d’un écosystème de paiement mobile global et pertinent», précise le directeur général. À titre d’exemple, Atos commercialise déjà plusieurs solutions, à l’instar des chat-bots intelligents qui permettent une interaction avec les clients; ce qu’il y a de plus innovant dans le domaine.
Saloua Karkri Belkziz
Présidente de l’APEBI
Nous pensons que les enjeux du mobile paiement sont énormes. Le continent africain est actuellement le pionnier de ce secteur. À titre d’exemple, il suffit de dire qu’un compte bancaire sur 2 est mobile en Afrique. Des pays comme le Nigéria affichent des statistiques très positives. Or, au Maroc, alors que le réseau bancaire et digital est très développé, un retard affirmé en matière de mobile paiement persiste. Ce retard se justifie entre autres par les impératifs de réglementation mais nous sommes sur la bonne voie».
2e édition du Mpay Forum Africa
Organisée sous le thème «digitalisation des moyens de paiement, quelle stratégie adoptée ?», la deuxième édition du Mpay Forum Africa s’est tenue le 3 mai à Casablanca dans le cadre du Digital African Tour 2018, en partenariat avec l’APEBI et la fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring. Elle cible les principaux acteurs du secteur bancaire, des télécoms, des postes et de la transformation digitale. Au menu, les principales thématiques liées à l’environnement des paiements dans le continent et dans le monde entier. Un focus particulier a été mis sur les nouveaux modes de paiement physique et virtuel et tente de mettre la lumière sur ces moyens innovants et leur rapport avec les modes virtuels tels que les crypto-monnaies et le Bitcoin.