Financement : La BAD a désormais un département dédié
En plus de son guichet public destiné au financement des opérations souveraines, son guichet privé est disposé à intervenir dans des projets d’efficacité énergétique au sein des grands groupes industriels. La Banque peut également appuyer les projets d’efficacité énergétique dans le cadre de Partenariat Public-Privé (PPP), sans oublier sa capacité à mobiliser et injecter des ressources dans des projets d’efficacité énergétique en sa qualité d’agence d’exécution de plusieurs fonds climatiques.
La Banque africaine de développement a maintenant un département exclusivement dédié au financement de l’efficacité énergétique sur le continent. L’information a été rendue publique par Adama Moussa, expert en énergie au sein de l’institution bancaire lors des Rencontres africaines de l’efficacité énergétique organisée la semaine dernière à Casablanca. À cette occasion, Adama Moussa, qui remplaçait Leila Farah Mokkadem, représentante résidente de la BAD au Maroc a déclaré «qu’outre le guichet public de la Banque pour le financement des opérations souveraines, son guichet privé est disposé à intervenir dans des projets d’efficacité énergétique au sein des grands groupes industriels. La Banque pourra également appuyer les projets d’efficacité énergétique dans le cadre de Partenariat Public-Privé (PPP)». Et ce n’est pas tout, puisqu’en sa qualité d’agence d’exécution de plusieurs fonds climatiques, la BAD peut également mobiliser et injecter des ressources de ces fonds dans des projets d’efficacité énergétique. Il s’agit principalement du Fonds d’investissement pour le climat (CIF) et plus spécifiquement du Fonds pour les technologies propres, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le Fonds vert pour le climat (CGF). Aux questions pourquoi la BAD manifeste tant d’intérêt pour l’efficacité énergétique et pourquoi l’efficacité énergétique se trouve maintenant au cœur de sa stratégie ? Adama Moussa répond : «C’est parce que le nouveau Pacte pour l’énergie en Afrique ou «New Deal on Energy for Africa» pour la période 2016 – 2025 a mis clairement l’accent sur les cadres stratégiques nécessaires pour parvenir à l’accès universel à l’énergie sur le continent en 2025. Et au nombre de ces cadres l’on pourrait citer la promotion des technologies efficaces le long de la chaîne de valeur de l’énergie – depuis la production, le transport et la distribution aux secteurs d’utilisation finale – où l’efficacité et la conservation de l’énergie constituent un puissant outil d’un bon rapport coût/efficacité pour parvenir à l’accès universel à une énergie durable». Selon les estimations, entre 30 et 40% des économies d’énergie peuvent être réalisées en utilisant les technologies actuellement disponibles.
Le challenge demeure toutefois dur à relever sur un continent soumis à un contexte changeant avec une plus grande capacité de la classe moyenne émergente à la consommation, qui continue d’exercer une pression croissante sur les infrastructures énergétiques, comme cela est régulièrement constaté à l’occasion des pointes de demande en énergie électrique par exemple dans plusieurs pays pendant les périodes de forte chaleur. La poussée démographique et l’urbanisation galopante sont également des facteurs qui interpellent sur la recherche de solutions innovantes et plus adaptées pour des citées ou villes durables, de sorte à amorcer un développement qui limite l’impact des populations urbaines sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Malgré tout, la BAD avance. Convaincue que l’efficacité énergétique jouera un rôle primordial pour les États africains dans la réalisation de leurs engagements à réduire leurs émissions de GES dans le cadre de leurs plans respectifs pour leurs contributions déterminées au niveau national (NDC), la Banque compte déjà à ce jour plusieurs réalisations à son actif dans l’efficacité énergétique dans les quatre coins du continent. Déjà, entre 2012 et 2014, la BAD a financé un projet pilote d’audits énergétiques au Maroc. Ce projet qui a été exécuté par l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) avait permis de réaliser des audits énergétiques dans une quarantaine (40) d’entreprises industrielles dont 20 dans le secteur de l’agro-alimentaire et 20 dans les secteurs de la chimie, parachimie, textile et cuir. Autre exemple, en 2017 la BAD a financé le développement du Code d’efficacité énergétique pour les bâtiments au Ghana afin de permettre la mise en place des textes de lois et du cadre d’application pour l’efficacité énergétique dans les bâtiments. Un modèle destiné à être répliqué dans d’autres pays africains.