Vers un accord fructueux en avril
Trois commissions sur l’amélioration des revenus, les législations du travail et les libertés syndicales, ainsi que les questions liées à l’administration publique ont été mises en place pour accélérer la cadence. Des promesses concrètes sont attendues avant le 1er mai.
Se dirige-t-on vers une nouvelle revalorisation des salaires, à l’instar de l’expérience du gouvernement Abbas El Fassi? Tout porte à croire, après les rencontres tenues lundi entre le chef de gouvernement et les centrales syndicales représentatives (UMT, CDT, UGTM, UNTM), qu’une volonté dans ce sens pourrait se faire jour. En effet, durant les discussions avec chaque syndicat (individuellement), Saâd-Eddine El Othmani a témoigné une disposition gouvernementale à parvenir à un accord en avril prochain, soit avant le 1er mai, Fête du travail. En d’autres termes, après le round du dialogue social d’octobre 2017, qui a laissé les centrales sur leur faim -surtout après l’adoption de la loi de Finances 2018 sans mesure répondant au cahier revendicatif- El Othmani veut institutionnaliser les contacts et pourparlers avec les syndicats en respect d’un agenda précis. Il fallait donner un signal fort pour contenir une tension sociale qui risquerait de prendre de l’ampleur si un geste dans le sens de l’ouverture n’était pas effectué.
Le chef de l’Exécutif a proposé aux syndicats l’ouverture d’un dialogue tripartite à travers trois commissions thématiques en vue d’aboutir à un accord s’étalant sur trois ans (2018-2020) en perspective de son adoption en avril prochain. Il s’agit de la Commission de l’amélioration des revenus, d’une Commission du secteur privé pour examiner les législations du travail et les libertés syndicales et, enfin, d’une Commission du secteur public pour examiner les questions liées à l’administration publique. En somme, que des sujets chauds qui accaparent l’intérêt des centrales, mais sans toutefois prétendre satisfaire toutes leurs attentes. Certes, le mois d’avril rappelle aussi l’accord de 2011 soutiré par les syndicats dans un contexte social marqué par le Mouvement du 20 février. Cet accord distingue les syndicats qui le qualifient de dépassé de ceux qui veulent le remettre au goût du jour. Les nouvelles négociations gouvernement-syndicats-patronat ne tarderont pas à démarrer avec la volonté d’aboutir à un accord qui puisse satisfaire et les syndicats, et le patronat, ce qui n’est pas une mince affaire, est-il besoin de signaler. Pour accélérer la cadence, une commission préparatoire comprenant des représentants des différentes composantes sociales, économiques et des secteurs gouvernementaux concernés sera mise en place. Son rôle est de donner corps aux plans de travail desdites commissions thématiques.
Ce recentrage du dialogue social autour de thématiques liées aux revenus, au Code du travail et aux libertés syndicales renseigne un peu sur un changement de paradigme qui vise l’efficacité au lieu de se perdre dans des cahiers revendicatifs difficiles à satisfaire. Plus clairement, les attentes liées à l’impôt sur le revenu ou les pensions, par exemple, n’auront pas autant droit au chapitre que les trois sujets susmentionnés. Dans un contexte marqué par l’amenuisement du pouvoir d’achat et les revenus qui n’évoluent pas, il devient judicieux de faire un geste s’inscrivant dans le sens de l’apaisement. En tout cas, pour pallier la tension qui croît au sein des masses laborieuses, relayée par des mouvements de débrayage, Saâd-Eddine El Othmani veut parvenir à un accord concluant. D’un point de vue politique comme social, il en a besoin pour fédérer sa majorité autour d’un projet concret en direction des travailleurs.