Les 5 propositions pour sauver le RAMED
Le prochain Conseil d’administration du RAMED devrait fixer le sort du régime de couverture médicale. L’Observatoire national de développement humain tire la sonnette d’alarme et propose des pistes de réformes.
Le RAMED a clôturé l’année 2017 avec 11,8 millions d’affiliés, avec une croissance de 8% par rapport à 2016. L’évolution continue du nombre d’assurés par ce régime n’est pas accompagnée par des mesures de réformes du régime, les scénarios développés par l’ANAM (Agence nationale de l’assurance maladie) sont toujours dans les tiroirs, la situation de l’intérim au sein de l’ANAM et du ministère de la Santé a fait perdre une année à la réforme de ce régime. Aujourd’hui, l’Observatoire national du développement humain (ONDH) remet sur la table la réforme de ce régime. Cette instance a remis son rapport sur «L’évaluation du RAMED» au chef de gouvernement. Ce document comporte des pistes de réformes pour sauver ce régime qui «constitue un pas important pour la couverture sanitaire universelle», selon l’ONDH. Et d’alerter : «Cette avancée fait face à un certain nombre de difficultés qu’il faut prendre en considération de façon urgente». Ces difficultés mettent en péril la crédibilité du RAMED. Deux indicateurs le montrent. Le premier est le taux de renouvellement de l’éligibilité. Il est de 44% selon l’ANAM. Cette situation s’explique par l’insatisfaction des assurés par rapport aux services de soins offerts dans les hôpitaux publics. Confirmation de l’ANAM dans un précédent rapport : «Il y a une satisfaction partielle quant aux services offerts». Deuxième indicateur inquiétant : le nombre de cartes actives est de 62% pour l’ensemble des affiliés. Cette situation est due dans certaines régions au retard dans la production des cartes ainsi qu’au désistement des affiliés de la catégorie «vulnérable» à retirer leur titre d’affiliation.
1 Sécuriser le financement du RAMED
La mobilisation des ressources de financement du RAMED reste «insuffisante et aléatoire», estime l’ONDH. Le financement du RAMED est basé sur la cotisation des affiliés «vulnérables», le gouvernement via le Fonds de cohésion social et les collectivités territoriales. Sauf que ces fonds n’arrivent pas à temps pour les hôpitaux qui accueillent les patients. «Pour y remédier, il est impératif que le législateur définisse des mécanismes pérennes de financement qui alimenteront désormais une rubrique budgétaire propre au RAMED», propose l’ONDH.
2 Mettre en place un organe de gestion
Depuis son lancement en 2012, le RAMED vit au rythme du temporaire. Après une période de gestion par le ministère de Santé, ce dernier confie cette tâche à l’ANAM. L’agence avait commandité une étude pour préparer des scénarios de gestion. L’ONDH préconise de «mettre en place dans les meilleurs délais un organe de gestion» de ce régime. Cet organe recevra les financements du RAMED et préparera une politique de tarification et de remboursement définie par le législateur. Le panier de soins «sera modulé en fonction du statut économique du ramediste», suggère l’ONDH.
3 Réorganiser l’offre de soins
La troisième proposition de l’ONDH vise à remettre à niveau l’offre de soins existante «bénéficiant des apports des nouvelles technologies et de système de transport plus performant, mais aussi la création d’un corps médical intermédiaire». À travers ce nouveau corps de métier, le système de soins marocain pourra «s’affranchir des contraintes liées à l’isolement». Pour les auteurs de ces préconisations, «cette démarche ne manquera pas de générer des économies d’échelle en termes de ressources humaines et matérielles». L’ONDH insiste aussi pour garantir la solvabilité des établissements de santé en versant les indemnités liées aux prestations de soins délivrées aux ramedistes. Enfin, l’ONDH propose un paiement à la performance qui «peut constituer une source de motivation aux professionnels».
4 Améliorer le ciblage
L’ONDH propose «d’améliorer les critères d’éligibilité au RAMED afin de garantir un accès équitable». Aussi, le ciblage des bénéficiaires du RAMED doit être «dynamique» et ses «critères» doivent faire l’objet «d’une révision régulière».
5 Mettre en place un système d’information performant
Le développement d’un système d’information et de gestion sanitaire intégré va permettre l’enregistrement et la maîtrise de la consommation médicale prescrite aux ramedistes. Pour l’ONDH, ce système «favorisera le partage d’informations entre ces deux derniers, ce qui ne manquera pas de se traduire par davantage de coordination des soins». Ce système favorisera aussi l’évaluation de l’ensemble du régime.