Les dessous du méga deal
L’annonce est tombée vendredi dernier. Salafin s’offre Taslif pour son 20e anniversaire. Une fusion-absorption qui entre dans le cadre du partenariat signé entre les deux sociétés mères (FinanceCom et Saham Finances) en 2015. Détails.
«Non, ce n’est pas une cession, ni un désengagement», tranche d’emblée Nadia Fettah, directrice générale déléguée Saham Finances et présidente du Conseil d’administration de Saham Assurance, lors de la conférence de presse tenue ce lundi pour l’annonce du méga deal qui unit les deux géants de la finance marocaine FinanceCom et Saham Finances. L’union, décidée en 2015, se matérialise aujourd’hui par la fusion-absorption de Taslif (filiale de Saham Assurance) par Salafin (filiale de BMCE Bank of Africa). Un nouvel ensemble verra le jour avec une reconfiguration du tour de table. Ainsi, après la fusion, BMCE Bank détiendra 60,8% de la nouvelle entité, tandis que Saham Assurance en détiendra 13%. Sanam Hoding (actionnaire de Taslif), RCAR (actionnaire de Salafin) verront leur participation réduites respectivement à 4,4% et 4,2%. Les 17,7% restant reviendront aux actionnaires minoritaires. Une estimation qui résulte des travaux réalisés en partenariat de la banque d’affaires Capital Trust pour finaliser l’opération et qui a été effectuée sur la base de la parité d’échange d’1 action Salafin pour 39 actions Taslif. Il n’y aura, par contre, aucune sortie de cash, puisque l’échange d’actions sera effectué à travers une augmentation de capital réservée aux actionnaires de Taslif. «La mouture finale de l’actionnariat devra avoir l’aval des actionnaires lors des assemblées générales, mais surtout de l’AMMC», remarque Aziz Cherkaoui, président du directoire de Salafin. En effet, suivant le management, la nouvelle entité sera opérationnelle au cours du second semestre. Le processus de fusion devrait ainsi durer environ 6 mois entre la finalisation du traité de fusion, l’élaboration de la note d’information et l’instruction des demandes d’autorisation auprès de la Banque centrale et du gendarme de la Bourse. Taslif disparaîtra des radars pour laisser place à la nouvelle entité qui gardera l’identité de Salafin. «Mais nous préserverons notre présence dans certains organes de gouvernance», assure Nadia Fettah.
L’ambition du groupe Saham est claire, «demeurer dans le marché du crédit à la consommation en tant qu’actionnaire actif d’un opérateur majeur du secteur». En d’autres termes, l’assureur souhaite – à travers cette association – perdurer dans un secteur où les opérateurs sont généralement en difficulté face à la prédominance des banques. Les deux groupes entendent ainsi hisser la nouvelle entité parmi les acteurs de référence en termes de produit net bancaire, de résultat net et de rentabilité. Le ratio de solvabilité estimé de la «Salafin élargie» – comme l’a nommé Cherkaoui – s’élève à 20%. Le nouvel ensemble pèsera ainsi 1 MMDH en fonds propres pour 5 MMDH de créances à la clientèle. Sa part de marché devra représenter environ 12%, résultat de la conjugaison des deux entités. En effet, Salafin détenait, en 2016, une part de marché de 8,1% contre 3,1% pour Taslif. Ces perspectives attendues ne seraient atteignables qu’en comptant sur la synergie des deux groupes et ceci en se basant sur le Modjo de Brahim Benjelloun Touimi, président du Conseil d’administration du groupe BMCE Bank Of Africa qui stipule que «1+1 sera supérieur à 2», puis repris par Nadia Fettah pour qui «1+1 sera plutôt aux alentours de 3». À cela, elle ajoute que «nous avons mis en commun nos intelligences communes dans la bancassurance et l’assistance. Il sera également judicieux de consolider nos positions dans le crédit conso avec une banque de référence». Quant aux salariés de Taslif, Cherkaoui assure qu’aucun plan social n’est envisagé, mais «nous comptons plutôt revoir notre organisation aux vues d’un nouveau plan stratégique».
Brahim Benjelloun Touimi
Président du Conseil d’administration du groupe BMCE Bank Of Africa
Je le dis formellement : il n’y aura pas de plan social. Au contraire, il va y avoir l’opportunité de développer davantage les activités et par conséquent imaginer même que nous puissions recruter et renforcer les effectifs. Les deux sociétés sont rentables et ont des forces à conjuguer. On aura besoin de plusieurs compétences pour y arriver…
Mohammed Er-Raioui
Directeur du pôle financier chez Salafin
Au stade actuel du projet, nous avons effectué des travaux préliminaires de valorisation avec une banque d’affaires de la place, qui ont abouti à la parité 1 action Salafin pour 39 actions Taslif. Sachant que le nominal de Salafin est de 100 DH et celui de Taslif à 10 DH. Donc à nominal égal, la parité se situerait à 23%, ce qui est quasiment pareil. Aujourd’hui, cette évaluation préliminaire a été validée par les actionnaires qui ont trouvé que ce rapport d’échanges rejoint un peu la valeur des titres sur le marché boursier (Taslif vaut 24 DH, contre 990 DH pour Salafin). Une fois que le premier protocole de l’accord sera signé, nous allons revoir cette valorisation avec la banque d’affaires mais de façon approfondie pour voire si les résultats des travaux préliminaires seront maintenus d’ici la fin du process…De toute façon, tout le monde y trouve son compte, même pour les actionnaires minoritaires. Ceux-ci vont migrer d’un titre peu liquide, qui a un taux de rendement et une rentabilité très faibles vers une action qui est très rentable et qui offre un dividend/yield intéressant.