Maroc

«Nous avons besoin de régénérer nos effectifs»

Hassan Boulaknadal, Directeur général de l’Office des changes

L’Office des changes entame l’année 2018 avec le déploiement de sa nouvelle organisation, dévoilée officiellement un mois plus tôt. Une étape essentielle dans la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2021 de l’Office des changes. Hassan Boulaknadal, directeur général de l’Office des changes, nous a livré les grandes lignes de son projet ainsi que son point de vue sur certains sujets d’actualité.

Les Inspirations ÉCO : Plusieurs chantiers ont été entamés depuis votre arrivée à la tête de l’Office des changes.  Ces derniers font-ils partie d’un nouveau plan d’action ?
Hassan Boulaknadal : En effet, nous avons lancé un nouveau plan d’actions stratégiques qui a été arrêté avec le ministère de tutelle sur la période 2017-2021. Parmi nos orientations stratégiques figure la réorganisation des structures de l’Office des changes, ceci a pour objectif d’assurer une optimisation du fonctionnement et un alignement avec la chaîne de valeurs de l’Office des changes. Les autres axes du programme concernent la qualité du service public et la montée en charge en termes de digitalisation. L’amélioration de la qualité de nos services signifie plus de célérité dans le traitement des demandes des usagers mais aussi l’amélioration des conditions d’accueil des usagers dans nos locaux. Pour ce faire, nous avons travaillé à la fois sur l’amélioration de notre centre d’accueil et la révision de notre organisation en mettant en place un Front Office doté de moyens techniques et logistique à la pointe de la technologie et composé de personnes qualifiées en matière de réglementation des changes. Nous avons également lancé le projet de refonte de notre site web. L’objectif étant de mettre à la disposition des usagers et des opérateurs un portail interactif, convivial et riche en informations.

Le PLF 2018 intègre la notion de prescription fiscale anticipée au profit des étrangers résidents. Or pour certains contribuables, cela leur rappelle l’épisode de la contribution libératoire. Y a-t-il un lien avec la réglementation des changes ?
C’est une opération différente. La contribution libératoire lancée en 2014 concernait les avoirs détenus à l’étranger, en marge de la réglementation de change, par des personnes marocaines résidentes. Ici, nous sommes en train de parler d’une disposition qui touche des étrangers résidents qui n’ont pas fait leur déclaration fiscale pour les revenus générés par ces avoirs. Cette catégorie de personnes n’a pas, au regard de la réglementation des changes, l’obligation de déclaration à l’Office des changes. Il n’y a donc pas de lien avec la réglementation des changes.

L’activité d’intermédiation de change est exonérée dès cette année.  Pourquoi une telle décision ?
Le statut particulier des bureaux de change et de l’activité de change manuel de manière générale a fait l’objet de plusieurs réunions entre l’Office des changes, la DGI et les différentes associations professionnelles du secteur. Aujourd’hui, la DGI a effectivement décidé l’exonération de la TVA pour ces bureaux de change dès le début de cette année, ce qui constitue un encouragement pour les opérateurs du secteur qui jouent un rôle important dans le drainage des devises vers le circuit officiel.

Le traitement de demande d’ouverture des bureaux de change est suspendu depuis août 2015. À quand la prochaine vague d’octroi de nouveaux agréments ?
La reprise est prévue pour bientôt. L’objectif à travers la suspension était de faire un bilan sur les 10 premières années de création des bureaux de change, tirer les conclusions nécessaires et tracer une nouvelle feuille de route pour le développement du secteur. Aujourd’hui, le nombre de bureaux de change et de sociétés de transferts de fonds s’élève à environ 1.500 points de change répartis sur tout le Maroc. Du coup, nous avons décidé de revoir un certain nombre de critères dont les conditions de lancement ou encore le maillage des points de vente. Une nouvelle mouture du cahier des charges a été donc élaborée et est actuellement en cours de validation. À travers ces nouvelles dispositions, nous visons à sécuriser cette activité et à jeter les bases d’une concurrence saine.

Vous avez initié une étude concernant l’investissement des entreprises marocaines à l’étranger. Quelles sont les conclusions de cette étude ?
Comme vous le savez, les investissements marocains à l’étranger peuvent être réalisés sur la base des dispositions de notre instruction générale où sur la base de dérogations spéciales quand il s’agit de montants importants. Il est donc naturel que l’Office des changes suive ces investissements afin de s’assurer qu’ils apportent la valeur ajoutée escomptée. L’étude en question est au fait un travail récurrent qui nous permet de veiller au rapatriement des revenus de ces investissements afin de reconstituer nos réserves de changes, ce qui est notre mission principale.

Pour les entreprises qui ont commis des excès, avez-vous assez de pouvoir pour les sanctionner ?
Le métier de contrôle est quelque chose que l’on exerce de manière continue et régulière. Si on se rend compte qu’une société a enfreint la réglementation d’une manière ou d’une autre, il y a une enquête qui est déclenchée et un rapport est établi en fonction de la gravité des faits, déterminant ainsi le niveau de la sanction.  L’Office des changes a, en effet, toute l’autorité nécessaire pour la sanction. Les textes de lois nous donnent la pleine latitude pour veiller au respect de la réglementation de change. Ces textes nous permettent, le cas échéant, de faire le choix entre deux possibilités. On peut attribuer des sanctions pécuniaires, si nous estimons que les faits commis n’étaient pas d’une gravité importante ou qui ont été fait sciemment ou de mauvaise foi. Dans l’autre cas, nous pouvons bloquer les transactions et transmettre le dossier à la justice…

D’ailleurs, où en est la mission d’inspection menée par l’Office des changes au sujet des spéculations sur le marché de couverture ?
La mission d’inspection est une mission permanente au sein de l’office. Chaque année, nous établissons un programme d’inspection qui nous permet de veiller sur les obligations faites aux opérateurs en matière de réglementation des changes. Parallèlement à ce programme, nous menons des enquêtes ponctuelles quand des événements l’exigent comme c’était le cas pour le sujet des couvertures. Sur ce point, il est prématuré de tirer des conclusions, la mission d’inspection est toujours en cours, il s’agit d’une mission thématique à l’adresse de plusieurs opérateurs, le volume d’informations à analyser est très conséquent.

Avez-vous assez d’effectifs pour réaliser cette enquête ?
Entre les évènements cités précédemment et les problématiques relatives à l’avènement d’Internet (monnaie virtuelle…), nous avons besoin en effet de régénérer nos effectifs. Nous disposons déjà d’une équipe experte avec plusieurs années d’expériences et nous avons en parallèle lancé une campagne de recrutement pour renforcer nos équipes d’inspection. Nous sommes aussi en train de nous réorganiser de manière à avoir une vision à 360° sur l’ensemble des secteurs qui relèvent de notre champ de contrôle.

Y a-t-il des modifications concernant le projet d’instruction générale des opérations de change ?
L’instruction générale des opérations de changes dans sa prochaine édition a été conçue pour être un texte d’accompagnement de la flexibilité du dirham. Nous l’avons rédigée après un large processus de concertation avec toutes les parties prenantes et à leur tête la Banque centrale. Le contour final de cette instruction a été arrêté et se trouve au niveau du circuit de validation avant sa publication et son entrée en application.

Vous avez enchaîné la direction de deux institutions emblématiques au Maroc. Quelle est la différence entre les deux expériences ?
Les deux fonctions se ressemblent plus au moins. En tout cas, les challenges qu’elles renferment sont très importants pour l’économie marocaine dans la mesure où les deux interagissent avec les opérateurs économiques créateurs d’emplois et de valeurs ajoutées. D’ailleurs, les deux institutions se concertent régulièrement sur les sujets d’intérêts communs comme le placement des Marocains à l’étranger ou le sujet de la double cotation. Au quotidien, je dirai que c’est la typologie des sujets qui a changé mais pas vraiment le fonds ni les interlocuteurs. 



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