«Les contributions reçues augmenteront de 10% en 2018»

Khalid Cheddadi, PDG de la CIMR
La Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (CIMR) clôture une année pleine de changements. La transformation majeure concerne le passage au statut de société mutuelle des retraites entrainant avec elle plusieurs modifications. Khalid Cheddadi, PDG de la CIMR, revient sur les faits marquants de l’année 2017 avec des perspectives sur l’année prochaine.
Les Inspirations ÉCO : Comment s’est déroulé l’année 2017 pour la CIMR ?
Khalid Cheddadi : Le nombre d’entreprises adhérentes a augmenté de plus de 600. Le nombre d’affiliés cotisants a cru aussi de plus de 4,25%. Les contributions reçues ont également grimpé de 10%. L’excédent d’exploitation, qui est versé dans nos réserves, a pour la première fois dépassé les 5 MMDH. Donc le régime se porte très bien. Aujourd’hui, avec l’ouverture à l’adhésion individuelle, nous espérons séduire d’autres catégories socioprofessionnelles. Nous pensons particulièrement aux professions libérales, aux commerçants, aux artisans et aux TPE qui peuvent adhérer à la CIMR à titre personnel.
Quelles sont vos perspectives pour 2018 ?
2018 sera l’année de lancement d’«Al Moustakbal Individuel». À travers cette offre, nous espérons atteindre un objectif de 200 MDH de contributions nouvelles en 2018. Sur la totalité, nous visons une augmentation de 700 à 800 MDH de ces contributions, soit une hausse de 10% par rapport à cette année.
Comment se décline votre stratégie de placement?
Depuis quelques années, nous sommes plutôt orientés placement obligataire. Malheureusement, les taux restent assez bas et ce, en plus d’une conjoncture un peu incertaine…On s’attend à une reprise des taux qui tarde à venir. Ce qui est assez perturbateur. Cette situation nous oblige donc à rester sur des placements de durées relativement courtes (moins de 5 ans) pour pouvoir profiter d’une éventuelle hausse des taux. Au final, nous comptons rester sur la même stratégie de placement en 2018.
Quelle est la position de la CIMR quant à la réforme des régimes de retraite ?
Nous nous inscrivons dans le pôle privé avec ses deux composantes : un régime de base et un autre complémentaire. Et la CIMR aspire à jouer un rôle prépondérant dans l’affiliation obligatoire des salariés du secteur privé au régime de retraite complémentaire, et ce pour assurer une couverture sociale efficiente. Il faut dire qu’aujourd’hui la CIMR, régime de retraite complémentaire à caractère facultatif, occupe tout de même une place assez importante. Par exemple en 2017, les contributions au régime de base de la CNSS ont atteint 11 MMDH. Alors qu’au niveau de la CIMR, les contributions sont de l’ordre de 7 MMDH. On est pratiquement au coude à coude avec la CNSS. On peut dire que le régime de la CIMR-même s’il est facultatif-, pèse assez lourd dans le dispositif global de retraite dans le secteur privé.
Peut-on s’attendre à un éventuel basculement vers une affiliation obligatoire ?
C’est possible, mais c’est la réforme qui nous le dira puisque ce sont des décisions macroéconomiques et politiques… Ce n’est pas du ressort de la CIMR. Nous, à notre niveau, nous facilitons les choses en préparant des études ou en mettant en place quelques dispositifs pour répondre à une certaine demande.
Comment a évolué la CIMR depuis le changement de statut ?
Depuis le 1er janvier 2017, la CIMR a connu une transformation de son statut juridique pour se muer en société mutuelle de retraite. Ainsi, les statuts et règlement général de retraite de la caisse ont connu de profonds changements en vue de faire valoir un système de gouvernance consolidé et l’adapter par rapport à un nouveau contexte légal. La caisse est gérée par un Conseil d’Administration dont le nombre maximum d’administrateurs a été ramené de 24 à 15 comme l’exige la Loi 64-2.
Parmi les dispositions du nouveau statut juridique, la suppression de la possibilité de remboursement des cotisations salariales pour les affiliés ayant quitté leur employeur qui ne passe toujours pas auprès des salariés…
En effet, c’est un changement qui a été opéré avec le nouveau statut. C’est stipulé dans la loi. Cette procédure a été mise en place afin de protéger les gens contre leurs propres turpitudes. Parce qu’avant quand une personne travaillait dans une société adhérente à la CIMR, dès qu’elle quitte l’entreprise, elle a la possibilité de récupérer ses cotisations salariales. Mais ce faisant, elle perd le bénéfice des cotisations patronales. Elle se retrouve, au final, sans pension il gagne un certain pécule. Le salarié pourra utiliser cette somme pur financer ses projets certes, mais la plupart des gens consomment cet argent dès sa récupération. En voyant cela, le législateur a souhaité protéger les gens contre eux-mêmes. Donc on va leur interdire de récupérer la part salariale et de perdre la part patronale et on va ainsi imposer que les contributions restent jusqu’à l’âge de départ à la retraite. A ce moment là, les gens peuvent liquider leurs droits soit totalement en pension soit moitié en pension moitié en capital. Certaines personnes ont mal réagi à ce dispositif, mais en réalité, c’est pour protéger leurs économies…mais je rappelle que c’est la loi 64-12 qui a instauré cette mécanique et non la CIMR.