Les schistes bitumineux mis à profit
La valorisation des schistes bitumineux commence à donner ses fruits au Maroc. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette source d’énergie fossile très polluante, dont regorge le Maroc – les réserves marocaines sont estimées à 42 milliards de barils, ce qui place le royaume à la 6e place mondiale – pourra très prochainement permettre de produire des matériaux de construction propre de très haute qualité. Entendez, des produits qui respectent les principes de la construction durable, qui offrent dans certains cas des performances encore inégalées en matière d’efficacité énergétique et qui pourraient du coup contribuer à rabaisser l’important niveau des importations de matériaux de construction.
En effet, les premiers résultats de recherches, conduites par le Réseau des chercheurs marocains sur les schistes bitumineux et présentés jeudi 21 décembre à Casablanca lors de la journée organisée par le Cluster efficacité énergétique des matériaux de construction (EMC) en collaboration avec le Centre de recherche thématique matériaux et énergie de l’Université Hassan II de Casablanca sur le thème «le potentiel des schistes bitumineux dans la gestion de la facture énergétique pour les matériaux de construction», sont très encourageants. Lancés il y a trois années dans le cadre de la contribution à la valorisation des ressources naturelles et des sous produits de l’industrie du royaume, ces travaux de recherche appliqués au secteur de la céramique ont permis d’élaborer des matériaux très avantageux. Les carreaux céramiques produits à partir de schistes bitumineux ont un coût très abordable. En plus, ils ont des propriétés intrinsèques très recherchées : ils sont absorbants, poreux et donc légers et très facile d’application. La phase solide poreuse peut fournir une importante surface pour les réactions chimiques, la perméabilité liquide.
Par ailleurs, il faut savoir que les céramiques poreuses sont de plus en plus utilisées dans de nombreux domaines : filtration, isolation thermique, membranes sélectives et technologies antipollution, etc. Seules les propriétés mécaniques du matériau ont posé quelques soucis à nos chercheurs mais grâce à l’ajout de phosphate, le taux de flexion peut passer de 10 à 40%.