Maroc

Intégration régionale : Cap sur l’Afrique de l’ouest

Le Maroc a décidé depuis février dernier de devenir membre à part entière de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une suite, somme toute, logique de la démarche d’intégration du royaume dans l’une des régions les plus dynamiques du continent.

Léthargie, c’est le maître-mot pour désigner la situation de l’intégration régionale au nord de l’Afrique. Face au blocage imposé par une Union du Maghreb Arabe (UMA) mort-née, la diplomatie royale s’est tournée vers l’autre prolongement logique et historique du commerce marocain, à savoir l’Afrique de l’Ouest. Sur instruction du roi Mohammed VI, une demande officielle a été adressée par le Maroc en vue d’une adhésion à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il s’agit de l’une des communautés économiques régionales les plus dynamiques et les plus intégrées d’Afrique. La réponse de la communauté ne s’est pas fait attendre. L’accord de principe a été accordé en juin par les chefs d’État de la communauté pour valider la requête marocaine. Ces derniers ont chargé la commission d’examiner les implications d’une adhésion du royaume du Maroc au regard des dispositions des traités de la CEDEAO et de soumettre ses conclusions au prochain sommet de l’organisation. Les chefs d’État de la CEDEAO ont également invité le souverain au prochain sommet de l’organisation, accordant ainsi un caractère encore plus officiel à cette adhésion. Cet accord de principe aura ainsi bouclé la phase politique de l’adhésion afin de permettre le lancement de la phase juridique et technique. Depuis, le royaume a démarré les études internes et entamé la phase préparatoire de l’intégration.

L’adhésion du Maroc à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest constitue la suite logique de la diplomatie royale vers l’Afrique, engagée durant ces dernières années, en particulier vers la région de l’Afrique de l’Ouest. Les différentes tournées royales ainsi que la fournée d’accords bilatéraux qui ont été signés à cette occasion ont largement défriché le terrain vers cette ouverture. Bien que le royaume ait diversifié ses partenariats en Afrique, en s’ouvrant notamment vers l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, la proximité géographique et l’argument historique plaident en faveur d’un meilleur rapprochement vers la région ouest africaine. Cette adhésion vise, au-delà de son enjeu géostratégique manifeste, à développer les échanges commerciaux et à favoriser les flux d’investissements avec les pays membres du groupement régional. Cette intégration économique regroupe aujourd’hui 320 millions d’habitants sur une superficie de 5,1 millions de km² et réalise un PIB de plus de 730 milliards de dollars. La CEDEAO représente aujourd’hui 10% des échanges intrarégionaux. Un chiffre qui n’inclut pas les échanges transfrontaliers effectués dans le cadre des circuits informels. Il faut dire que la volonté du souverain d’intégrer le Maroc à la CEDEAO répond également à l’intérêt porté par le Maroc aux négociations autour de la mise en place d’une Zone de libre-échange continentale (ZLEC) actuellement en cours de discussion au sein de l’Union africaine. La ZLEC constitue une étape importante vers la mise en place du marché commun africain et de la communauté économique africaine, objectif ultime de l’intégration continentale visé par le Traité d’Abuja ainsi que l’acte constitutif de l’Union africaine. La zone constitue également une étape stratégique pour renforcer l’insertion de l’Afrique dans l’économie mondiale. Si le royaume appartient officiellement à deux Communautés économiques régionales (CER) concernées par le processus d’Abuja, il faut dire que l’intégration économique ne semble pas faire partie des priorités des agendas respectifs de ces deux CER. À ce titre, le projet maghrébin d’accord de libre-échange paraphé en 2010 par les pays membres de l’UMA est resté lettre morte. Cette situation accule donc le Maroc à chercher à se joindre à certaines intégrations régionales en tant que membre à part entière afin de se prémunir contre toute éjection du processus d’Abuja.

Actuellement, le royaume analyse notamment les différents scenarii d’intégration. La CEDEAO étant une zone de libre circulation des biens et des personnes opérant actuellement sa transition vers un marché commun appliquant un tarif extérieur commun (TEC), plusieurs approches s’offrent au royaume. Le Maroc peut décider de se limiter dans un premier temps à une adhésion sous forme d’une intégration à la zone de libre-échange de marchandises et se fixer un calendrier pour la transition vers l’Union douanière et la libre circulation des personnes. Le royaume peut également -bien que cela demeure fort improbable- choisir une intégration totale dès l’entrée en vigueur de l’accord d’adhésion. Il s’agira dans ce cas de démarrer l’harmonisation des politiques budgétaires, surtout dans la perspective de l’adoption d’une monnaie commune à l’horizon 2020.


Le poids des échanges commerciaux

Le volume des échanges commerciaux du Maroc avec la zone ouest africaine connaît d’importantes fluctuations et présente une nette asymétrie en faveur du royaume. En effet, les importations ont reculé au rythme moyen annuel de -15,7% entre 2010 et 2015 pour se situer, en fin de période, à un peu plus de 800 MDH. À l’opposé, les exportations du Maroc vers le même groupe de pays ont enregistré, pour la même période, un accroissement soutenu de plus de 16,6% pour atteindre plus de 8,3 MMDH. L’offre exportable marocaine vers cette région du monde se distingue par la prédominance des produits chimiques, de l’agroalimentaire, de l’électrique-électronique, et de la mécanique métallurgique. Toutefois, le poids de l’Afrique subsaharienne dans le total du commerce extérieur marocain demeure faible, comparativement aux volumes échangés dans d’autres groupements partenaires tels que l’Union européenne ou, dans une moindre mesure, la région MENA.



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