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Parlement : Baptême de feu pour El Othmani

Pour sa première séance dédiée aux questions de politique générale, le chef de gouvernement a essayé, autant que faire se peut, de convaincre les députés de la volonté du gouvernement de lutter contre la corruption, réformer l’administration et accompagner efficacement la stratégie marocaine en Afrique. Décontracté, Saâd Eddine El Othmani, qui s’est détaché de ses notes, n’a visiblement pas réussi complètement sa mission, du moins selon l’opposition.

Première confrontation entre le nouveau chef de gouvernement et le Parti authenticité et modernité, au sein de l’hémicycle du Parlement. Actualité oblige, la situation à Al Hoceima s’est invitée au débat, bien que le sujet n’ait pas été à l’ordre du jour. Contrairement aux attentes, Saâd Eddine El Othmani a sorti l’artillerie lourde contre le PAM, à l’instar de son prédécesseur. Il n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le parti du tracteur, rejetant les critiques acerbes de l’un de ses députés, ayant trait à la gestion du mouvement de contestation d’Al Hoceima. Les deux parties, qui se sont toujours regardées en chiens de faïence, se lancent les accusations sur l’origine de cette situation. Le chef de l’Exécutif a renvoyé la balle au PAM qui gère les communes et la région.

Reddition des comptes
Les députés de l’opposition appellent à la reddition des comptes, pas uniquement en ce qui concerne ce dossier, mais dans toutes les affaires dans le cadre de la moralisation de la vie publique. À cet égard, la lutte contre la corruption devrait constituer une grande priorité. En dépit des efforts déployés au cours des dernières années, l’impact n’est pas palpable en matière de lutte contre la corruption et le Maroc ne cesse de dégringoler dans le classement international. La nouvelle équipe gouvernementale a-t-elle une solution concrète pour éradiquer le fléau de ses racines ? La réponse d’El Othmani est loin de convaincre l’opposition.

Le gouvernement opte, en effet, pour la continuité en la matière. Dans deux semaines, le décret, relatif à la Commission nationale anticorruption, verra le jour pour pouvoir mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre la corruption qui, malgré son adoption tambour battant par l’ancien Exécutif, reste toujours lettre morte et nécessite des mécanismes pour son implémentation. Le chef de gouvernement brandit la carte de la difficulté de combattre le fléau qui nécessite «la conjugaison de tous les efforts et une approche à long terme». El Othmani défend, par ailleurs, bec et ongles le précédent gouvernement qui a effectué, selon lui, des efforts considérables. Les mesures, déjà mises en place, seront renforcées durant l’actuel mandat, comme le numéro vert du ministère de la Justice, qui va se transformer en centre d’appel. Le chef de gouvernement balaie d’un revers de la main les accusations des parlementaires sur le laxisme du gouvernement de Benkirane. Chiffres à l’appui, il précise que quelque 13.000 cas de corruption par an ont été présentés devant la justice.

Les maux de l’administration
S’agissant de la réforme de l’administration, le chemin semble encore long malgré les engagements pris au fil des années par les différents gouvernements. L’ancien ministre du département de la Fonction publique et actuellement président du groupe parlementaire du Mouvement populaire à la Chambre des représentants, Mohamed Moubdii, n’a pas hésité à énumérer les maux de l’administration marocaine ainsi que les freins à la réforme.

Ce parlementaire reconnaît que plusieurs approches et mécanismes n’ont pas pu atteindre les objectifs escomptés, en raison de l’absence du suivi, d’évaluation et de contrôle. Il pointe du doigt la gestion des ressources humaines au sein de l’administration, qui ne repose pas sur l’évaluation des compétences, le bon redéploiement des fonctionnaires, la formation continue… Un avis partagé par le chef de gouvernement qui affiche sa détermination à prendre le taureau par les cornes. El Othmani réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? En tout cas, il est très attendu sur ce dossier. Il compte notamment sur le numérique pour rehausser la performance de l’administration. Ce chantier devrait permettre d’améliorer la relation avec le citoyen. D’autres mesures seront mises en place pour rendre l’administration marocaine productive et à la hauteur des aspirations, comme la mise en place d’un portail électronique national dédié aux doléances des citoyens.

Diplomatie en Afrique
Sur le registre de la diplomatie marocaine en Afrique, la dynamique, enclenchée depuis des années dans le Continent noir, devra être accompagnée par le gouvernement. El Othmani cite trois niveaux d’intervention : l’accélération de la cadence en matière d’adoption par le Conseil de gouvernement des différentes conventions conclues par le Maroc avec les pays africains, la mise à niveau du tissu économique national pour qu’il puisse interagir positivement avec les dispositions des conventions conclues en termes d’investissement et d’exportation, ainsi que le volet de promotion et celui de coordination entre les différents secteurs gouvernementaux. Le chef de l’Exécutif rappelle l’orientation stratégique et historique du royaume vers l’Afrique qui n’est pas fondée uniquement sur le gain économique. L’ancrage du Maroc en Afrique permet de faciliter la mission des acteurs économiques dans les pays africains. C’est ainsi que les trois plus grandes banques au Maroc sont implantées dans plus de 20 pays en Afrique et participent directement au développement du système financier africain. «La présence du secteur bancaire permet de rapprocher les acteurs économiques des autres secteurs», note El Othmani.

Par ailleurs, le Maroc accorde un intérêt particulier à la coopération tripartite. Le chef de gouvernement salue ce type de partenariat qui permet le transfert des compétences dans divers domaines, comme les infrastructures et les services de base (électrification, irrigation, gestion des ressources hydriques, santé, agriculture, énergie et mines…).  Du côté des députés, l’appel est lancé pour dynamiser la diplomatie économique en changeant d’approche et mettre en place un observatoire de l’investissement en Afrique. À ce titre, les ambassades ont un grand rôle à jouer dans la promotion de la diplomatie économique.



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