Le secteur public de l’enseignement s’adapte aux changements que connaissent les secteurs porteurs. Dotés de la Vision 2015-2030, les universités et instituts de formation professionnelle ont fait le choix de s’allier au monde de l’entreprise pour optimiser les efforts déployés. En voici les résultats.
Tout a commencé le 10 octobre 2014. Le roi Mohammed VI, dans son discours prononcé à l’occasion de la session pvarlementaire d’automne, avait mis le doigt sur l’obsolescence des schémas habituels que suit le secteur de l’enseignement au Maroc. La réponse ne s’était pas fait attendre, et un processus de réformes a été immédiatement enclenché dans le cadre de la Vision 2015-2030 pour la réforme de l’enseignement au Maroc. Parmi les volets que cette vision intègre, celui de l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, à appréhender dans le cadre d’une stratégie réfléchie, imaginée autour des impératifs sectoriels mis à la tête des priorités, et visant à répondre aux besoins du marché de l’emploi, fort de l’émergence des nouveaux métiers mondiaux sous l’impulsion du Plan d’accélération industrielle (PAI).
Ces nouveaux métiers, en l’occurrence l’automobile, l’aéronautique, les industries diverses, les métiers liés aux nouvelles technologiques de l’information et de la communication et les métiers verts, sont le fer de lance de l’industrie nationale, et l’occasion tant attendue pour enclencher un processus de maximisation des retombées par l’alignement des diverses approches sur le développement continu de ces secteurs d’activité. Certes, ce revirement stratégique est assimilable en tous points à celui engagé par le secteur privé de l’enseignement supérieur, à la différence que, pour le public, l’alliance avec le monde de l’entreprise se fait en amont et non en aval, tant les besoins affichés sont quasi évidents à identifier. Il a suffi que des centres de formation professionnelle soient mis en place à proximité des sites où les écosystèmes industriels sont établis pour que cette demande soit largement abreuvée.
Dans le cas de l’aéronautique, l’écosystème (porté par le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales – GIMAS) a signé un partenariat avec l’OFPPT afin de donner naissance à un institut de formation sur mesure pour la filière: l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA). Dans le cadre du pacte national pour l’émergence industrielle initié en 2009, les autorités et le GIMAS ont ainsi mis en place une stratégie industrielle aéronautique pour le pays, devant couvrir l’ensemble des besoins du secteur, qu’ils soient en industries présentes sur place, en sous-traitance, en logistique ou en formation, enjeu central conditionnant le succès de toute cette organisation. Pour rivaliser avec la Turquie ou la Tunisie et accueillir les usines des donneurs d’ordres et de leurs sous-traitants, le Maroc devait fournir en nombre le personnel qualifié. Il est vrai que le Maroc produit un nombre important d’ingénieurs spécialisés et de cadres formés pour diriger efficacement de telles structures, mais le besoin en main-d’œuvre qualifiée, techniciens et responsables de lignes de production était flagrant. Et c’est pour y remédier que l’IMA a été fondé. Situé près de l’aéroport de Casablanca, et faisant face à la zone franche Midparc, ce centre fonctionne suivant un principe simple. Il dispense des formations appliquées de six à neuf mois auprès d’un public d’un niveau bac à bac+ 2 soigneusement sélectionné (une candidature sur dix retenue) bénéficiant de périodes d’alternance et surtout d’un contrat d’embauche à la sortie. L’institut s’érige en incubateur de compétence formant 1.500 jeunes dans les métiers liés au montage des pièces en composites, la chaudronnerie, les systèmes électriques, l’électronique ou l’usinage à commande numérique, etc. Un exemple de réussite qui a été dupliqué à les autres secteurs, et pour lequel l’OFPPT s’emploie activement afin de mettre en place autant d’infrastructures que nécessaire pour couvrir les besoins de tout le pays.
L’office entend former, d’ici 2021, 140.500 élèves à ces nouveaux métiers mondiaux, qui sont appelés à se développer davantage au fur et à mesure que le Maroc prendra de l’importance et exportera son savoir-faire en la matière. Une initiative nationale qui vise la formation qualifiante de courte durée (3 à 9 mois) de 124.000 personnes devant satisfaire les besoins immédiats formulés par les entreprises positionnées sur des écosystèmes industriels. Aussi, le secteur public de l’enseignement accorde désormais une importance significative au renforcement des passerelles entre la formation professionnelle et le tissu économique, entre la formation professionnelle et l’université ainsi que le renouvellement des formations, leur diversification et leur adaptation continue à l’évolution des métiers et à leur rénovation.
C’est pour cela que la nouvelle stratégie s’appuie énormément sur l’incitation des entreprises, des associations et des groupes professionnels, appelés à dispenser des formations au sein de leur établissement. On retrouve aussi l’exploitation optimale et le soutien aux différents moyens de formation dont dispose le tissu associatif, le renforcement et l’amélioration de la formation professionnelle au niveau régional et son extension en milieu rural et dans les zones enclavées par la création d’unités mobiles, la réorganisation et la restructuration, à moyen terme, de la formation par apprentissage en vue de l’étendre au milieu rural, l’élaboration de programmes qui répondent aux besoins sectoriels en privilégiant les métiers manuels et la mise en place d’un parcours professionnel, à partir du collège, qui débouche sur des filières du secondaire qualifiant menant à l’obtention d’un baccalauréat professionnel.