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Sécurité dans le BTP : Plus de rigueur pour stopper l’hécatombe !

 

Le nombre de décès sur les chantiers du BTP dépasse deux mille annuellement. Ces chantiers déplorent aussi un nombre d’accidents très élevés par an, environ 66.000. Les initiatives des opérateurs privés et l’application des lois en vigueur doit changer  la donne.

Le chiffre est accablant : chaque année,  on déplore 2.000 morts sur les chantiers du BTP,  selon les statistiques  présentées mercredi dans le cadre du Salon Préventica, qui se tient à Casablanca du 11 au 14 avril.  Sachant que ce secteur est gangréné par l’informel, il est tout à fait logique d’avancer, sans tomber dans l’exagération, des chiffres plus élevés. En tout cas, ce ne sont pas moins de 66.000 accidents de travail qui surviennent dans les chantiers du bâtiment chaque année. Quelle en est la cause ? Réda Regragui, président de la Commission sécurité de l’association professionnelle des cimentiers (APC),  pointe du doigt le mauvais fonctionnement du système général de la Santé & sécurité au travail (SST). Pour lui, c’est la cause principale des accidents dans les chantiers.

Cette réponse cache derrière elle une multitude de causes qui expliquent pourquoi le cri d’alarme et venu des professionnels du bâtiment, eux-mêmes. «Les raisons sont multiples mais on peut les limiter à la méconnaissance des risques dans les chantiers, le manque de contrôle réglementaire, le manque de formation et la non application des règlements de sécurité. Il faut dire que nous disposons d’un savoir-faire en matière de SST mais que nous ne l’appliquons pas. Pire, les professionnels optent en majorité pour des équipements de protection de mauvaise qualité. C’est la cause directe du décès de plusieurs travailleurs»,  déclare-t-il, lors d’une conférence tenue sur le thème «Management de la SST: enjeux et engagements pour des chantiers plus sûrs».  

Mesures
Que faut-il faire donc pour que le système de SST soit efficace. Du côté de l’APC, une commission sécurité a été mise en place afin de fédérer tous les intervenants autour d’une même mission : créer une culture de sécurité dans le secteur. Pour ce faire, il est primordial, selon Regragui, d’appliquer strictement le règlement en vigueur et de répandre les bonnes pratiques en matière de SST dans tous les chantiers du bâtiment, sans exception. En outre, plusieurs collectifs privés ont été créés afin de mettre en place un système de sécurité performant.

Parmi ces initiatives, le Collectif sécurité de l’APC regroupe les grands opérateurs du BTP et plusieurs entreprises sous-traitantes. «L’objectif de ce collectif et le partage d’expérience, la mise en œuvre de mesures efficaces, la formation et la mise en place d’un module d’initiation et de sensibilisation à la sécurité», a souligné Pascale Voron, directrice marketing et communication de Tectra Maroc. En attendant que les objectifs assignés à cette commission et aux divers collectifs créés soient atteints, et que le nombre élevé d’accidents dans les chantiers baissent, le cadre législatif marocain regorge de textes de lois, dont certains sont encore en cours de promulgation et de préparation.

Législation en vigueur
La pléiade de lois en vigueur au Maroc démontre qu’un cadre législatif est bel et bien en place. Bien que certains textes de lois soient en cours de promulgation et de préparation, l’arsenal juridique existant offre un cadre réglementaire à même de limiter l’hémorragie, encore faut-il qu’il soit respecté et appliqué. «Selon la loi 65-99 relative au Code du travail et régissant tous les secteurs, l’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires afin de préserver la SST des travailleurs. Cette loi exige aussi l’information des salariés aux risques multiples, la nécessité d’avoir un service médical dans les chantiers et la définition des rôles et des missions du médecin du travail.

En outre, l’arrêté 93-08 de 2008 régit l’utilisation du matériel de premier secours dans les chantiers. Il exige aussi la nécessité de respecter les normes de sécurité, d’éclairage et d’hébergement dans les chantiers», précise Lahcen Mouaddine, directeur du service de l’hygiène et de la sécurité professionnelle du ministère de l’Emploi. Le secteur du BTP peut même s’enorgueillir d’avoir un texte de loi spécifique. Il s’agit de l’arrêté 1952 qui régit l’usage du matériel utilisé sur les chantiers comme les passerelles et les échafaudages.

Par ailleurs, ce texte de loi sera abrogé par un nouveau projet d’arrêté en cours de préparation. «Ce dernier vise à mettre à niveau de manière générale la législation relative au BTP et à la mettre en adéquation avec les législations européennes. Il comprend plusieurs nouveautés qui renforcent la protection et la préservation de la SST sur les chantiers», a déclaré Mouaddine. Quid de l’application de ces lois ? C’est une autre histoire.



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