Casablanca : Le Lido Paradise dans la ligne de mire des élus
Après l’ancien marché de gros, le Conseil de la ville de Casablanca a mis dans le collimateur le complexe touristique Paradise, exploité par Abdellilah Akram, à travers sa société Plein Ciel. La mairie s’apprête à passer à l’acte et l’ancien président du WAC n’est pas prêt de lâcher prise. Un remake de l’épisode Faouzi Chaâbi ?
La Commune urbaine de Casablanca (CUC) ne veut plus perdre de temps dans la récupération de ses biens. Quelques semaines après l’évacuation, manu militari, de l’ancien marché de gros (marché Crio, leseco.ma), le Conseil de la ville revient à la charge. Le prochain sur la liste : le complexe touristique Le Lido (Espace Paradise de la Corniche). Lors d’une réunion, tenue mardi 21 mars dernier, en présence du wali de la Région Casablanca-Settat, du maire de la ville et des membres du conseil, le dossier de la récupération de ce bien communal a été à l’ordre du jour. Abdelaziz El Omari, avait déjà annoncé, lors d’une conférence de presse, tenue le 22 février dernier, que son bureau compte désormais récupérer le complexe Paradise et la Sqalla. Le maire n’a d’ailleurs pas caché son exaspération quant au retard pris dans la récupération de ces biens. Du coup, c’est une nouvelle bataille qui s’annonce, d’autant qu’Abdelilah Akram, patron de la société Plein Ciel qui exploite le Lido, plus connu en tant qu’ancien président du Wydad Athlétique Club de Casablanca (WAC), ne veut pas lâcher prise.
Akram dégage !
Sentant le coup venir, Akram prépare, d’ores et déjà, sa défense et anticipe la suite des événements. Ainsi, il a envoyé au wali de la région une lettre, datée du 27 mars, pour le mettre en garde contre toute action visant à mettre la main sur les lieux par le Conseil de la ville. Ses arguments : les investissements consentis (plus de 51 MDH, selon une expertise réalisée par Akram) et les emplois menacés (une centaine de personnes, selon lui). «Aujourd’hui même, les salariés sont venus avec leurs familles pour défendre leur gagne-pain au cas où la commune urbaine passe à l’acte», menace-t-il. Mais, à en croire des sources au Conseil de la ville, ce sera peine perdue. Depuis la décision prise lors de la session du 31 octobre 2013, visant l’examen des contrats de loyers de biens communaux et la révision des cahiers des charges conclus avec certains promoteurs privés, rien ne semble arrêter Abdelaziz El Omari et son équipe. L’inventaire des biens communaux et leurs situations avaient révélé un constat alarmant : loyers dérisoires (et non payés dans certains cas !) ; non respect des clauses des contrats, faibles investissements engagés…Dans le cas du Lido Paradise, le complexe, qui comporte 3 piscines, 3 salles de fêtes et 27 chalets, est loué à 1,35 MDH par an. Dérisoire au vu des bénéfices que génère le site ! «Je suis prêt pour une révision à la hausse du loyer. Mais il faut qu’on se mettre à table avec la commune et qu’on discute des droits et devoirs de chacun», estime Abdellilah Akram. Mais, au-delà du loyer, c’est le contrat d’exploitation lui-même qui est remis en question.
En effet, le complexe Paradise est exploité par Plein Ciel, en vertu d’un contrat de location pour une durée de 10 ans, conclu avec la Commune urbaine d’Anfa (le bien relève de son territoire) le 16 mars 2001. Deux ans plus tard, les termes du contrat seront revus: Akram demande en effet l’extension du contrat pour une durée de… 45 ans ! La Commune urbaine d’Anfa donne son accord associé à des conditions sine qua non : injecter un investissement de 33 MDH pour l’équipement du centre ainsi que 60 MDH pour la construction d’un hôtel et un parking de deux étages. Les travaux devaient commencer en 2006 et prendre fin en mars 2011 au plus tard. Mais ce n’est qu’en novembre 2010 que Plein Ciel dépose une demande pour la réalisation des projets. Depuis, l’affaire prend une autre tournure.
L’Agence urbaine de Casablanca, à travers sa Commission des investissements, a émis en effet un avis défavorable sur le projet présenté par Plein Ciel. Motif : le contrat rectificatif prolongeant la durée du contrat n’a pas été ratifié et, du coup, il pose le problème de son effectivité car, au regard de la loi, rien ne lie les deux parties. Autre coup de théâtre : la Commission des projets de construction, relevant de l’Agence urbaine, soulève d’autres observations pour justifier sa fin de non recevoir quant au projet de l’hôtel et des parkings. Pour elle, le terrain est situé dans «un espace balnéaire dense» et dans une «bande littorale naturelle». De plus, il est «réservé au tramway». C’est dire que, de bout en bout, ce dossier a été très mal géré par les élus de la ville privant Casablanca d’une manne qui aurait pu être exploitée dans des projets de développement. Il est donc temps de rectifier le tir. Le maire avait annoncé que son bureau planche sur un nouveau cahier des charges relatif à l’exploitation du Lido. Un appel d’offres s’en suivra pour sélectionner un nouvel investisseur à même de développer le site. Espérons qu’on ne ratera pas le coche cette fois-ci !