Maroc

Investissements : Comment faire décoller la région

Brahim Khaireddine, directeur du Centre régional d’investissement

Secteurs porteurs, climat des affaires, obstacles à surmonter…Le point avec Brahim Khaireddine, directeur du Centre régional d’investissement (CRI) de la région de Marrakech-Safi.

Les Inspirations ÉCO : Quels sont les secteurs à fort potentiel dans la région ?
Brahim Khaireddine : Le développement soutenu de la Région Marrakech-Safi est l’aboutissement d’une dynamique économique où tous les secteurs d’activités ont contribué avec force. Partant du diagnostic territorial et de la contribution des secteurs économiques dans le PIB régional, le secteur agricole et agroalimentaire contribuent fortement et significativement dans la création de la richesse au niveau régional. Le secteur du tourisme renforce l’attractivité de la région de par la capacité litière (20% de la capacité nationale), du nombre annuel des nuitées et des emplois générés. On trouve aussi le commerce moderne à travers les réseaux de franchises installées sans oublier bien entendu la grande distribution. Le secteur des services est en perpétuel développement et l’artisanat fait de la région un pôle d’exportation remarquable.

Le tourisme capte la part la plus importante des investissements, faisant de l’ombre aux autres secteurs. Que faites-vous pour les booster  ?
La réponse à cette question est intimement liée à notre approche stratégique. En effet, nous travaillons en partenariat avec beaucoup d’acteurs institutionnels, publics et privés pour asseoir les meilleures orientations économiques faisant de notre région un modèle pilote de réussite. Il est évident que le développement continu que connaît le secteur du tourisme dans notre région a beaucoup d’effets d’entraînement sur les autres secteurs économiques, notamment l’artisanat et les services. C’est là où apparaît la particularité de l’identité économique de notre région qui bénéficie d’une reconnaissance mondiale de la marque «Marrakech» en tant que destination touristique de premier choix. Parlant de la vision stratégique de notre région, les acteurs institutionnels au niveau régional capitalisent aujourd’hui sur une nouvelle politique prenant en considération tous les défis imposés par un développement soutenu et équilibré de toutes les composantes de la région (Safi, Essaouira, Youssoufia, Rhamna, El Kelâa des Sraghna, Al Haouz et Chichaoua). La diversification de l’économie de la région est érigée en priorité à travers le développement de nouvelles filières économiques (énergies renouvelables, le tourisme de niche, l’artisanat d’art, l’offshoring, les métiers de la logistique, etc).

Quelle est votre stratégie pour attirer les investisseurs ?
Comme annoncé précédemment, la stratégie du Centre régional d’investissement de Marrakech-Safi «CRI» prône la concertation avec ses partenaires de différents horizons que je salue vivement au passage. Cette stratégie repose sur une politique promotionnelle et de marketing territorial. Le CRI de Marrakech-Safi fait marquer sa présence dans une série d’événements économiques ciblés pour promouvoir et marketer toutes les composantes de la région. Notre rôle fondamental étant de développer une offre territoriale sectorielle autour de chantiers stratégiques préalablement identifiés dans le cadre de notre vision pluriannuelle de développement de l’investissement territorial. Cette offre est basée sur le développement de l’entrepreneuriat, la dynamisation de la gestion déconcentrée de l’investissement, l’accompagnement personnalisé des investisseurs et la mise en place d’un processus aftercare permettant de canaliser les attentes des investisseurs et répondre à leurs besoins en plus de l’amélioration du climat des affaires dont le comité régional vient d’être réactivé et les schémas institutionnels adaptés au nouveau découpage régional.

Le grand défi pour attirer les investissements demeure la qualité des infrastructures et équipements. Que peut «vendre» la région à ce niveau et quels sont les projets en cours de réalisation ?
Effectivement, les infrastructures jouent un rôle crucial dans le fonctionnement de l’économie et renforce généralement l’attractivité de notre pays et sa capacité à attirer des investisseurs. Pour ce qui est de la Région de Marrakech-Safi, il faut souligner que celle-ci se trouve à proximité d’un marché de 10 millions de consommateurs par rapport aux régions qui lui sont limitrophes. Au niveau aéroportuaire, la région dispose de deux aéroports respectivement à Marrakech et Essaouira. L’aéroport de Marrakech dont le nouveau terminal a été inauguré par sa majesté le roi, que Dieu l’assiste, en décembre dernier a permis de doubler la capacité d’accueil, ce qui ne manquera pas de donner une nouvelle impulsion à l’attractivité de la région. La région dispose également d’une bonne connexion routière, ferroviaire et portuaire qui sera appelée à se renforcer avec la programmation du projet structurant du nouveau port de Safi au niveau de la commune d’Ouled Selmane.

Marrakech s’accapare la quasi-totalité des investissements. Comment peut-on promouvoir l’attractivité  des autres composantes de la région ?
Aujourd’hui, un territoire qui se veut attractif doit présenter une offre variée comprenant des filières sectorielles, des pôles de compétences, des sites industriels, des opportunités d’affaires. Dans cette logique, Marrakech se positionne par excellence en tant que leadership de la dynamique d’investissement que connaît la région. Grâce à une stratégie délibérée et volontariste, Marrakech a su mettre en avant ses atouts : une richesse forte en ressources naturelles ; une population de 3 millions d’habitants soit à peu près 10% de la population, un taux de chômage de 6,5% (10,8% du national), un taux d’activité de 54% ; des ressources humaines qualifiées et une infrastructure accessible. Comme annoncé précédemment, d’importants projets structurants ont vu le jour dans les autres composantes de la région mise à part Marrakech (projet industriel de l’OCP avec le programme Gantour) et d’autres sont en perspective. Tout cela pour confirmer notre vision intégrée de développement régional.

Comment comptez-vous améliorer le climat des affaires dans la région ?
La réponse à cette question vient à point nommé avec le lancement officiel du Comité régional de l’environnement des affaires dans la Région Marrakech-Safi le 31/01/2017 sous la présidence effective de monsieur le wali de la Région de Marrakech-Safi et en présence de monsieur le président du Conseil régional et plusieurs acteurs régionaux. Cette instance régionale dont le secrétariat est assuré par le CRI Marrakech-Safi qui a pour rôle fondamental de mener toutes actions visant le diagnostic stratégique territorial de la région de nature à permettre d’expliciter les problématiques et de dégager des enjeux et des orientations susceptibles d’améliorer la pratique des affaires dans la région. Cette instance composée des acteurs publics et privés au niveau régional est appelée à établir un plan d’action annuel sur des thématiques en liaison directe avec la pratique des affaires au niveau régional et devant déboucher sur la mise en place de mesures opérationnelles pour améliorer le doing business territorial.

Comment se portent les créations d’entreprises au niveau de la région et quels sont les secteurs les plus dynamiques ?
La réponse à cette question nous amène à dresser le bilan de notre organisme en se référant à l’année 2016. Nous avons pu valider un montant global des investissements de l’ordre de 67 MMDH dont 51 MMDH relevant du secteur des énergies et mines. Et c’est grâce au projet de développement industriel de l’OCP, notamment le programme portant sur l’axe Gantour-Safi que ce secteur a devancé à l’évidence des secteurs du bâtiment et du tourisme. Le secteur de l’habitat s’est placé en seconde position, suivi par le tourisme et l’industrie. En termes de répartition géographique sur les 261 projets d’investissements validés, la préfecture de Marrakech capte l’essentiel des projets, suivie des provinces d’Al Haouz et de Rhamna. Concernant les créations d’entreprises, le CRI de Marrakech-Safi a validé 4.909 demandes de créations d’entreprises au cours de l’année 2016 avec un montant d’investissements de plus de 1.542 MMDH générant près de 8.893 emplois. Dans le détail, 71,5% de ces créations sont sous forme de personnes morales et 28,5% de personnes physiques. 



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