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Pharmacies : Une grève nationale n’est pas exclue

Après le «succès» de la grève du mardi 7 mars, les pharmaciens de Casablanca semblent décidés à aller jusqu’au bout de leurs revendications. Une nouvelle grève plane à l’horizon, étendue cette fois-ci à l’échelle nationale. Un cahier revendicatif de la FNPSM, composé de 15 doléances, sera rendu public en avril prochain.

À en croire les chiffres communiqués par le bureau syndical des pharmaciens de Casablanca, le mouvement de grève, observée mardi dernier, a été une réussite quasi-totale. En effet, sur les 1.285 officines que compte la capitale économique, 98% ont débrayé pour attirer l’attention des autorités et sensibiliser l’opinion publique sur  leur secteur d’activité qu’elles qualifient « d’anarchique». Une quarantaine d’officines n’ont pas répondu à l’appel de grève. Mais face au «succès» de ce débrayage, des voix se sont élevées chez certaines associations de protection des consommateurs pour dénoncer ce mode de contestation choisi par les pharmaciens de Casablanca, eu égard à la sensibilité de leur métier.

«La grève pourra certes servir les intérêts des pharmaciens, mais ce sera au détriment des patients», peut-on lire dans le communiqué d’une association locale rappelant, à juste titre, que la santé du citoyen n’est pas un bien marchand qu’on peut soumettre à la loi de l’offre et de la demande. Parmi les reproches adressés aux pharmaciens grévistes, celle de ne pas avoir imposé un niveau suffisant de «service minimum» pour répondre aux demandes urgentes de médicaments. Contacté par Les Inspirations ÉCO, le président du bureau syndical des pharmaciens de Casablanca, Oualid Amri, nie catégoriquement ces accusations. Certaines pharmacies de garde, au nombre d’une quinzaine, se défend-il, n’ont pas participé au mouvement. «Nous avons lancé, une semaine avant, une alerte à travers les médias, tous supports confondus. Nous avons aussi porté le brassard et prévu des pancartes de comptoir afin de prévenir les patients et les inciter à s’approvisionner d’avance en médicaments, surtout ceux atteints de maladies chroniques», ajoute Amri, insistant au passage sur le rôle majeur que joue l’officine dans la société marocaine. «Pourquoi nous n’entendons pas parler de service minimum quand il s’agit d’autres grèves aussi sensibles que la nôtre», s’interroge le numéro un du syndicat des pharmaciens de Casablanca, faisant allusion à la grève des médecins qui paralyse parfois la vie des Centres hospitaliers universitaires.

Sanctions sans suite
La grève était-elle inéluctable ? À cette question, les pharmaciens répondent par l’affirmative. Les discussions sur les causes et les conséquences de «l’anarchie» du secteur ont été entamées depuis deux ans avec les ministères concernés : Santé, Intérieur et Secrétariat général du gouvernement (SGG). «Nous n’allons pas attendre la faillite de nos membres. Nous devions réagir rapidement», soutient Amri. De toutes les revendications formulées et partagées par les pharmaciens marocains, une seule semble préoccuper d’urgence les officines de la ville de Casablanca, celle liée à la non-publication, au Bulletin officiel (BO) par le SGG, des sanctions prononcées, cela fait plus de six mois, par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (ce conseil a été élu il y a un an et demi, suite à la dissolution du conseil précédent, ndlr). Sachant que ces sanctions ne peuvent être appliquées qu’une fois publiées au B.O. Au lendemain de la grève du 7 mars, les pharmaciens de Casablanca semblent décidés à aller jusqu’au bout de leurs revendications, soutenus par leurs confrères, membres de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNPSM).

À ce jour, le wali de la Région Casablanca-Settat, Khalid Safir, a été le seul à avoir réagi à l’annonce du mouvement de débrayage. «Nous nous sommes réunis lundi dernier avec le wali. Il a été à l’écoute de nos doléances et a promis de transmettre nos préoccupations aux autorités», témoigne Amri qui, cette fois-ci sous sa casquette de vice-président de la FNPSM, n’exclut pas l’organisation d’une nouvelle grève étendue à la totalité du pays. «Un nouveau cahier revendicatif composé de 15 doléances, est en cours de finalisation. Il sera rendu public en avril prochain», ajoute-t-il.


Les médecins privés appellent à la grève le 30 mars

Après les pharmaciens de Casablanca, ce sera au tour des médecins privés de manifester leur colère par voie de grève. En effet, le jeudi 30 mars est annoncé comme étant une journée nationale sans médecins privés et sans cliniques privées, annonce un communiqué conjoint du Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP) et de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP). N’omettant pas d’exprimer leur soutien aux pharmaciens grévistes, les médecins privés se disent préoccupés par «l’absence de respect de leur dignité». On retient aussi des revendications relevant de la protection sociale des professionnels de la santé, en plaidant pour la mise en place d’une assurance maladie et d’une retraite au profit des médecins et des pharmaciens. Enfin, s’agissant de l’AMO, ils réclament une refonte de la Convention nationale de 2006 qui, à leurs yeux, reste figée, sachant que la loi avait prévu sa révision tous les ans.



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