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Rabat Aménagement : Les Conseillers de la ville veulent toute la vérité sur les adjudications

Un pavé dans la mare, lancé par Omar Hyani, conseiller FGD, exigeant des explications sur les marchés octroyés à deux cadres du PAM et présidents de régions, sème la polémique. Plusieurs anomalies constatées lors de la mise en œuvre des projets, y compris des retards, des chantiers non motivés et l’uniformisation des avenues.

La réunion du Conseil de la ville de Rabat, tenue vendredi 17 février, n’a pas fini en beauté. Consacrée essentiellement à la présentation par le directeur général de la société Rabat Région Aménagement, Abderrahmane Ifrassen, de l’état d’avancement des projets, les réalisations et marchés réceptionnés, elle a débouché sur une question très embarrassante, posée par un conseiller du parti de la Fédération de la gauche démocratique (FGD). Omar Hyani, qui appartient à un «petit parti», a posé une grande question autour de plusieurs marchés, à des centaines de millions de dirhams, octroyés à deux ou trois sociétés appartenant notamment aux présidents PAM des régions de l’Oriental et de Beni Mellal.

Plusieurs autres Conseillers, durant cette réunion, ont exigé des explications de la part du DG de Rabat Aménagement et, par ricochet, de la part du wali de Rabat, Abdelouafi Laftit, en sa qualité de président du Conseil d’administration de la société Rabat Aménagement. Car l’enjeu est immense. Le budget consacré pour le programme «Rabat, ville des lumières», dont Rabat Aménagement est chargée de l’exécution, totalise 9 MMDH sur cinq ans et porte sur plusieurs projets de mise à niveau urbaine, de réaménagement de bâtiments ainsi que divers projets socioculturels. Que les Conseillers veulent toute la vérité sur les projets lancés s’explique par le fait que le Conseil de la ville participe à 30% dans le capital de Rabat Aménagement et doit débourser 710 MDH sur 5 ans pour accompagner les projets. Il s’agit donc de deniers publics qu’il va falloir bien observer. Contacté par les Inspirations ÉCO, Hyani affirme avoir deux constats. Le premier porte sur le fait que Rabat Aménagement ne publie pas en ligne, comme stipulé par la loi sur les marchés publics, les résultats et montants des marchés adjugés.

Le second constat, ajoute le Conseiller FGD, est que seules deux ou trois sociétés s’accaparent les marchés de génie civil ainsi qu’une société d’éclairage public. «Nous avons profité de la présence du DG de Rabat Aménagement pour avoir des explications, sauf qu’à notre étonnement, le président du Conseil de la ville de Rabat, Mohamed Sadiki, a refusé de lui donner la parole», ajoute Hyani. Ce dernier nous a confié que cela fait plus d’un an et demi que les Conseillers attendaient de poser toutes leurs questions. Mais ce n’est que partie remise, explique-t-on. Hyani parle, par ailleurs, de plusieurs anomalies constatées dans la mise en œuvre des projets.

À titre d’illustration, l’éclairage public a été certes réaménagé, mais ce sont des lampes classiques et non économiques qui ont été installées. L’autre exemple mis en avant par Hyani, concerne le gazonnage tous azimuts très gourmands en eau. Contactés pour avoir leurs versions des choses, les services de la wilaya nous ont expliqué que le wali était en déplacement, tandis que le DG de Rabat Aménagement était en réunion. Contacté également par les Inspirations ÉCO, Lahcen Elomrani, premier vice-président du Conseil de la ville de Rabat et président du Comité de suivi de Rabat Aménagement, s’est interrogé sur la possibilité pour le wali, en sa qualité de président du CA de Rabat Aménagement, d’effectuer la procédure de dépense. Pour lui, c’est plutôt l’entité opérationnelle de la société qui s’en occupe en principe. En tout cas, en l’absence d’explications claires et de preuves tangibles, ce dossier qui, faut-il le rappeler ne date pas d’hier, risque de faire tâche d’huile et peut-être faire même l’objet, encore une fois, d’une récupération politique. 


Les maux de Rabat

Relayés par plusieurs Conseillers de la ville, dont ceux de la Fédération de la gauche démocratique, les habitants de Rabat n’ont eu de cesse de pointer du doigt certains projets d’aménagement qui traînent ou sont mal réalisés. Si l’on se réfère à la page Facebook de la FGD, on trouve une ribambelle d’exemples dans ce sens. Ainsi, le 30 décembre 2016, les Conseillers communaux de la FGD avaient adressé une lettre au président du Conseil portant des griefs sur l’absence de communication sur les projets et leur priorité pour la population, sur le retard constaté dans l’exécution de certains projets d’aménagement, ainsi que sur la non-publication des résultats de certains marchés. D’autres reproches portent sur la mobilisation de 60 MDH pour l’avenue Annakhil, alors qu’il n’a pas besoin de réfection, explique-t-on en soulignant que d’autres quartiers, comme Youssoufia, en ont vraiment besoin. À Hay Riad, l’on reproche le renouvellement des trottoirs des ruelles du quartier, sachant qu’ils ne présentent pas de détérioration. Enfin, on critique l’uniformisation des avenues de la ville sans prendre en compte ses spécificités, plantant ainsi des palmiers qui n’offrent pas d’ombre et souvent débordent sur la chaussée. 



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