Formation du gouvernement : Benkirane se fixe un ultimatum
Le chef du gouvernement désigné veut une réponse claire et nette des autres partis impliqués dans les pourparlers pour former la nouvelle majorité avant la fin de la tournée africaine du souverain.
«Nous vivons une situation surréaliste et insensée et il faut que nous assumions notre responsabilité historique». C’est ainsi que le chef du gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, a qualifié l’état des lieux des pourparlers autour de la formation du nouveau gouvernement. S’exprimant samedi dernier lors de la session ordinaire du Comité central de la jeunesse du parti, Benkirane a répondu aux multiples questions que se posent les membres du parti vainqueur des législatives de 2016 à propos des mesures projetées pour mettre un terme au blocage rencontré jusqu’à présent. «Qu’on soit modéré ou pas, on ne peut pas accepter l’état actuel des choses, sinon on sera obligé de réviser tout ce que nous faisons», a noté Benkirane devant les jeunes militants du parti. Le ton adopté par le leader du PJD devant la jeune élite du parti était manifestement différent de celui adopté lors de sa participation aux travaux du bras syndical du parti, l’UNTM, dans son souci d’exprimer sa grande inquiétude envers le rallongement sans fin des négociations.
Deux pistes qui ne sont plus à exclure
Pour donner plus de visibilité sur la prochaine étape des négociations, le chef du gouvernement désigné a voulu être très clair en indiquant deux options qui sont à la portée du parti. Il s’agit d’abord de passer à l’opposition, même si «le naturel est que nous formons le gouvernement, mais s’ils trouvent une autre issue, on pourrait passer à l’opposition», a-t-il laissé entendre au cours de cette réunion qui est intervenue une semaine après le Conseil national du parti. La 2e option est celle d’organiser de nouvelles élections. «La scène politique actuelle ne peut durer de manière indéfinie, il faut une solution et elle pourrait consister à refaire les élections, et nous avons dit que nous ne voulions pas les refaire», a noté Benkirane à propos des pistes, lesquelles commencent à avoir plus de consistance durant cette étape de gel des pourparlers avec la coalition des 4 partis regroupés autour du RNI.
Au sein du parti de la lampe, l’élection du président de la Chambre des représentants n’a pas permis aux négociations d’avancer comme attendu, surtout que «la présidence par l’USFP de la 1re Chambre n’est pas synonyme de son entrée au gouvernement». Si l’USFP est pointée directement du doigt comme étant à l’origine du blocage, aucune réaction n’a été affichée à propos de la place de l’UC, qui s’est allié au RNI. Si le délai des tractations autour de la formation de la nouvelle alliance gouvernementale commence à peser lourdement sur le capital patience du parti chargé de mener les concertations, les autres composantes ne semblent pas encore mesurer l’ampleur de la déception ressentie actuellement par le chef du gouvernement désigné, qui l’a amené à brandir l’arme du retour à la case départ. Sans parler directement du «malaise» qui a été engendré par l’alliance entre le RNI et l’UC, le parti de la lampe veut surtout rappeler sa position relative à la volonté de reconduire l’alliance du gouvernement sortant.
À l’étape actuelle des pourparlers, les déclarations de bonne foi qui ont été relatées ne semblent plus suffisantes pour faire avancer les débats, ce qui a poussé le chef du gouvernement désigné à fixer «un ultimatum», en affirmant qu’il ne pourra dépasser le délai qui le sépare du retour du roi de sa tournée africaine. La réintégration du Maroc dans la famille africaine devrait être un accélérateur pour la formation du nouveau gouvernement, selon les composantes du PJD. La composition de la 1ère Chambre dans un climat de concertation devra être formulée.
Enfin, la sortie du PJD renvoie la balle dans le camp du RNI et de ses alliés, notamment après l’épisode de l’élection de la présidence du Parlement, qui a été interprété comme étant un exemple à suivre pour aboutir à un compromis définitif.
Aucune alternative n’est proposée
Le blocage qui a atteint son paroxysme durant cette dernière semaine du mois de février pourrait amener les interlocuteurs du PJD à adopter une position qui permette de désamorcer la crise de confiance qui perdure. Le ton agressif adopté par le PJD pour exprimer sa désapprobation envers le comportement de l’USFP, et à un degré moindre le RNI, n’a pas été accompagné d’une nouvelle «offre» en vue d’accélérer les concertations durant cette fin de semaine. Le parti de la lampe entend amener l’USFP et le RNI à tenir une réunion tripartite avec le chef du gouvernement désigné afin d’offrir une dernière chance à la formation de la nouvelle alliance. Le PPS, l’allié originel du PJD, est la seule formation avec le PJD qui pense que la prééminence de la Constitution est une ligne rouge et la seule alternative apte à faire bouger les concertations autour de la formation de la nouvelle majorité. Ce qui est sûr, c’est qu’une énième prolongation ne sera plus possible pour le PJD à qui incombe la responsabilité de proclamer les résultats définitifs des concertations.