Réfugiés au Maroc : Le HCR donne la parole à plusieurs nationalités
Il s’agit d’«Histoires sans visas», une expérience menée en collaboration avec l’EGE et l’Université Hacettepe d’Ankara. Les différentes représentations des agences de l’ONU s’ouvrent à la presse à travers des rendez-vous mensuels.
Les agences relevant des Nations Unies, représentées au Maroc, adoptent une nouvelle stratégie de communication basée sur l’ouverture sur la presse. Dans un temps où le rôle et la vocation même de l’ONU font l’objet de critiques voire de doutes, le temps est venu de mieux mettre en avant les efforts fournis. Au Maroc, le Centre d’information des Nations Unies (NU) a organisé, mercredi dernier, une rencontre à Rabat avec les représentants de la presse. Un rendez-vous qui s’installera dans la durée, une fois par mois. Pour Philippe Poinsot, coordonnateur des Nations Unies et représentant du PNUD à Rabat, il s’agit de mieux communiquer sur le rôle du système des nations au Maroc en rapport avec la mise en œuvre des 17 objectifs du développement durable à l’horizon 2030. Cette ouverture s’inscrit également, comme l’a expliqué Fethi Debbabi, directeur du centre d’information des NU à Rabat, en droite ligne de la nouvelle stratégie mise en place par le nouveau secrétaire de l’ONU, le Portugais António Guterres. Ce dernier met l’accent sur la prévention des conflits pour agir en amont et non après coup avec tout ce que les missions de maintien de la paix coûtent comme argent et mobilisation de personnel. Ces missions absorbent en fait 70% du budget de l’ONU qui vient de lancer un appel de fonds de 2,1 milliards de dollars pour venir en aide à 12 millions de Yéménites menacés de famine. Dans ce contexte mondial incertain, les femmes sont particulèrement vulnérables.
Leila Rhiwi, représentante du Bureau ONU Femmes Maghreb, basé à Rabat, a mis l’accent sur l’opportunité que représente la 61e session de la Commission de la condition de la femme qui aura lieu du 13 au 24 mars à New York et à laquelle le Maroc participera. Une session qui jettera toute la lumière sur les moyens d’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution. Selon Rhiwi, il y a un écart de revenus entre hommes et femmes dans le monde de 23%, dans un temps où le travail domestique ou non rémunéré des femmes représentent entre 10 et 39% du PIB selon le pays. Pour remédier à cette situation discriminatoire envers la femme et les jeunes filles en particulier, le Maroc a adopté la loi sur le travail domestique.
Le ministère de l’Économie et des finances s’est également engagé dans un chantier prometteur de budgétisation sensible au genre. Une réunion dans ce sens a eu lieu en début de semaine avec la représentante d’ONU femmes. Autre moment fort de cette réunion de partage, celui où Jean-Paul Cavaliéri, représentant du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, a annoncé un événement pour le moins novateur. Au lendemain de la journée mondiale des femmes, le HCR organise à l’École de gouvernance et d’économie à Rabat, en collaboration avec l’Université Hacettepe d’Ankara, «Histoires sans visas». Ce sont des récits digitaux qui permettront de découvrir les expériences de huit réfugiés d’origines diverses vivant au Maroc. Interrogé, Cavaliéri explique que cette expérience de partage permet de briser les stéréotypes pour montrer que les réfugiés peuvent devenir autonomes dans un pays comme le Maroc. L’usage des moyens de communication pour faire parvenir au grand public leurs expériences est en soi un outil précieux d’intégration et d’acquisition de savoir-faire. Au Maroc, sur les 6.874 personnes sous le mandat du HCR, 4.977 réfugiés sont en besoin de protection internationale et 1.897 sont demandeurs d’asile.
L’Unesco au chevet des analphabètes au Maroc
Philippe Maalouf, responsable du programme éducation au sein du bureau multipays de l’UNESCO à Rabat est très à cheval concernant la lutte contre l’analphabétisme. Mardi dernier, l’Unesco et l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme ont signé un accord cadre pour joindre leurs efforts contre ce fléau. Selon Maalouf, cet accord porte notamment sur la création d’un centre d’expertise et des ressources humaines pour accompagner les efforts du Maroc dans le domaine. Le responsable a mis particulièrement l’accent sur l’accompagnement régional dans la mesure où les responsables locaux et régionaux sont mieux au fait des besoins de leurs régions. Aujourd’hui, le taux d’analphabétisme au Maroc est de 32% avec des pics qui dépassent largement ce taux dans les zones éloignées, mais le constat de Maalouf est surprenant car l’on constate à travers le monde une réapparition de l’analphabétisme à cause notamment des conditions de vie, des conflits et de la suprématie rampante du web et de la communication digitalisée. C’est une première expérience menée par l’Unesco au Maroc et qu’il compte exporter une fois que les premiers résultats se montreront probants.