Les vagues du cœur

Un projet de cœur à corps et âme, voilà comment on pourrait résumer l’aventure dans laquelle Ismail Benlamlih s’est lancé il y a quelques années. Il a décidé d’allier sa passion pour le surf et le yoga et son besoin d’aider l’autre. «Fine Ismail ?» est un documentaire à travers les rencontres, les paysages et les vagues. C’est surtout un appel aux dons pour aider l’Afrique à ne plus manquer d’eau potable. Rencontre avec un surfeur au grand cœur.
Qui a dit que les surfeurs étaient des blonds bodybuildés et superficiels ? Ismail Benlamlih prouve qu’il n’y a pas que la quête de la vague parfaite puisqu’il apporte avec lui une vague d’espoir à chacun de ses passages. Le Maroc qui a sillonné les quatre coins du monde grâce à sa discipline, a été confronté aux difficultés que vivent certaines régions de nos jours. Il a décidé de ne plus être spectateur, il a décidé d’agir ! «Ma quête de la vague parfaite et vierge m’a emmené dans les contrées les plus éloignées souvent au fin fond de la jungle où j’ai rencontré des gens à qui je pouvais venir en aide», confie le surfeur qui part du constat que le problème numéro 1 en Afrique est la manque d’accès à l’eau potable. «J’ai donc lancé un appel aux dons à travers la communauté de surfeurs que j’ai rencontrée un peu partout. Des filtres à eau ont été acheté d’Europe, d’Amérique, d’Australie et du Maroc et m’ont été envoyés», continue celui qui n’a pas hésité à emballer ses planches et le matériel reçu pour aller aider son prochain. «Le Liberia est la destination qui m’a le plus touché, j’ai dû prendre un vol d’Abidjan vers Monrovia vu que les frontières étaient fermées à cause d’Ébola. Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre et tout ce que je pouvais trouver sur le net faisait peur».
En effet, entre rumeurs de cannibalisme, maladies et guerre civile, Ismail prend son courage à deux mains et ne se décourage pas : «Je me suis senti assez privilégié de pouvoir m’y rendre, le tourisme y est inexistant et il n’y a que quelques fenêtres pour visiter le pays entre épidémie et guerre. Ce qui m’a touché, c’est que malgré la difficulté, les gens sont heureux et joyeux, ils dansent et font la fête comme si de rien n’était», confie le bon samaritain marocain qui a tout simplement voulu aller vers l’autre, sans peur ni préjugés. 60 heures de bus de Dakar à Abidjan en passant par le Mali, il a mangé, dormi avec l’habitant, a côtoyé les gens tout en les aidant à améliorer leur quotidien.
Ismail a même été hospitalisé à plusieurs reprises suite au paludisme et à l’hépatite mais cela ne l’a pas freiné. Son objectif était clair ! «Le surf a vraiment changé ma vision de la vie, c’est plus une activité spirituelle qu’un sport, un peu comme le yoga, parce que les trois quarts du temps, on rame, on médite, on s’émerveille de ce qui nous entoure, on discute avec les gens qui partagent notre passion et on voit comment ça change les esprits», continue Ismail qui donne l’exemple comme d’ex-enfants soldats qui se sont mis à la pratique du surf au Libéria. «Le surf est venu dans ma vie pendant l’adolescence à un moment où je déraillais un peu, il a canalisé mon énergie et m’a donné l’envie de m’entraîner pour devenir un meilleur surfeur mais aussi un meilleur être humain. La pratique du yoga m’a beaucoup aidé, je me suis accepté comme je suis en essayant de faire de meilleurs choix dans ma vie».
Avec ce projet, Ismail Benlamlih a prouvé qu’il a fait les meilleurs choix dans sa vie en rendant la vie de ceux qui n’ont pas eu sa chance, meilleure. «En tant que Marocain, on perd un peu notre identité en essayant de ressembler aux Européens ou autre, on oublie qu’on vit sur un continent riche en couleurs, en vitalité et en savoir. On peut s’entraider entre Africains, on n’a pas besoin d’être riche pour donner. Il suffit d’avoir un peu de temps pour partager sa passion».