Le zéro plastique dans les décharges arrive !
Pour démarrer les activités de leur écosystème, dédié au recyclage et à la valorisation des déchets en matière plastique, les plasturgistes comptent sur l’écotaxe plastique mise en place par le département de Hakima El Haïté. Les détails.
à l’occasion de la COP22, où le zéro mika était déjà entré dans les mœurs pratiquement sur tout le territoire national, les plasturgistes «revigorés» par cette belle réussite, sont revenus à la charge pour promettre, cette fois-ci, une mesure proactive qu’ils entendent mettre en œuvre très prochainement, c’est-à-dire faire du zéro déchet en plastique dans les décharges, à l’horizon 2022. Le challenge est conjointement porté par la Fédération marocaine de plasturgie (FMP) et son écosystème dédié, en l’occurrence l’Écosystème recyclage et valorisation des déchets en matière plastique (AMRP). Il va consister à structurer la filière à travers six (6) leviers. Dans le premier, les plasturgistes veulent créer des unités de collecte et de pré-tri, gérées par des chiffonniers reconvertis en auto-entrepreneurs.
Pour ce faire, ils comptent sur la mise en place d’une prime d’incitation à la collecte et au tri, et leur objectif, à travers ce dispositif, est de créer 18.170 emplois. Secundo, les professionnels entendent créer un lien direct entre les collecteurs et les recycleurs, notamment pour supprimer les intermédiaires informels. Tertio, l’écosystème va travailler avec des recycleurs labellisés à qui il va attribuer deux sortes de primes : une prime à la production et une prime de soutien à l’investissement, pour leur permettre de recycler, avec une parfaite traçabilité, des intrants et en conformité avec les exigences techniques du client plasturgiste.
Ce 3e levier permettra la création de 6.600 emplois. Au niveau du quatrième levier, l’écosystème s’emploiera à pousser les transformateurs formels à aller vers la valorisation du recyclé, à travers une prime au sourcing en matières recyclées. À signaler qu’à cette étape, où la substitution aux importations actuelles sera effective, les industriels commenceront à engranger d’importants gains en compétitivité et pourront même envisager d’élargir leurs gammes de produits finis, grâce à la disponibilité d’une matière première bon marché (environ 40% moins chère qu’à l’importation). Dans le cinquième et avant-dernier levier de l’écosystème, les plasturgistes essaieront de mieux organiser l’aval de leur filière, notamment en rehaussant davantage le niveau de maîtrise des risques sanitaires et environnementaux que le client final peut encourir. Enfin, dans le sixième et dernier levier, c’est-à-dire la génération des déchets, les plasturgistes envisagent de mettre à contribution les utilisateurs finaux pour développer ensemble des pistes de gestion structurée des déchets.
Pour mettre en branle leur écosystème et financer les différentes primes promises dès son démarrage, les plasturgistes comptent sur l’écotaxe plastique (1,5% ad valorem sur la vente, sortie usine et à l’importation des matières plastiques et les ouvrages en ces matières) mise en place par le département de Hakima El Haïté. Pour Monsif Charai, président de l’AMRP et ses collègues qui trouvent l’attente longue et pénible, «cette écotaxe nous revient exclusivement de plein droit», (Voir Avis d’expert ci-contre).
Monsif Charal
Président de l’Association marocaine de recyclage et de valorisation des déchets plastiques
Les Inspirations ÉCO : Comment voyez-vous l’institutionnalisation de l’écotaxe sur le plastique ?
Monsif Charal : Sur le principe, c’est une bonne initiative futuriste pour la préservation de l’environnement et qui dénote de l’engagement que la profession de la plasturgie a toujours tenu à respecter. Malheureusement dans la pratique, le fonds alimenté par cette écotaxe n’a pas bénéficié au recyclage et à la valorisation des déchets plastiques pour la création d’une économie circulaire à même d’améliorer la compétitivité du secteur de la plasturgie.
Pensez-vous que cette écotaxe doit exclusivement revenir aux plasturgistes qui font du recyclage ?
Oui. C’était bien l’objet de cette écotaxe et rien d’autre.
Avez-vous eu d’autres sources de financement de vos activités de recyclage et de valorisation y compris à travers la COP22 ?
Effectivement, nous avons eu beaucoup de contacts à Marrakech avec plusieurs organismes et actuellement nous avons grand espoir que ces différents contacts déboucheront prochainement sur des financements de notre activité.