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SIAL Abu Dhabi : Le terroir à l’heure de la montée en gamme

Cheikh Nahyan bin Mubarak Al Nahyan, ministre de la Culture et du développement de la société des E.A.U, en visite au pavillon marocain, reçoit des explications de la part de Mohamed Ait Ouali, ambassadeur du Maroc aux E.A.U et de Mohamed El Guerrouj, dg de l’ADA.

La participation aux salons internationaux est une opportunité pour les producteurs, surtout les plus petits d’entre eux, pour accéder aux marchés mondiaux. Or, les filières du terroir doivent encore relever le défi de la commercialisation, la normalisation et de la concurrence. L’arsenal administratif mis en place pour réguler la participation aux salons sera-t-il suffisant pour protéger ces filières ?

On peut aisément le constater. Les produits marocains du terroir suscitent l’engouement dans les salons mondiaux. Encore faut-il que des produits aussi authentiques que le safran, l’argan ou les figues de barbarie et leurs produits dérivés, arrivent aux consommateurs finaux ! C’est tout l’intérêt des salons internationaux professionnels qui permettent un contact direct avec des importateurs. Au cours du SIAL Middle East (Salon international de l’alimentation) qui s’est déroulé du 5 au 7 décembre à Abu Dhabi, plusieurs coopératives et groupements d’intérêt économique ont fait le déplacement pour décrocher du business sur le marché du Golfe. Quid des retombées ? «C’est un peu tôt pour le savoir», estime Mohamed Belhoussine, président du GIE Dar Azaâfaran. Néanmoins, ce salon B2B par excellence a permis à plusieurs producteurs, et surtout les petits agriculteurs, regroupés en coopératives et groupements, de faire connaître leurs produits, mettre en valeur leurs atouts et remplir leurs carnets d’adresses, en attendant le retour au Maroc pour relancer les clients potentiels. De manière générale, les salons B2B sont suivis par des commandes lesquelles représentent une petite partie du nombre global des contacts pris. Ce pourcentage infime varie selon les exposants mais ne constitue, en aucun cas, une particularité des produits du terroir. Loin s’en faut, il s’agit d’une constante dans les événements de ce genre.

Authenticité et diversité
Dattes «Majhoule», produits cosmétiques à base d’argan ou de figues de barbarie, henné, safran de Taliouine, amandes ou miel… Les produits marocains du terroir sont aussi originaux que diversifiés. Or, cela n’est pas suffisant pour cibler certains marchés réputés pour leur niveau de qualité élevé. De ce point de vue, le travail est en cours pour aligner ces produits avec les normes internationales. Car, en principe, il ne s’agit pas uniquement de Core Product (produit principal) mais aussi de packaging, de labellisation, de diversification, d’optimisation et de valorisation. En gros, il est question de mise en valeur nécessaire pour se hisser au niveau d’exigence de certains marchés, comme l’Europe ou le Moyen-Orient. En ce qui concerne ce dernier, il est aisé de constater que le produit principal marocain plaît. Dans un marché réputé globalement pour ses prix élevés, cela n’est pas suffisant, car le volet esthétique compte énormément. Et qui dit forme, dit packaging et coûts supplémentaires pour les agriculteurs, surtout pour les plus petits parmi eux. Cela est d’autant plus pertinent que les clients B2B prennent, évidemment, en compte leur marge de gain. Selon Kaltouma Achahour, directeur général de Saharacactus, unité de conditionnement et de transformation de cactus et présidente du GIE Sobbar Ait Baâmrane, «Nous sommes prêts, en tant que producteurs à baisser le prix et c’est logique. Les clients internationaux font de grandes commandes. Il est donc normal que nous baissions les prix surtout quand il s’agit de marchandise vendue en vrac. Quand il s’agit de produits emballés, le prix est certainement un peu plus élevé».

Concernant les figues de barbarie, le vrac ne concerne pas uniquement le fruit. Il s’agit surtout des grains et des fleurs exportés après cueillette et transformation pour être utilisés comme matière première dans la fabrication de produits dérivés. Dans le cas de la transformation en huile, c’est une toute autre histoire. «Nous avons besoin de 800 kilos de figues pour extraire un seul litre. Je vous laisse imaginer l’ampleur du travail nécessaire pour le faire et les coûts que cela engendre», déclare Achahour. Cela ne concerne pas uniquement la filière des figues de barbarie. À titre d’exemple, la grande concurrence des pays du pourtour méditerranéen constitue un point commun entre les deux filières d’huile d’olive et des dattes. La qualité des produits issus de ces pays est tellement élevée qu’il est difficile d’y pénétrer. Est-ce pour autant vain de tenter l’aventure ? À long terme, pas vraiment, pensent les producteurs, à condition de doter des moyens nécessaires. Là est la question !

Produits du terroir, les clés du succès ?
La visibilité, la prise en compte des normes en vigueur et le contrôle font partie des critères de réussite les plus importants des produits du terroir. À l’heure où la mue du secteur est à sa genèse, les petits agriculteurs sont confrontés à plusieurs défis et sont, aussi, en proie aux intermédiaires avides de gain facile. Dans certains salons au Maroc, la porte n’est même pas ouverte aux coopératives. En quelques sortes, cela sape le travail réalisé par les autorités et enfreint la bonne marche de la stratégie élaborée en amont. Afin de garder en ligne de mire les objectifs fixés dans le cadre du Plan Maroc Vert, l’accès aux salons, moyen principal de notoriété locale et internationale des produits du terroir, est conditionné par la présentation de plusieurs documents officiels. «Effectivement, nous exigeons les autorisations des délégués régionaux de l’ADA, les autorisations de l’ONSSA et celles des autorités régionales locales.

Cela nous permet de barrer la route aux intermédiaires qui se procurent la marchandise et la commercialisent dans les salons en tant que producteurs ou membres de coopératives», précise Mohamed El Guerrouj, directeur général de l’Agence de développement agricole. En théorie, ces mesures ont été prises pour protéger les petits agriculteurs. À titre d’exemple, dans la filière de l’argan, un manque de contrôle quelconque est capable de briser la chaîne de traçabilité de la production et d’ouvrir la voie à l’écoulement de produits ne répondant pas aux exigences nationales et internationales. En tout cas, l’arsenal juridique est en place, bien que la démarche officielle adoptée pour l’application de loi puisse être qualifiée de flexible. Ainsi, même dans les cas où les producteurs ne disposent pas de dossiers complets, l’accompagnement des organismes compétents, en amont et en aval de la production, permet en principe de reconnaître les agriculteurs et d’évincer les intermédiaires. C’est en gros le salut du terroir.



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