Alphabétisation : Des assises en mars 2017
L’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme veut accélérer le rythme des inscrits dans les programmes de lutte contre l’analphabétisme pour atteindre 1,2 million de bénéficiaires par an d’ici 2024. Outre un statut encore fragile pour les associations partenaires, les assises devront tracer une feuille de route claire face à l’inégalité régionale de répartition des contingents d’analphabètes.
L’indicateur qui continue de tirer le classement du Maroc vers le bas dans l’indice du développement humain, qui est le taux d’analphabétisme, incite l’État à programmer des assises en mars 2017 en vue d’agréger les efforts pour pouvoir s’attaquer aux zones les plus reproductives de la déperdition scolaire et celles ou le système n’arrive pas encore à percer. L’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme annonce en effet que des assises nationales seront tenues en mars 2017, tel que cela découle de la vision 2015-2030. L’agence a cru bon donc de tenir ces assises «conformément à une vision qui relie la lutte contre l’analphabétisme à la refonte du système de l’éducation et de la formation et aux projets du développement humain et de la lutte contre la pauvreté».
Cette nouvelle optique qui devra être entérinée par le nouveau programme quinquennal du prochain gouvernement a été décidée en fonction des résultats obtenus jusqu’à présent. Selon les données de l’agence nationale, le taux d’analphabétisme est de 32% chez les 10 ans et plus, soit 8,6 millions d’analphabètes. À cela s’ajoute le fait que d’importantes disparités selon le genre persistent, avec 42% de femmes et 48% d’analphabètes qui habitent dans le rural. Les disparités régionales restent également flagrantes et devront figurer en tête de l’ordre du jour des assises prévues à la fin du premier trimestre de 2017. Sur ce volet, l’agence constate que «le taux d’analphabétisme dans certaines régions dépasse la moyenne nationale de 6 points et que l’alphabétisation est l’un des principaux moteurs de développement durable. Le Maroc prend désormais la lutte contre l’analphabétisme comme une priorité nationale après celle de son intégrité territoriale», selon l’agence nationale. Avant les assises, ladite agence annonce surtout que l’objectif demeure l’accélération du rythme des inscriptions pour atteindre 1,2 million de bénéficiaires par an d’ici 2024 avant de pouvoir atteindre le seuil de 5% d’analphabètes d’ici la même date.
Une école de la 2e chance
Cet axe important reste la seule issue pour les enfants non scolarisés ou ceux déscolarisés de moins de 16 ans. La nouvelle génération de ce projet devra faciliter l’insertion au sein des filières d’initiation à la formation professionnelle, tout en diversifiant l’offre éducative jusqu’à l’âge de 20 ans. La typologie des enfants cibles montre que les catégories ciblées sont surtout en situation de travail ou issues des localités enclavées.
Les nouvelles mesures devront permettre une éducation de base de 1 à 3 ans, selon le profil d’insertion souhaité. Les assises prévues du 20 au 21 mars visent à assurer une scolarité pour les enfants de 8 à 11 ans, ainsi qu’une mise à niveau éducative couplée avec une préprofessionnalisation pour les enfants de 12 à 15 ans. L’orientation vers l’insertion dans la formation professionnelle sera quant à elle adressée à la tranche d’âge des 15-20 ans. Un cycle national «Istidrak» sera pour sa part assuré au sein des écoles publiques «pour une rescolarisation rapide des enfants en rupture de scolarité et une intervention dans les écoles afin de limiter le risque de rupture suite au manque d’enseignants», comme l’indique le projet de rapport de performances 2016 qui a été préparé par le gouvernement. Il est à noter que le volet relatif au financement de ce programme reste handicapé par la lourdeur des procédures avec un retard des décaissements des tranches de la subvention dans les délais prévus, sans oublier l’absence de certification des acquis des élèves.
Un statut encore fragile pour les associations partenaires
La redynamisation du système d’alphabétisation et d’éducation non formelle, qui est un indicateur phare de l’indice du développement humain (IDH), s’articulera autour des compétences de base. Ce sont essentiellement l’absence de mécanisme de l’émergence de la demande et les difficultés de l’intégration des bénéficiaires qui devront focaliser l’attention, à côté d’une plus grande convergence des programmes visant les tranches d’âges ciblées. Pour leur part, les contraintes de l’école de la 2e chance se situent toujours au niveau de la dispersion géographique et l’hétérogénéité de la population cible, ainsi que l’incapacité des associations partenaires à mobiliser des fonds pour compléter les subventions. Selon le projet de rapport de performances de l’année 2016 du département de tutelle, l’insuffisance des capacités pédagogiques et managériales des intervenants reste pesante, accompagnée d’une «fragilité du statut des animateurs et un fort turn-over», comme l’indique ledit rapport.