Campagne agricole : Encore un mois pour sauver la mise
Les producteurs de fruits et légumes sont optimistes, mais se plaignent du coût des intrants qui augmente de plus en plus. Ce qui explique la cherté des prix des produits agricoles.
Les récentes pluies qui se sont abattues sur plusieurs régions du pays ont certes apportés leur lot de désagréments en liaison avec une infrastructure défaillante, principalement à Tanger, mais elles ont été accueillies différemment par les agriculteurs et les professionnels. Certes, le retard accumulé jusqu’ici augurait d’une campagne agricole faite de vaches maigres. D’ailleurs les précisions officielles allaient dans ce sens là, mais il y a toujours du bénéfice à tirer de pluies tardives à condition de savoir en profiter. Contacté par Les Inspirations ÉCO, Lahoucine Adardour, président de l’Association marocaine des producteurs exportateurs de fruits et légumes, est optimiste. Pour lui, il reste encore un mois pour que les agriculteurs puissent profiter des précipitations.
En effet, les températures n’ayant pas encore atteint leur niveau le plus bas, les cultures maraîchères ont une bonne chance de tirer leur épingle du jeu. S’ajoute à cela le grand apport que ces pluies vont avoir pour les nappes phréatiques qui dans une région comme le Souss ont beaucoup perdu de leur stock en eau. Tout donc n’est pas perdu, si l’on en croit les explications de plusieurs professionnels. Les cultures vivrières trouveront aussi leur compte dans ces pluies, réduisant ainsi l’impact probable d’une année difficile. Néanmoins, il y a un facteur qui a pris de l’ampleur ces derniers temps, à savoir la cherté des fruits et légumes et leur chapelet d’augmentations, d’autre part, sur les produits alimentaires de manière générale.
D’ailleurs, la dernière enquête du HCP auprès des ménages a relevé cette contrainte de plus en plus pesante sur les bourses des Marocains. À telle enseigne que ses répercussions sur l’épargne deviennent préoccupantes. Toutefois, les professionnels font peu ou prou de lien entre la campagne agricole et la cherté des produits sur les étalages des marchés. Pour Adardour, la cherté s’explique avant tout par un déséquilibre entre le coût de production et les prix de vente au consommateur final. Un phénomène exacerbé par la multiplication des intermédiaires. «Chaque année, le coût des intrants augmente de 20% pour les producteurs, si l’on compte aussi les prix de plus en plus hauts de l’électricité et du gasoil», explique notre source. Quant à l’agriculteur qui constitue le premier bout de la chaîne, il gagne à peine 30% du prix final de vente.
L’autre facteur à l’origine de la cherté des prix a trait à l’absence d’organisation des marchés basés essentiellement sur le vrac. Ce qui floue toute tentative de connaissance de la structure ou encore de l’évolution des prix. Quelle est donc la solution pour remédier à cette envolée des prix qui semble aller crescendo ? La proposition de permettre aux producteurs d’avoir leurs plateformes revient en force. C’est l’unique solution admet-on pour se rapprocher du consommateur et permettre ainsi une maîtrise des prix. Toutefois, pour avoir un marché intérieur avec une bonne présence de l’amont, c’est la croix et la bannière.
Pour les producteurs, il y a au moins quatre ministères qui agissent dans le secteur. Pour avoir toutes les autorisations, il faut avoir beaucoup de patience. Ce qui n’est toujours pas le cas. Quant aux marchés extérieurs, la crise n’a pas encore fini d’amenuiser les marges des producteurs-exportateurs. Ces derniers cherchent aujourd’hui à diversifier leurs débouchés car les centrales d’achat historiques dans toute l’Europe sont en train de revoir à la baisse leurs commandes. En effet, certaines commandes ont baissé de 70% dans un temps où les producteurs ont désespérément besoin de rentabiliser des dépenses de plus en plus contraignantes.