MedCOP Climat, la Méditerranée parle d’une seule voix à Marrakech
Le partage d’expériences entre les territoires de la Méditerranée, l’accélération de la mise en œuvre de projets concrets, la généralisation de certaines pratiques déjà engagées, le renforcement des rôles des régions dans la lutte contre le changement climatique et la mobilisation des financements sont autant d’objectifs fixés par la MedCOP Climat à Marrakech. Point «chaud» du dérèglement climatique, la Méditerranée fait entendre sa voix à Marrakech sur la nécessité de mener des actions collectives pour faire face aux problèmes climatiques communs. C’est dans ce cadre qu’agit la MedCOP Climat qui s’adresse aux petites coalitions très opérationnelles en vue de concrétiser des projets concrets à court terme et favoriser l’échange des expériences.
En tant que voix climatique de la Méditerranée, la MedCOP Climat jette la lumière sur la spécificité méditerranéenne et revendique la nécessité de considérer la Mare Nostrum comme un ensemble aussi bien dans l’action que dans l’analyse. Chaque expérience réussie d’un territoire ou d’une région donnée pourrait être intéressante à dupliquer en vue de lutter contre les dérèglements climatiques qui s’accélèrent. Les solutions existent, encore faut-il avoir les moyens pour les mettre en œuvre. Le financement arrive en tête pour pouvoir concrétiser les objectifs de développement durable en Méditerranée pour les acteurs aussi bien non-étatiques qu’étatiques. Le plan d’action MedCOP Finance devra présenter un tour d’horizon et des propositions d’actions communes. Il devra être présenté en 2017, lors du prochain forum méditerranéen, avec «un exercice d’intelligence collective qui devra faire émerger de nouvelles coalitions et de nouveaux engagements pour soutenir tous les projets, y compris les plus petits».
La MedCOP Climat relève l’impératif de promouvoir les capacités d’innovation des acteurs de la société civile et les dynamiques entrepreneuriales. Il s’agit de créer un espace d’initiatives pour une économie verte et une société décarbonisée. À cela s’ajoute la nécessité de créer une banque verte de la jeunesse en vue de soutenir les jeunes entrepreneurs. Pour y arriver, un travail de collaboration devra être lancé entre les jeunes désireux de devenir entrepreneurs sociaux et les grandes institutions financières : banques islamiques, fonds souverains, banques européennes publiques et privées, banques arabes, fondations européennes, réseaux d’investisseurs, associations des jeunes… La concrétisation des objectifs fixés passe aussi par la promotion des compétences vertes en développant des actions éducatives et mettant en place des mesures supplémentaires de renforcement des capacités. Les actions doivent aussi toucher les mobilités humaines, la justice climatique et la solidarité.
Certes, la mobilité humaine est un droit. Mais si rien n’est fait, la migration à cause des problèmes climatiques pourrait être difficile à résoudre pour les États. Malheureusement, la question de la migration climatique a été tardivement prise en compte dans les négociations sur le climat. Aussi l’accélération de la cadence s’impose-t-elle pour mettre en œuvre les solutions idoines. Les enjeux à relever par la Méditerranée sont de taille. En tant que pays méditerranéen, le Maroc a un grand rôle à jouer pour mettre en œuvre les solutions climatiques sur le plan territorial.
Gilles Berhault
Conseiller spécial de la MedCOP, président du Comité 21
«Une véritable dynamique est enclenchée»
Qu’attendez-vous de la COP de Marrakech ?
Gilles Berhault : La COP22 doit donner un vrai signal. Une véritable dynamique est enclenchée à Marrakech, chose que je n’ai jamais vue lors des autres COP. On mise sur l’action, parallèlement aux plaidoyers. L’objectif est de mobiliser les budgets pour financer des projets sur le terrain. Il faut favoriser le passage à l’acte. Pendant très longtemps, on décidait au niveau global. Cette approche a changé. La dynamique enclenchée à Marrakech doit durer dans le temps. La COP de Marrakech doit être une espèce de COP permanente. Au niveau des États, le principal enjeu a trait aux financements. À Marrakech, le changement est palpable. Auparavant, seuls les spécialistes s’intéressaient au climat. On comprend maintenant qu’il s’agit d’un sujet qui concerne tout le monde. L’enjeu est de l’inscrire dans le temps.
Vous attendez-vous à des annonces concrètes à Marrakech?
Il n’y aura probablement pas d’annonce majeure. À Paris, l’objectif était de se mettre d’accord sur un traité. Quelques jours avant, on doutait de l’unanimité sur cet accord. Personne n’imaginait, il y a un an, qu’il serait ratifié avant la COP de Marrakech. Le rôle du Maroc est beaucoup plus compliqué. Il va falloir animer toutes les coalitions. Pendant la présidence marocaine, l’objectif est de mettre en place des solutions dans plusieurs secteurs. Les régions ont un rôle à jouer tout en généralisant les solutions. La généralisation ne pourra se faire sans la mobilisation des financements, le transfert des compétences et la formation des ressources humaines. La concrétisation des objectifs passe aussi par les discussions car les comportements doivent changer. Toutes les solutions reposent sur les capacités de collaboration entre les territoires, les entreprises et les citoyens.
Quel regard portez-vous sur les contributions nationales des pays de la Méditerranée?
La présentation par les pays de la Méditerranée des contributions nationales constitue une véritable rupture avec le passé. Auparavant, on considérait que la responsabilité incombait uniquement aux pays du Nord. Les pays de la Méditerranée ont présenté de très bonnes contributions nationales notamment le Maroc qui était extrêmement pédagogique. Il était le premier pays à annoncer un objectif sans financement et un autre avec des financements. Il faut dire que certains pays n’avaient même pas les compétences internes capables d’analyser la situation.