Élections : Damir synthétise les propositions économiques
L’association, qui a accueilli les principaux leaders des partis politiques durant la campagne électorale, vient de publier le bilan des débats tenus lors de cette période.
Le principal fait marquant qui ressort du bilan des rencontres politiques de l’association Damir, durant la campagne électorale écoulée, est sans aucun doute l’unanimité autour de l’évaluation du climat qui a influencé les indicateurs socio-économiques tout le long du mandat du gouvernement sortant. La synthèse de ces rencontres, réalisée par l’association, montre ainsi que les leaders des 5 partis qui ont répondu favorablement à l’invitation de Damir ont adopté la logique du consensus à propos du «choc subi par l’économie nationale, ce qui a conduit à gérer la situation économique dans des conditions de crise financière mondiale». Aussi, ces hommes politiques ont-ils estimé que «l’intégration dans la mondialisation est inéluctable, mais il faut renforcer l’économie nationale à travers l’investissement intérieur et la création de l’entreprise citoyenne». Les suggestions des partis politiques convergent vers la nécessité de la conclusion des accords avec de nouveaux pôles économiques, en particulier en Asie et en Amérique du Sud, «comme il ne faut pas limiter nos relations aux partenaires traditionnels du Maroc, et notamment l’Union européenne et les États-Unis, dont les accords commerciaux conclus avec ces deux entités ont conduit à un déséquilibre entre les exportations et les importations», récapitule le rapport de Damir. Les horizons ouverts par le nouveau cadre du PPP ont été aussi soulevés, avec une unanimité sur l’incapacité des secteurs publics a gérer seuls certains services.
Un nouveau modèle économique
La question d’un nouveau modèle économique a été au centre des débats. Des pistes ont ainsi été identifiées dans ce sens afin que ce «nouveau modèle économique» puisse être mis en marche. «L’expérience du gouvernement sortant confirme la nécessité de revoir le modèle économique suivi jusqu’à présent et qui ne permet plus de faire face aux nouveaux défis. D’où la nécessité d’élaborer de nouvelles stratégies sectorielles». Plusieurs nuances ont été pourtant apportées au cours des échanges avec les leaders des partis politiques. La synthèse des travaux laisse dégager des divergences de points de vue concernant les mécanismes de gestion de la «crise de l’économie nationale par le gouvernement» entre le RNI et le PPS d’une part, et entre l’USFP, l’Istiqlal et le PAM de l’autre. L’avis des partis qui étaient de la majorité sortante ne pouvait en effet ignorer la prise de mesures «difficiles» en vue de pouvoir rétablir les équilibres souhaités, notamment la réforme de la Caisse de compensation et des retraites ainsi que les aides directes qui ont été débloquées en faveur de certaines catégories sociales vulnérables.
Le legs des gouvernements précédents a pesé lourdement durant ce mandat, sans oublier la contrainte relative à ce que les programmes électoraux des partis restent largement conditionnés par les alliances post-électorales. En plus du fait qu’aucun parti ne peut faire cavalier seul en ce qui concerne la nature du modèle économique, les rencontres ont mis en avant le hiatus énorme qui sépare les partis de l’opposition et ceux de la majorité pour tout ce qui touche la valeur à donner aux réformes qui ont été menées depuis 2012. Les 3 partis de l’opposition invités ont partagé en substance l’idée que «les choix du gouvernement qui n’ont pas été probants, dans le but de proposer les alternatives possibles dans le cadre d’une vision économique globale, permettant de sortir du modèle économique suivi et d’opter pour un modèle plus efficient». En plus de la faible prise de conscience des défis actuels d’ordre national et régional, les partis de l’opposition ont souligné avec force «la négligence dans la prise en compte des besoins des couches vulnérables et de se limiter à une gestion du quotidien sans une véritable vision stratégique». Les alternatives proposées se situent quant à elles au niveau de la recherche de solutions «non pas de facilité qui se font au détriment des couches défavorisées».
Trois partis échappent au débat
La lecture critique pour éclairer l’électorat n’a pas intégré trois formations de la majorité. Le compte rendu des rencontres de Damir a été accompagné par un «éclairage précis et utile à l’opinion publique et aux agents économiques leur permettant de fonder leur choix final au niveau du suffrage, de présenter le résultat de la lecture critique du programme économique de chaque formation politique». La démarche adoptée au cours des échanges n’a pas englobé les programmes de deux partis de la majorité sortante, en l’occurrence le PJD et le MP. «Ni le programme économique du Parti de la justice et du développement, qui a décliné l’invitation du mouvement Damir, ni celui du Mouvement populaire et du Front de la gauche démocratique, qui se sont désistés au dernier moment, n’ont été passés sous les fourches caudines du mouvement Damir. Notre association n’a donc aucune opinion à exprimer à leur égard», insiste cette dernière. L’évaluation réalisée a omis aussi l’examen du programme du RNI dont le programme électoral «a été remis au mouvement Damir la veille au soir de la rencontre-débat organisée avec le président de ce parti. Notre association n’a donc pas eu le temps matériel de préparer le débat avec ce dirigeant politique, en orientant la discussion sur le programme économique proprement dit du parti», précise l’association.