Enseignement préscolaire : Un référentiel, enfin !
L’enseignement préscolaire vient d’être doté d’un cadre référentiel. Premier du genre, le document a été élaboré par le ministère de tutelle en partenariat avec l’UNICEF.
Après des années d’anarchie, l’enseignement préscolaire vient d’être doté d’un référentiel élaboré par le ministère de l’Éducation nationale en partenariat avec l’UNICEF. Le document, qui s’avère de la plus haute importance, porte sur plusieurs volets dont le cadre curriculaire, les compétences pédagogiques fondamentales, les domaines d’activités, les approches et l’évaluation des apprentissages, l’encadrement et la supervision… Premier du genre, ce référentiel permettra de mettre de l’ordre dans le secteur, selon Bendaoud Merzaki, directeur de la promotion de l’enseignement scolaire privé et du préscolaire au ministère de l’Éducation nationale. Il s’avère nécessaire de pallier bon nombre de dysfonctionnements, à commencer par le contenu pédagogique.
L’absence d’un cadre unifié et la multiplicité des intervenants posent un grand problème. Elles créent, en effet, une grande disparité en matière d’objectifs, des approches adoptées, des moyens de formation des éducateurs… L’adoption d’un modèle pédagogique spécifique, unifié dans ses finalités et ses objectifs et diversifié dans son style et ses méthodes garantira, comme le précise le Conseil supérieur de l’éducation, la cohérence et la modernisation des programmes, des méthodes pédagogiques et des ressources matérielles et éducatives. Il facilitera une offre de service et un rendement de qualité, de façon équitable, pour tous les enfants en âge d’accéder à cet enseignement. Jusque-là, la généralisation de l’enseignement préscolaire reste toujours un vœu pieux. Sur le 1,2 million d’enfants en âge d’accéder à cet enseignement, 36% ne sont pas préscolarisés. C’est pourquoi, les pouvoirs publics sont appelés à redoubler d’efforts.
En partenariat avec le tissu éducatif, le ministère de l’Éducation nationale ne dispense que 9% de l’enseignement préscolaire. Et pour cause, l’absence d’un budget dédié au secteur. Ce n’est qu’au cours de cette année 2016 que 43,5 MDH ont été consacrés à l’enseignement préscolaire. Or, ce budget n’a pas encore été dépensé car il fallait en premier lieu arrêter le référentiel. Progressivement, la généralisation à moyen terme de l’enseignement préscolaire sera mise en œuvre.
Cette obligation ne sera effective qu’après l’adoption du projet de loi-cadre relative à la réforme du système d’éducation, qui prévoit la généralisation progressive de cet enseignement. Tous les partenaires sont concernés, dont les collectivités territoriales dans le cadre de la mise en œuvre de la régionalisation avancée. Un grand intérêt devra être accordé surtout au milieu rural où le taux de couverture des structures préscolaire est faible. Sur le plan qualitatif, le référentiel insiste sur la formation des éducateurs dans les centres régionaux des métiers de l’éducation et de la formation ainsi que sur le partenariat avec différents acteurs (secteur privé, société civile, collectivités territoriales…) pour faire face à la faiblesse des ressources humaines. Au niveau du contrôle, des commissions devront être créées au niveau national et régional afin d’assurer le suivi des établissements.
Nécessité de la généralisation
Par ailleurs, force est de noter que, selon la vision stratégique de la réforme 2015/2030 élaborée par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, l’enseignement préscolaire est considéré comme la base essentielle de toute réforme éducative favorisant l’équité et l’égalité des chances et facilitant les parcours scolaire et de formation. Aussi est-il nécessaire de le développer progressivement durant la décennie en cours en prenant appui sur plusieurs mesures. La généralisation d’un préscolaire de qualité devrait faire l’objet d’un engagement commun de l’État et des familles, selon le Conseil. À cela, s’ajoute une forte implication des collectivités territoriales qui doit être institutionnalisée par des mécanismes qui les engagent.
Bendaoud Merzaki
Directeur de la promotion de l’enseignement scolaire privé et du préscolaire
Les Inspirations ÉCO: Quelle est la principale difficulté rencontrée par l’enseignement préscolaire ?
Bendaoud Merzaki : Le financement constitue la première difficulté pour le développement de l’enseignement préscolaire. Nous avons élaboré une étude avec l’UNICEF pour arrêter une modélisation financière et prospective du secteur. Jusque-là, aucun poste de dépenses n’a été dédié au préscolaire, ni au niveau de la loi de Finances, ni au niveau du budget du ministère.
Comment le secteur fonctionne-t-il, concrètement ?
Généralement, le préscolaire est pris en charge par le tissu associatif, le privé ou par des institutionnels (entraide nationale, jeunesse et sport, habous et affaires islamiques…). Le ministère de l’Éducation nationale prend en charge 9% de l’enseignement préscolaire dispensé dans un cadre partenarial, là où le privé n’intervient pas en mettant à la disposition des associations les salles et les équipements. Ce sont nos partenaires qui assurent le fonctionnement. Le grand problème ne réside pas dans l’investissement, mais plutôt dans le fonctionnement. On peut, en effet, avoir une structure dédiée au préscolaire, mais pour pérenniser son fonctionnement, il faut y consacrer un budget.
Comment allez-vous procéder à l’avenir pour la généralisation du préscolaire ?
La généralisation sera progressive. Pour mettre en œuvre cet objectif, nous donnerons la priorité au milieu rural et aux zones périurbaines. C’est là que le besoin est le plus grand.