Surenchères en vue
Les principales institutions d’analyse, comme le HCP ou le FMI, n’ont pas manqué de prendre en compte, dans leurs perspectives économiques pour cette année, l’impact du contexte électoral sur la gestion de certains dossiers. C’est de toute évidence, le scénario qui se profile, puisqu’en plus de l’attentisme des opérateurs propres à cette période, viennent s’ajouter d’autres considérations d’ordre politique qui risquent de contrarier l’exécution de certains dossiers qui sont encore en instance.
C’est le cas déjà avec l’adoption de certaines lois organiques, dont celle des grèves et celle relative à la langue amazighe. Si la majorité envisage de faire adopter ces lois à travers la tenue d’une session extraordinaire du Parlement, l’opposition ne semble pas acquise à cette formule. En cause, des calculs politiciens, tant du côté de la majorité que de l’opposition, d’autant plus que ces deux textes législatifs s’accompagnent de réels gains électoraux. Avec l’entrée annoncée, sur la scène politique, de certains acteurs notamment sociaux, il y a fort à parier que la course contre la montre, que va devoir entreprendre le gouvernement pour solder les derniers dossiers urgents, va se heurter aux répercussions du contexte électoral.
Rappel royal
C’est d’ailleurs pour cette raison que le roi avait, dans le message qu’il a adressé à l’occasion de la dernière Fête du Trône, tenu à mettre en garde l’ensemble de la classe politique contre ces pratiques qui sont contraires aux principes et à l’éthique de l’action politique et publique. «En effet, dès que la date des élections approche, on assiste à une frénésie quasi-résurrectionnelle où règne le chacun pour soi, et où personne ne connaît plus personne», avait alerté d’avance le souverain, appelant la majorité et l’opposition de mettre «la surenchère patriotique dans des règlements de comptes personnels ou la quête d’intérêts partisans étriqués». Les mauvaises pratiques risquent de reprendre le dessus au vu du contexte actuel avec une campagne électorale qui a démarré bien avant l’heure alors que la gestion de certains dossiers urge. Dans certains cas, comme avec la Loi des finances ou les questions de sécurité, le gouvernement ne peut, en tout cas, se contenter d’une «gestion des affaires courantes», même au risque de froisser l’opposition. Au nom de la continuité de l’État…