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Règles prudentielles : BAM prépare un tour de vis sur les grands comptes

Suite aux difficultés financières de certains grands groupes qui ont fait planer le doute sur la solvabilité de certaines banques, la Banque centrale est en passe de finaliser un projet de réforme pour durcir les règles prudentielles.

Depuis que la crise de la Samir a éclaté, suivie par les difficultés financières de certains groupes immobiliers, la Banque centrale est sur le qui-vive. Abdellatif Jouahri, dans les sorties médiatiques trimestrielles qui suivent le Conseil d’administration de Bank Al-Maghrib, a annoncé qu’un projet de réforme est dans le pipe pour serrer la vis et éviter que la solvabilité du système bancaire ne soit remise en question. Aujourd’hui, l’on en sait un peu plus sur les grandes lignes de cette réforme. Dans un rapport sur la stabilité financière rendu public par Bank Al-Maghrib, il est en effet question d’améliorer la transparence financière des groupes d’entreprises vis-à-vis des banques. Le projet de réforme fixe ainsi les éléments d’information minimums devant être requis par les établissements de crédit dans le cadre de l’instruction et la surveillance des dossiers de crédit, des contreparties relevant de groupes cumulant une dette bancaire supérieure ou égale à 500 MDH. «Ces éléments portent sur les comptes consolidés du groupe certifiés par des commissaires aux comptes, la dette bancaire du groupe et la dette privée des contreparties du groupe, y compris les émissions futures envisagées», explique la Banque centrale. La réforme requiert également des établissements de crédit de consulter préalablement à l’octroi de crédits un rapport de solvabilité sur le groupe d’entreprises. Par ailleurs, afin d’assurer une meilleure application de ces dispositions, une pondération de 150% au lieu de 100% sera appliquée aux expositions des établissements de crédit sur les groupes pour lesquels l’information financière n’est pas conforme aux exigences édictées par cette réforme. La mise en application de la majoration de la pondération devra intervenir progressivement entre 2016 et 2018.

Clients à haut risque
Si le gouverneur de la Banque centrale suit de très près ce dossier, c’est que le niveau d’exposition des établissements bancaires sur les grands comptes demeure élevé. Les engagements bilan portés par les banques sur les «grands débiteurs» (crédit dépassant 5% des fonds propres) ont en effet cumulé 54% des crédits accordés aux entreprises en 2015. En intégrant les engagements hors-bilan portés par les banques, ces dettes représentent près de trois fois leurs fonds propres, en retrait par rapport à 2014 où elles se situaient à 3,4 fois et à la moyenne enregistrée entre 2004 et 2013 de 3,5 fois. Cette baisse s’explique notamment par le processus de désendettement de certains grands débiteurs en difficulté, notamment ceux opérant dans le secteur de la promotion immobilière. «Quoiqu’en baisse, le niveau de ces engagements reste important, résultant notamment de l’accroissement des expositions des banques sur certains grands groupes sans disposer d’éléments complets sur leur situation financière consolidée et sur leur recours à la dette privée», lit-on dans le rapport précité sur la stabilité financière.

57,7 MMDH en souffrance !
Autre indicateur qui donne du fil à retordre au gouverneur de la Banque centrale, le niveau des créances en souffrance portées par les banques. Ces dernières se sont en effet accrues de 9,2% en 2015, après 20% en 2014, pour atteindre 57,7 MMDH, ramenant ainsi le ratio des créances en souffrance à 7,4% contre 6,9% en 2014 et 5,9% en 2013. Pire encore, les créances classées dans la catégorie compromise constituent 77% du total des créances en souffrance. Leur part a ainsi largement augmenté d’une année à l’autre, soit un additionnel de 5,6 MMDH enregistré depuis la fin de l’année 2014. L’encours des créances douteuses a faiblement progressé de 0,1 MMDH pour représenter 18%, au lieu de 20% une année auparavant, tandis que les créances pré-douteuses se sont réduites de 0,8 MMDH, représentant 4%, contre 6% en 2014. Les banques ont constitué en 2015 des provisions spécifiques en hausse de 14,7% par rapport à fin 2014, ramenant le taux de couverture des créances en souffrance à 68% contre 65% en 2014. Par catégorie de créances en souffrance, ce taux est de 76% pour la catégorie compromise, 47% pour la catégorie douteuse et 13% pour la catégorie pré-douteuse. En sus des provisions précitées, les banques ont constitué des provisions à caractère général en couverture des risques non avérés. Ces provisions ont totalisé un montant de 6,5 MMDH, soit près de 3,1 fois leur niveau enregistré à fin 2011, en progression de près de 5,7% par rapport à 2014.  



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