Éco-Business

Télécoms : L’ANRT sonne le glas de l’illimité

Le segment «voix» est au centre des intérêts de l’ANRT qui, en empêchant les opérateurs télécoms de multiplier les offres en illimité, tenterait de redonner de la valeur à un marché à bout de souffle.

Les forfaits illimités ne sont plus au goût de l’ANRT. L’autorité de réglementation des télécommunications a livré ses explications concernant les conclusions de son enquête relative aux modalités de validation de’offres de détail pratiquées par les opérateurs télécoms, conformément aux réglementations en vigueur. L’Agence a ainsi procédé à l’actualisation des lignes directrices de ces modalités, ce qui a contraint les trois opérateurs du marché, en l’occurrence Maroc Telecom, Méditel et Inwi, à retirer leurs offres illimitées pour s’inscrire en conformité avec les nouvelles directives. C’est la raison pour laquelle les offres, objet de la décision, sont absentes des présentoirs de Méditel et d’Inwi depuis début juin, tandis que Maroc Telecom a procédé au retrait de ses offres quelques semaines plus tôt. Toutefois, les trois opérateurs assurent que les contrats en cours resteront opérationnels, les nouvelles dispositions n’étant vraisemblablement pas rétroactives.

Pour autant, il n’est pas à écarter que, dans certains cas, une révision des conditions de commercialisation pourrait s’avérer nécessaire pour prévenir les conflits entre l’opérateur et ses clients concernés par les amendements potentiels. Pour autant, et d’une manière générale, seuls les futurs abonnements seront assujettis à ce rectificatif, les abonnements existants n’étant exposés que dans la mesure où une disposition contractuelle permet de telles modifications (avec obligation de prévenir les intéressés). Remarque intéressante : les offres en illimité qui sont suspendues ne concernent que les particuliers. Les entreprises sont exonérées de l’obligation de conformité. Pour l’ANRT, cette décision, polémique depuis quelques semaines parce qu’entourée d’incompréhensions et d’interrogations, est justifiée par «les évolutions que le marché des télécommunications a connu durant les dernières années». Quelles évolutions ? Celles relatives, entre autres, à la démocratisation de l’accès aux moyens de communication par l’effondrement des prix à la minute.

Certes, les voyants des opérateurs sont au vert pour ce qui est du taux de pénétration et de l’élargissement de la base commerciale par l’augmentation significative du nombre d’adonnés, mais la baisse de la facturation, elle, impacte durablement le chiffre d’affaires des trois fournisseurs. Et c’est pour cette même raison que ces derniers ont expressément demandé à la même ANRT d’étudier l’impact de la VoIP, ainsi que les voies de rééquilibrage du marché en redonnant de la valeur (économique) au marché. D’ailleurs, les opérateurs l’ont bien compris : «il s’agit de valoriser le segment ‘’voix’’ du marché, lui permettant ainsi de retrouver sa capacité à créer de la valeur ajoutée», s’accordent-ils à relever. Cela dit, l’étude réalisée par l’ANRT, et qui lui a servi de base argumentaire, ne peut être dissociée de la 12e édition de l’enquête nationale annuelle sur les TIC pour l’année 2015, réalisée quelques semaines plus tôt.

Les conclusions font état d’un taux d’équipement en téléphonie mobile chez les 12 à 65 ans de 94,4% en 2015. Un taux similaire à celui relevé en 2014, traduisant une forte tendance au renouvellement des dispositifs d’année en année, mais également une relative stagnation en terme de volume de dispositifs actifs en circulation. Aussi, 13,7% de cette population dispose de plus d’un téléphone portable. Dans l’ensemble, ils étaient 54,7% à déclarer posséder un smartphone en 2015 (contre 38,2% en 2014 pour une hausse de 16 points de base). Le parc de ces terminaux est, lui, estimé à 14,7 millions d’unités, en augmentation de 5,3 millions par rapport à son niveau un an auparavant. Les principales raisons du non équipement en smartphone déclarées par les individus interrogés sont l’absence d’utilité et la complexité d’utilisation. Cependant, plus de la moitié de l’échantillon interrogé utilisent leurs téléphones mobiles pour accéder à Internet.

Cette proportion est de 59,1% en milieu urbain, et de 34,8% en milieu rural. En termes d’utilisation, l’accès à internet via téléphone mobile sert, pour ces individus, à consulter des sites web et participer à des réseaux sociaux (89%), télécharger des applications mobiles (77,2%), échanger des messages textes (65,1%), consulter leurs mails (51,1%), partager l’accès Internet (34,3%) et l’utilisation d’applications de géolocalisation (23,6%). D’emblée, il était aisé pour l’ANRT de relever le retrait fortement palpable des utilisations payantes en faveurs du segment «voix». Un changement d’utilité que les opérateurs tentent de contourner depuis des années en embrassant la courbe de l’innovation dans les offres, mais dont les résultats font que l’Agence de régulation intervienne de la sorte pour tenter de sauver le secteur. 


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