«Préserver les océans est un métier»
Près de 40% de la population mondiale vit le long du littoral, ce qui n’est pas sans conséquences sur l’océan. Gestion de l’eau, recyclage et valorisation des déchets…des métiers que maîtrise Suez. Jean-Louis Chaussade, DG de Suez, explique la stratégie environnementale de Suez.
Les Inspirations ÉCO : Comment se décline la stratégie de Suez en matière de protection de l’océan?
Jean-Louis Chaussade : À travers nos deux grands métiers que sont la gestion de l’eau et des déchets, notre société est active dans la protection de l’environnement. Ainsi, nous participons à la préservation des ressources naturelles grâce à la technologie et au savoir-faire que nous mettons à la disposition de nos clients. Il faut rappeler que 40% de la population mondiale vit le long du littoral, ce qui n’est pas sans conséquences sur l’océan. Aussi, ce rapport entre l’homme et l’océan est un élément clé de nos métiers qui se déclinent à travers les problématiques de la gestion de l’eau et du recyclage, ainsi que de la valorisation des déchets, notamment plastiques, que l’on retrouve en grande majorité dans l’océan.
À ce niveau, on peut citer l’exemple de Lydec à Casablanca, qui, à la demande du roi Mohammed VI, a construit la station de prétraitement des eaux usées de Sidi Bernoussi. Ce projet, qui a nécessité un important investissement, vise à protéger le littoral et à éviter sa dégradation massive tout en assurant la reconquête des plages. Notre logique est de procéder au prétraitement des eaux usées afin que les rejets d’eau en mer n’aient pas d’impact sur l’océan.
Il faut également faire en sorte que les pluies d’orage ne retournent pas directement à la mer sans traitement. Aujourd’hui, dans des villes comme Casablanca ou Marseille, si ces pluies ne sont pas traitées, elles risquent d’emporter avec elles tout ce qui se trouve dans les rues pour les déverser dans la mer. Pour faire face à ce genre de situation, nous avons mis en place un système qui permet de gérer en temps réel les épisodes pluvieux et sévères afin d’éviter les débordements d’eaux polluées et, de ce fait, la pollution de l’océan et les dégâts en milieu urbain. Les usines d’épuration sont une véritable barrière contre cette pollution de l’océan car la quantité de microfibres plastiques, très néfastes pour l’océan, est de plus en plus importante. Là, il faut noter qu’une usine d’eaux résiduaires avec un traitement classique peut arrêter jusqu’à 80% de fibres plastiques. Avec d’autres étapes de traitement, nous pourrions atteindre 99%. C’est d’ailleurs notre objectif, et nous avons réalisé des études pour pouvoir aller au-delà de ce pourcentage, c’est-à-dire arrêter l’ensemble de ces fibres.
Nos deux métiers que sont la gestion de l’eau et des déchets contribuent ainsi, grâce à l’innovation, à réduire l’impact de l’homme sur l’océan.
Quel est le budget alloué par Suez à l’innovation?
Nous investissons près de 75 millions d’euros par an en recherche et développement. Nous innovons et réalisons constamment des programmes de recherche avec différents partenaires. Nous avons créé récemment un laboratoire de valorisation des plastiques. Nous réalisons également des recherches sur les technologies permettant de dessaler l’eau de mer.
Comment se décline la stratégie de protection de l’océan en particulier et de l’environnement en général de Suez au Maroc?
Nous sommes présents au Maroc à travers nos deux métiers que sont l’eau, principalement à Casablanca via Lydec, et la gestion des déchets dans plusieurs villes où nous réalisons différentes prestations. À Meknès, par exemple, nous sommes en train de réhabiliter une décharge sauvage pour la mettre aux normes, créer un centre de traitement des déchets, tout en permettant la création d’emplois durables aux trieurs qui y travaillent. Il s’agit aussi de pouvoir produire du biogaz à partir des déchets. Nous sommes aussi présents au niveau de l’Usine de Renault à Tanger où nous traitons une partie de ses déchets en vue de leur recyclage. Nous sommes aussi engagés dans la formation, notamment au niveau du Système anti-pollution du littoral Est du Grand Casablanca. Lydec assure également le contrôle de la qualité des rejets industriels liquides. En parallèle, nous avons des objectifs visant l’amélioration de la qualité des eaux de baignade. Voici plusieurs exemples d’actions que nous menons pour la protection de l’environnement et du littoral. S’agissant du chiffre d’affaires de Suez au Maroc en 2015, ce dernier a été de près de 710 millions d’euros (633 millions d’euros pour Lydec et 76 millions d’euros pour la gestion des déchets)
Quelles sont vos ambitions pour Lydec, à Casablanca ?
Comme vous le savez, l’harmonisation du périmètre à Casablanca vise à faire coïncider celui de l’eau avec l’électricité. Le but étant d’améliorer davantage la qualité des services apportés par Lydec. Nous avons beaucoup de projets avec les autorités marocaines et locales. Au grand Casablanca, avec la mairie, nos ambitions visent à répondre aux aspirations du roi et à celles des populations locales représentées par leurs élus.
Que pèse l’activité de Suez dans le monde ?
Nous réalisons un chiffre d’affaires de plus de 15 milliards d’euros répartis équitablement entre l’activité de gestion de l’eau et des déchets. Notre croissance connaît une accélération, notamment à l’international. Nous avons beaucoup de projets dans les pays où nous sommes déjà implantés.
Quelle lecture faites-vous de l’engagement du Maroc pour la protection de l’océan et de l’environnement ?
Il y a au Maroc une vraie conscience des enjeux environnementaux. D’ailleurs, le pays accueillera la COP 22 à laquelle Suez prendra part pour deux bonnes raisons. D’abord, parce que nous sommes, par la nature de nos métiers, engagés dans la protection des ressources naturelles, et ensuite parce que nous avons une présence historique au sein du royaume.