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Alliances post-électorales : Aucun scénario n’est à écarter

À quelques mois des élections législatives, difficile de prédire les alliances post-électorales même si des rapprochements entre certaines formations politiques sont en cours. Les partis politiques attendent les résultats des prochaines échéances pour pouvoir gérer leurs alliances. Aucun scénario n’est à écarter. Même le PAM et le PJD pourraient accorder leurs violons après les élections, à en croire certains de leurs dirigeants.

À moins de six mois des élections législatives, les alliances post-électorales restent la grande inconnue, bien que des rapprochements entre des partis politiques soient en cours et que les déclarations d’intention fusent déjà de part et d’autre. Certaines formations partisanes affichent certes la couleur en dévoilant leur préférence, sans pour autant s’aventurer dans une alliance préélectorale. C’est le cas du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et du Parti de la justice et du développement (PJD) dont les bureaux politiques ont tenu, samedi dernier, une réunion commune de concertation pour rapprocher les points de vue, renouveler les vœux et défendre leur rapprochement.

Il apparaît clairement qu’en dépit des critiques qu’a suscitées, depuis 2012, l’alliance entre le parti de la lampe et celui du livre, les camarades de Nabil Benabdellah semblent avoir la ferme attention de reconduire la même alliance après les élections du 7 octobre. «Notre choix en 2012 était le bon. Avec le PJD, nous voulons aller ensemble que ce soit au sein de la majorité ou dans l’opposition pour faire face à l’hégémonie. Mais, il ne s’agit pas d’une alliance préélectorale», souligne aux Inspirations ÉCO, Karim Taj, membre du bureau politique du PPS. Du côté du PJD, on se félicite de l’excellence des relations avec le PPS en estimant que cette alliance pourrait être reconduite après les élections.

Toutefois, rien n’est tranché pour le moment. Il faut attendre les résultats pour pouvoir décider, comme le souligne Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du parti de la lampe. La coalition gouvernementale actuelle pourrait-elle être maintenue lors du prochain mandat gouvernemental malgré les divergences notamment entre le PJD et le rassemblement national des indépendants ? De l’avis de Hamieddine, tout est possible, d’autant plus que les relations de son parti sont «bonnes» avec le PPS et le MP et «normales» avec le RNI. «La coalition gouvernementale a dû faire face à des problèmes mais qui n’ont nullement menacé sa cohésion et sa stabilité», précise-t-il tout en soulignant que le PJD ne trace aucune ligne rouge en matière des alliances.

Quid du PAM?
Les deux partis qui se regardent en chiens de faïence ne cessent de s’échanger les accusations. Le rapprochement entre ces deux formations politiques ne semble pas impossible. C’est, en effet, l’un des scénarios possibles établi aussi bien par les observateurs que les dirigeants de ces deux partis. Le PJD estime qu’il est possible de s’allier avec le PAM si celui-ci révise ses positions. «Le PAM n’est pas une ligne rouge. Il est appelé à faire une autocritique.

Si cela est fait, le PJD pourrait s’allier avec lui», signale Hamieddine. Cette position a été déjà exprimée par le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane et certains dirigeants du PAM n’excluent pas une alliance avec le PJD. Abdellatif Ouahbi, député et membre du bureau politique du parti du tracteur tient à souligner que le PJD n’est pas une ligne rouge pour le PAM et que l’alliance avec ce parti après les élections reste un scénario envisageable. Il explique la tension entre ces deux formations politiques par «les séquelles du passé ainsi que les enchères politiciennes dictées par les exigences de l’étape actuelle».

Le PAM se dit donc ouvert à toutes les formations politiques. Visiblement, il n’affiche aucune préférence malgré le rapprochement avec l’Union socialiste des forces populaires (USFP) qui reste conjoncturel, à en croire certaines voix au sein des deux partis politiques. Cette actuelle alliance permet au parti de la rose d’exercer une pression sur le gouvernement notamment en ce qui concerne l’abaissement du seuil électoral. Il faut dire que l’USFP, qui a continué sa descente aux enfers, lors des élections communales et régionales tenues en septembre dernier, tend à revenir en force au sein de l’échiquier politique. Pour atteindre cet objectif, la nature des alliances est un élément on ne peut plus déterminant. Pour le moment, il semblerait que, pour l’USFP, la Koutla ne soit pas une priorité. Cette coalition est gelée et il s’avère difficile de la faire renaître de ses cendres.

Pour Noureddine Mediane, président du groupe parlementaire de l’Istiqlal à la Chambre des représentants et membre du comité exécutif du Parti de l’Istiqlal, l’espoir est de pouvoir activer de nouveau la Koutla. «D’ailleurs, le Parti de l’Istiqlal a une alliance stratégique avec l’USFP», indique Mediane. Néanmoins, cette alliance stratégique n’est visiblement pas suffisante pour pouvoir sceller une alliance préélectorale. «Ce sont les résultats qui dictent les coalitions. On ne peut pas signer un contrat avec un parti qui risque de dégringoler et tomber en deuxième division», ajoute Mediane.

Le scénario le plus probable, selon certains istiqlaliens, est l’alliance avec le PJD. Les héritiers de Allal El Fassi qui ont mené, pendant de longs mois, un combat farouche contre le PJD sont, depuis les dernières élections locales, favorables à un rapprochement avec ce parti. S’agissant du Rassemblement national des indépendants, qui avait mené une alliance préélectorale à la veille des législatives de 2011 (G8), le même refrain est entonné sur la nécessité d’attendre les résultats des législatives. Selon une source interne, le parti est ouvert et pourrait s’allier de nouveau avec le PJD en dépit des récentes tensions.

La tactique des «petits»
Quant au Mouvement populaire, plusieurs dirigeants sont favorables à la reconduction de la même alliance gouvernementale. Mais, il est encore tôt pour se prononcer, selon Fatna Lkhiel, députée et membre du bureau politique du parti de l’épi. Ainsi, les prochaines législatives ne dérogeront pas, a priori, à la règle en matière d’alliances même si la loi va permettra aux partis politiques de présenter des listes communes. Jusque-là, cette disposition ne concernait que les élections communales. De l’avis de certains politiciens, c’est une mesure qui est plutôt destinée à ce que l’on appelle les «petits partis» afin que ceux-ci puissent percer sur le plan électoral.

Rappelons à cet égard, que lors des élections locales de 2015, la Fédération de la gauche démocratique (le Parti socialiste unifié, le Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste et le Congrès national Ittihadi) avait suscité l’engouement et a pu réaliser une bonne performance à Rabat. Et l’on s’attend à ce que cette fédération, de par le profil des candidats qu’elle coopte, joue un rôle important lors de la prochaine législature. Le mécanisme encourageant les alliances préélectorales ainsi que l’abaissement du seuil électoral à 3% ouvrira la voie à plusieurs partis politiques pour accéder à l’institution législative.

Pour les partis politiques dits «grands», l’expérience démontre qu’il est difficile de présenter des listes communes. En effet, la plupart de ces partis politiques peinent sur le plan interne à gérer la phase des accréditations. «Bien que les partis politiques décident de présenter des candidats en commun, il sera difficile de convaincre les militants sur le terrain», précise la harakie, Fatna Lkhiel.


 

Alliances contre-nature

Aucun parti politique ne parvient, sur le plan national, à accéder seul à la gestion des affaires publiques. Cela, pour plusieurs raisons et à leur tête le mode de scrutin. Aussi, les partis politiques sont-ils contraints de recourir aux alliances qui se font et se défont au gré des circonstances et des calculs politiciens. En effet, les alliances scellées tant sur le plan national que local n’obéissent, généralement, à aucune logique idéologique. En témoigne la composition de la coalition gouvernementale actuelle réunissant le PJD et le PPS et qui fait toujours l’objet de critiques bien que les deux formations politiques soient parvenues à cohabiter sans difficulté depuis 2012. De l’avis des observateurs, il s’avère nécessaire de clarifier les alliances qui doivent reposer sur un fondement idéologique et politique. Pour mettre fin à la crise de confiance dans la politique, le principal défi est de pouvoir restructurer l’échiquier politique pour construire des alliances avant le déroulement des élections. Mais, aucun changement ne pointe encore à l’horizon.



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