Un round pour enterrer la crise de confiance
Le round de la reprise a été celui du renouvellement de confiance entre les partenaires sociaux. Le gouvernement s’est dit ouvert à l’étude des demandes qui tiennent néanmoins compte de l’équilibre financier de l’État.
Plus de peur que de mal ? La tant attendue première réunion des partenaires sociaux, tenue hier à Rabat, a finalement signé l’épilogue d’un tumultueux épisode, sans aller toutefois jusqu’à déboucher sur des décisions immédiates. Durant les échanges qui ont marqué ce premier tête-à-tête entre le Chef de gouvernement et les syndicats, la forte volonté de part et d’autre de faire montre de bonne foi était très perceptible. L’enjeu est de taille, en effet, puisqu’il s’agit de ne pas rater le coche en prenant des mesures convenues la veille de la Fête du travail. «Le gouvernement est ouvert à l’étude des demandes qui tiennent compte de l’équilibre financier de l’État», a ainsi indiqué Abdelilah Benkirane, qui a appelé par la même occasion, les syndicats «à poursuivre le dialogue malgré la divergence des points de vue».
Du côté des syndicats, et après que la commission mixte, créée deux jours auparavant ait tenu le round d’hier, trois demandes majeures ont été inscrites à l’ordre du jour. Cela étant, la séance a été plutôt positive. L’essentiel, comme l’explique le SG de la FDT, Larbi Habchi, est que le gouvernement ait répondu favorablement à la demande cruciale des syndicats et qui porte sur la globalité de leur cahier revendicatif. «Nous tenons à ce que toutes les revendications soient abordées dans un même package. Nous insistons à ce que la question des retraites, qui est aussi débattue au Parlement, ne soit plus isolée», explique-t-il. «Cette réforme ne peut marcher sans la double exigence de l’amélioration des revenus et du climat des libertés syndicales au sein des administrations et des entreprises», souligne le leader de l’une des quatre formations qui ont décidé de reprendre le dialogue avec le gouvernement.
En plus d’un échéancier précis de mise en œuvre des accords de 2011, les représentants des salariés ont également insisté sur le fait que la hausse du SMIG pour le secteur public intègre les fonctionnaires des collectivités territoriales et qu’une nouvelle perspective en matière de couverture sociale soit mise en branle. Au sujet des projets de loi sur les retraites, les partenaires sociaux restent favorables au maintien des nouvelles législations, avec la condition d’accorder aux syndicats des garanties d’un traitement sérieux de leurs amendements. Les partenaires sociaux devront, avant la fin de ce mois d’avril, entériner la création d’un mécanisme susceptible d’assurer le suivi des textes sur la réforme des retraites, avec des rapports qui seront soumis au Comité national du dialogue social (CNDS).
Pour les syndicats, la réforme des retraites devra être parallèle à «l’augmentation des pensions et des indemnités et l’ouverture de négociations sectorielles», d’après le cahier des revendications préparé par les quatre centrales. Si le round tenu hier a donc permis de tourner la page de la querelle, qui a éclaté depuis la fin de la session d’automne au sujet des 6 projets déposés en priorité à la Chambre des conseillers, d’autres questions sont néanmoins restées en suspens.
Il s’agit essentiellement du calendrier de la réforme qui vise à établir, de manière définitive, l’âge de 63 ans en 2019, point nodal par ailleurs du désaccord entre les partenaires sociaux. Il est à rappeler, aussi, que le volet législatif a été également abordé, avec l’option de convenir d’un projet de loi-cadre concernant les retraites, comme cela avait été préconisé par le Conseil économique, social et environnemental. La formule sera synonyme d’un consensus qui a été trouvé sur la réforme et qui devra aussi porter la sauvegarde du pouvoir d’achat des salariés.
Le bilan du gouvernement
Les données chiffrées étalées durant ce round renvoient presque toutes aux réalisations qui ont été enregistrées depuis le début de mandat. Ainsi, le gouvernement a débloqué 13,2 MMDH pour la mise en œuvre des accords du 30 avril 2011, de même que 53.000 salariés du public ont profité de la hausse du SMIG. Pour les retraites, le chef de l’Exécutif a aussi rappelé que les pensions de 12.500 retraités ont été revues à la hausse. L’arsenal légal a été également cité avec une liste non définitive des lois qui ont été adoptées jusqu’à présent, avec des retards accusés notamment pour la loi organique de la grève.