Croissance 2016 : Scénario catastrophe !

Le HCP vient d’abaisser ses prévisions de croissance à 1,3% pour l’année 2016. Après le bon cru de 2015 où le rythme d’évolution du PIB s’est estimé à 4,4%, l’exercice s’annonce difficile surtout pour le gouvernement dont c’est la dernière année de mandat. Pour le HCP, il est urgent d’inscrire la politique budgétaire et monétaire dans une nouvelle dynamique en profitant des opportunités qu’offre l’amélioration des équilibres macroéconomiques.
C’est ce que les analystes et autres économistes appréhendent comme le «scénario catastrophe» : les prévisions de croissance du PIB pour l’exercice en cours convergent vers l’issue la moins reluisante. Alors que l’année ne fait que commencer, le HCP, qui a déjà anticipé un ralentissement de la croissance sous la barre des 3% en juin dernier, vient de revoir ses projections à la baisse. Le rythme d’évolution du PIB pour 2016 ne sera que de 1,3% d’après la dernière évaluation de la situation de l’économie nationale pour 2015 et ses perspectives pour 2016, dont les résultats ont été présentés, mercredi dernier à Casablanca, par le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi. Cette nouvelle révision est la plus pessimiste des prévisions jusque-là publiées et qui font état d’un recul de la croissance de l’économie nationale cette année. L’estimation s’annonce évidemment de mauvais augure pour le gouvernement qui tablait dans la loi de Finances sur un taux de 3%. Il est vrai que jusque-là les principales estimations tant du HCP, du CMC que de la Banque mondiale ou du FMI avaient été tempérées par les perspectives d’une campagne agricole au dessus de la moyenne. Avec le retard des pluies qui continue à soulever des inquiétudes, la révision à la baisse des perspectives de l’économie nationale semble assez logique même si d’autres leviers de croissance tendent à atténuer l’ampleur du contexte.
Croissance mitigée du PIB
Le fait que l’année 2016 soit une année électorale va certainement amplifier le débat sur l’impact de la politique gouvernementale sur la dynamique d’évolution de l’économie nationale. Pourtant, ce ralentissement attendu du rythme de croissance du PIB ne doit pas occulter d’autres aspects positifs sur le plan des indicateurs macroéconomiques, qui ont renoué avec le vert et dont les perspectives s’annoncent plus reluisantes. La preuve en est qu’en 2015, le taux de croissance a été estimé à 4,4% avec une progression remarquable de la valeur ajoutée du secteur primaire de 14,1%, en dépit d’une faible croissance des activités non agricoles d’1,7%.
Par ailleurs, l’inflation a été maintenue à 1,5% et le déficit courant des échanges extérieurs s’est nettement allégé, passant de 5,8% en 2014 à 2,3% du PIB en 2015. Pour l’année 2016, les projections tendent à une amélioration moins marquée voir des ralentissements comme la contribution du secteur primaire, qui se replierait de 10,6%, l’inflation qui s’appréciera à 1,9% ou une croissance modérée de la demande intérieure de 1,7% contre 2,2% en 2016. S’agissant du taux d’endettement public global qui a été en hausse, passant de 78,2% du PIB en 2014 à 80,4% du PIB en 2015, il se hissera à 82,5% en 2016 alors que celui du Trésor progressera de 64,2% en 2015 à 65% en 2016.
Ces indicateurs continuent à témoigner d’une évolution mitigée de la croissance économique du pays dans un contexte international marqué par une faible reprise impactée par la multiplication des facteurs à risques et des incertitudes. Cependant, avec l’amélioration sensible des indicateurs macroéconomiques, qui ont été le fruit de la mise en œuvre de certaines réformes structurelles, l’économie nationale aurait pu se porter mieux. La baisse des cours des matières premières sur les marchés internationaux, principalement les produits énergétiques, tendent vers cette hypothèse.
Le ministre de l’Économie et des finances ne manque pas aussi de mettre en avant qu’au-delà du taux de croissance, l’optimisme vient du bon comportement des nouveaux leviers de croissance comme les exportations, mais l’impact se fait encore attendre au plan interne, ce qui plaide pour un renforcement des politiques publiques afin que l’économie nationale tire pleinement profit de ces nouvelles fenêtres d’opportunités pour amorcer véritablement sa transformation structurelle.
La demande extérieure va marquer le pas
Alors que la demande extérieure nette a montré les signes d’une contribution positive à la croissance en 2014 et 2015, compensant en partie le ralentissement de la demande intérieure, les prévisions du HCP s’attendent à un revirement de la situation en 2016. Selon les données de base de l’institution, l’amélioration des exportations des produits issus des nouveaux métiers industriels (MMM) ne semble pas encore présenter l’effet d’entraînement escompté sur l’ensemble de l’activité industrielle, notamment sur les exportations classiques du pays. De ce fait et avec des importations qui afficheraient à nouveau, selon le HCP, un rythme de croissance à la hausse en 2016, «le syndrome d’une balance commerciale structurellement déficitaire se consolide davantage».