Rabat : 270 MDH pour reloger 9.000 familles
Rabat compte 9.000 ménages vivant dans des bidonvilles. Gelée pendant des années, l’opération de leur recasement s’accélère. Leur relogement est prévu dans la commune de Aïn Aouda.
Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, la capitale est appelée à relever bon nombre de défis et à leur tête celui de la lutte contre les bidonvilles. Beaucoup d’efforts restent à déployer pour atteindre les objectifs escomptés. L’enjeu est de taille. Les bidonvilles sont en effet implantés partout, même dans les quartiers huppés de Rabat. Le programme accuse un grand retard. Il faut dire que pendant des années, l’opération était gelée, jusqu’en 2015 ; année marquée par le démarrage d’une coordination étroite entre la Direction régionale de l’habitat et la wilaya. L’accélération de la cadence s’impose pour pouvoir déclarer Rabat ville sans bidonvilles en 2018. La directrice régionale de l’Habitat, Azhar Ktitou, affiche un grand optimisme précisant que vu le rythme de travail actuel et la mobilisation de tous les acteurs concernés, les objectifs seront atteints dans les délais fixés. Des réunions hebdomadaires sont tenues pour suivre l’état d’avancement du programme. Quelque 9.000 ménages devront être relogés ou recasés à l’extérieur de Rabat. La réalisation de cette opération de grande envergure, pilotée conjointement par le ministère de l’Habitat et la wilaya de Rabat-Salé-Kénitra et confiée à la Société Rabat région aménagement (SRRA) en tant qu’opérateur, prévoit l’aménagement et l’équipement de plusieurs sites d’accueil, situés dans la commune de Aïn Aouda, vu la rareté du foncier au niveau de Rabat. Il était difficile au départ de convaincre les premiers bénéficiaires de quitter Rabat. Les habitants des bidonvilles sont réticents à l’idée de s’éloigner de la capitale sauf que celle-ci est saturée. En dépit des difficultés, l’opération est sur les bons rails, d’après Ktitou. C’est le démarrage qui était le plus difficile.
Le terrain est désormais balisé. Des actions concrètes ont été réalisées. Le premier projet, appelé : «Nassim» est achevé et la distribution de lots ( R+2 ) au profit de 400 ménages a déjà commencé. Parallèlement à ces actions, «les autorités de la ville (Direction régionale de l’Habitat et de la politique de la ville et l’autorité locale) poursuivent les opérations de démolition des baraques et le recasement des ménages concernés dans des lotissements aménagés par la Société Al Omrane Rabat à Ain Aouda, ou leur relogement dans des appartements situés dans la Commune de Ain Atiq, construits par un promoteur privé et cédés à un prix social, avec une subvention accordée aux ménages bénéficiaires, octroyée par le ministère de l’Habitat et de la politique de la ville». Les efforts sont concentrés particulièrement sur l’arrondissement de Yacoub El Mansour qui abrite le grand lot des bidonvilles de la capitale (3.459 ménages).
Il s’agit notamment des poches situées près de l’avenue Al Majd, ainsi que du douar Zirara à Hay el Fath et rue Regragui au quartier Akkari qui sont déjà résorbés. À Douar Al Kora, considéré comme le plus grand quartier abritant les bidonvilles de la capitale, une partie des bénéficiaires est déjà relogée sur le même site dans des appartements. Le reste le sera prochainement en vue de clore définitivement ce dossier au plus tard durant l’été de cette année 2016, selon les engagements de la Direction régionale de l’habitat. Par ailleurs, les défis sont énormes pour les deux cités voisines de la capitale, notamment Témara dont le programme de lutte contre les bidonvilles semble à l’arrêt alors que la ville compte au moins quelque 18.000 ménages à reloger ou à recaser. Les autorités sont appelées à agir pour que cette ville puisse être déclarée dans les années à venir sans bidonvilles en dépit des contraintes. Pour y arriver, il s’avère essentiel, selon les observateurs, d’instaurer des règles particulières de contrôle et de créer une banque de données informatiques concernant les bénéficiaires des opérations de lutte contre les bidonvilles.
Le détail du financement du programme de résorption des bidonvilles
Conformément à la convention de financement et de réalisation du programme de résorption des bidonvilles dans la préfecture de Rabat, signée en octobre 2014, le ministère de l’Habitat et de la politique de la ville a mobilisé une enveloppe budgétaire de 270MDH à hauteur de 25.000DH par ménage à recaser ( lots de terrain) et 40.000DH par ménage à reloger (appartements). En gros, 6.000 ménages recevront des lots de terrains et 3.000 des appartements. La convention prévoit la contribution des bénéficiaires d’un montant total de 450MDH à hauteur de 25.000DH par ménage pour le recasement et 100.000DH par ménage pour le relogement. L’attribution des lots et des logements se fait par une commission préfectorale instaurée par le wali.