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Blocage de la VoIP : Opérateurs et usagers passent à la seconde phase

Les trois protagonistes du marché télécoms ont mis, au goût du jour, leurs offres de voix à l’international et de roaming data comprise, chacun suivant sa propre stratégie marketing. À titre d’exemple, écouter un morceau de musique en ligne en roaming coûtera, au bas mot, 20 dirhams. Entre-temps, les usagers les plus avertis n’ont pas senti la restriction de la VoIP, utilisant les Réseaux privés virtuels (VPN). Cet outil, simple d’utilisation, va en démocratisant, et ne risque pas d’être bloqué de sitôt.

Quelques jours à peine après la restriction des appels sur IP, par les opérateurs de télécommunication, ces derniers mettent le paquet sur leurs offres d’appels à l’international. En effet, les trois protagonistes du marché ont remis au goût du jour leurs offres de recharges dédiées aux appels internationaux, d’une part, et des offres sur le service roaming, d’autre part. Maroc Télécom a lancé, le 14 janvier dernier, une offre promotionnelle sur le roaming, depuis et vers les principaux partenaires du Maroc (France, Italie, Belgique et USA). Cette «promotion» se terminera au terme du mois de janvier, mais, comme les opérateurs marocains nous y ont habitués, une nouvelle offre devrait prendre le relais après cette date. Dans cette offre de l’opérateur historique, le mégaoctet de données est facturé à 5 DH ! Il faudra donc, pour les clients, débourser de 20 à 30 dirhams pour écouter un morceau de musique en ligne. Cher l’accès à cette technologie désormais de base. Du côté de Méditel, on a misé sur les appels depuis le Maroc vers l’étranger, en mettant en place un nouveau «Pass à l’international» avec facturation à la seconde. Pour sa part, INWI parie sur une offre à la carte, avec des Pass «flexibles», proposant pour le même prix, des durées de communication variant d’une zone géographique à l’autre. Aussi les opérateurs comptent-ils bien tirer les dividendes de cette «fleur» offerte par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) que représente le blocage de la Voix sur IP (VoIP), chacun suivant une stratégie marketing spécifique. 

À vos «VPN»
Il faut, en effet, reconnaître que la démocratisation des applications mobiles de VoIP a fait qu’une part importante des Marocains voyageant à l’étranger utilisait les réseaux WiFi publics, largement disponibles en Europe notamment, pour communiquer gratuitement avec le pays. Si le blocage de cette technologie sur les réseaux marocains peut être rédhibitoire pour une certaine catégorie d’utilisateurs peu confortables avec les outils informatiques, il ne fera qu’ajouter une étape supplémentaire pour les jeunes utilisateurs, rodés aux astuces informatiques. Car pour contourner le blocage, imposé par les opérateurs, il suffit de se doter d’une dizaine d’applications de Réseau privé virtuel (Virtual Private Network ou VPN) gratuitement téléchargeables et utilisables sur les smartphones. L’opération prend quelques minutes (selon la vitesse de connexion) et deux ou trois clicks sur l’écran tactile de votre terminal. Du coup, l’on peut s’attendre à un engouement grandissant pour les VPN sur mobile, qui permettent, une fois installés, de continuer à utiliser la VoIP de manière quasi-normale.

De beaux jours devant les «VPN»
Dès lors, l’on pourrait s’imaginer que les opérateurs pourraient bloquer l’utilisation de ces VPN, mais les choses sont plus complexes à ce niveau du réseau. «Pour que les opérateurs puissent bloquer les VPN, ils sont obligés de fermer des «ports» par lesquels transitent d’autres fonctionnalités d’internet, comme le mailing ou des sites web, par exemple. Ce n’est pas impossible, mais infiniment plus complexe que pour la VoIP», nous explique un expert en technologies de l’information et de la communication. En d’autres termes, la «porte informatique», par laquelle transitent les VPN, est également la voie d’accès d’autres flux informatiques importants, et si elle est fermée, elle le sera pour tous. Ajouter à cela le fait qu’une grande partie des entreprises structurées, opérant au Maroc, utilisent les VPN pour sécuriser l’accès à leurs systèmes d’information. L’on s’imagine mal que l’on puisse brider leurs activités économiques vitales pour le Maroc. Il est donc pratiquement exclu que les VPN puissent être bloqués, à moins d’une nouvelle innovation technologique. L’usage des réseaux privés virtuels ne pourra donc aller que dans le sens de la démocratisation.  


La bande passante plafonne
Depuis 2010, la largeur de la bande passante internationale dont dispose le Maroc a connu une croissance exponentielle. Elle a été multipliée par 6 en quatre ans, passant de 75 gigabits par seconde en 2010 (Gbps) à 450 Gbps en 2014, doublant quasiment chaque année. Mais comme le révèlent les dernières statistiques du secteur, qui viennent d’être rendus publiques par l’ANRT, la capacité de la bande passante internationale a stagné en 2015, se maintenant à 450 Gbps. Il faut dire que pour pouvoir améliorer le débit offert aux usagers, la bande passante internationale ne suffit pas, il faut également que les opérateurs disposent d’infrastructures suffisantes pour gérer au niveau national, les flux depuis et vers l’international. Ces derniers représentent la part du lion dans le trafic Internet. Du coup, il n’y a pas eu d’amélioration sur cet aspect en 2015, et la conjoncture difficile que traversent les opérateurs n’est pas étrangère à cette situation. L’heure est à la maîtrise des coûts et non à l’investissement tous azimuts. Pour rappel, la principale passerelle internet entre le Maroc et l’extérieur est gérée par Maroc Télécom : il s’agit du câble sous-marin «Atlas Offshore» reliant Asilah à Marseille, avec une capacité de 320 Gbps, soit plus 70% de la capacité totale de la bande passante internationale du Maroc.



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