Croissance : le FMI place le Maroc sur le podium de la région MENA

Le FMI révise sa copie des prévisions de croissance économique pour le Royaume. Il l’estime désormais à 4,4% en 2025, l’une des plus fortes performances de la région MENA, et supérieure à la moyenne mondiale. Malgré la sécheresse qui affecte le secteur agricole, l’industrie et les services tirent l’économie nationale. Les projections pour 2026 et 2030 restent robustes, tandis que l’inflation et le chômage devraient se stabiliser.
Le Fonds monétaire international (FMI) vient de publier l’édition d’octobre de ses «Perspectives de l’économie mondiale» (PEM). Un document qui offre une vision actualisée des tendances économiques mondiales et régionales. Pour le Maroc, le rapport livre une bonne nouvelle : les prévisions de croissance pour l’année en cours ont été revues à la hausse, passant de 3,9% dans l’édition d’avril à 4,4%.
Un niveau supérieur à la moyenne attendue pour la région MENA (+3,5%). Il s’agit là d’une des plus fortes croissances attendues au sein de la région. À titre de comparaison, le FMI anticipe une hausse du PIB de 4% en Arabie Saoudite et de 2,6% au Koweït. Ces chiffres confirment que le Maroc se positionne parmi les économies les plus dynamiques de la région pour l’année 2025.
Pour Mohamed Rahj, économiste, il convient cependant de nuancer ces chiffres. «Les prévisions des institutions sont souvent supérieures à la réalité du terrain», souligne-t-il. Selon lui, une croissance réelle, située entre 3% et 3,2% constituerait déjà une performance honorable.
«Avec un PIB en hausse de plus de 4%, il faut applaudir, même si ce n’est pas l’idéal et qu’il faudrait une croissance d’au moins 6% pour créer un nombre suffisant d’emplois», explique-t-il.
L’économiste attire particulièrement l’attention sur la situation du secteur agricole, lourdement affecté par la sécheresse, qui continue de peser sur la production et les revenus des ménages ruraux. Malgré cette contrainte, il constate que l’industrie et les services tirent la croissance du pays. Ces deux secteurs offrent un contrepoids important aux difficultés agricoles. Le spécialiste ajoute que si l’année agricole en cours se révèle favorable sur le plan pluviométrique, les prévisions du FMI et d’autres institutions pourraient être dépassées, et la croissance du PIB pourrait atteindre les 6% escomptés. Un scénario qui se révèlerait particulièrement positif pour l’emploi et l’investissement.
2026 : légère décélération de la croissance
Quoi qu’il en soit, les projections du FMI pour le Maroc s’alignent globalement sur celles du Haut-commissariat au plan (HCP) et de la Banque mondiale. Cependant, elles restent légèrement inférieures aux estimations de Bank Al-Maghrib, qui anticipe une croissance de 4,6% pour l’année en cours.
La cohérence des projections avec celles d’autres institutions internationales permet néanmoins de dégager une tendance générale claire : le Maroc devrait enregistrer une croissance notable, malgré un environnement mondial marqué par des incertitudes financières et énergétiques. Les perspectives du FMI pour l’année prochaine confirment également cette tendance à la hausse. L’institution prévoit désormais une croissance du PIB de 4,2% en 2026, contre 3,7% dans son édition d’avril.
Cette estimation reste supérieure à celle de certains pays de la région, comme l’Arabie Saoudite (+4 %) et le Koweït (+3,9%). Toutefois, elle est légèrement inférieure aux prévisions de la Banque centrale, qui table sur 4,4% pour l’année prochaine, mais tout en restant au-dessus du niveau attendu par le HCP (+4%). Le rapport du FMI projette également la croissance économique du Maroc à l’horizon 2030, avec un PIB en hausse de 3,8%, ce qui traduit une dynamique soutenue mais modérée sur le long terme.
Inflation, chômage… le FMI révise ses prévisions à la baisse
Sur le front des prix à la consommation, le FMI revoit sa copie à la baisse. Pour 2025, l’institution prévoit désormais une inflation de 1,2%, contre 2,2% dans l’édition précédente. Pour 2026, le taux attendu s’élève à 1,8%, comparé à 2,3% précédemment.
À ce propos, les projections de Bank Al-Maghrib indiquent une inflation proche de 1% cette année, quasi-stable par rapport à 2024, avant une légère accélération à 1,9% en 2026. Ces prévisions reflètent une stabilisation des prix à la consommation et une maîtrise relative des tensions inflationnistes, malgré le contexte international incertain et les pressions sur les matières premières.
En matière de solde extérieur courant, le FMI anticipe un déficit qui s’alourdit à -2,3% pour l’année en cours, contre -2% dans l’édition d’avril. L’année prochaine, le déficit devrait se creuser davantage pour atteindre -2,6%, contre -2,2% dans la précédente édition. Cette évolution traduit une pression persistante sur la balance commerciale, notamment sous l’effet des importations énergétiques et des fluctuations des marchés internationaux.
Ces chiffres soulignent la nécessité de renforcer les exportations et de consolider les sources de devises pour mieux absorber les chocs externes. Concernant le marché du travail, le FMI revoit également ses prévisions à la baisse. Il estime que le taux de chômage atteindra 13,1% sur l’ensemble de l’année 2025, légèrement inférieur aux 13,2% anticipés en avril.
Pour l’année suivante, le taux devrait décélérer à 12,7%, contre 12,9% dans l’édition précédente. Ces chiffres reflètent une stabilisation progressive du marché de l’emploi, mais restent préoccupants pour une économie qui cherche à absorber une population active en croissance et à offrir des perspectives d’emploi suffisantes pour les jeunes diplômés et les travailleurs peu qualifiés.
Le Maroc ferait mieux que la moyenne mondiale
Selon le rapport, la croissance mondiale devrait ralentir, passant de 3,3% en 2024 à 3,2% cette année pour se stabiliser à 3,1% en 2026. L’inflation, elle, serait en baisse, estiment les analystes du Fonds monétaire international, mais variant selon les zones : supérieure aux objectifs aux États-Unis et modérée ailleurs.
Par ailleurs, l’incertitude persiste : protectionnisme, chocs sur l’offre de main-d’œuvre et vulnérabilités financières peuvent freiner l’expansion. Les décideurs sont invités à agir de manière crédible et transparente, conciliant ajustement macroéconomique, diplomatie commerciale, réformes structurelles et préservation de l’indépendance des banques centrales.
Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO