Éco-Business

Marché obligataire : les taux courts sous tension, la liquidité se resserre

Le marché obligataire s’installe dans une phase de vigilance accrue. Alors que le déficit de liquidité bancaire se creuse et que les besoins du Trésor demeurent élevés, les taux primaires poursuivent leur ascension sur les maturités courtes et moyennes.

Le marché obligataire aborde ce mois d’octobre sous le signe d’une tension persistante sur les maturités courtes, reflet d’une demande soutenue du Trésor et d’un ajustement progressif des anticipations de taux. Dans sa dernière note Fixed Income Weekly, BMCE Capital Global Research (BKGR) dresse le portrait d’un marché monétaire actif mais encore contraint, où la stabilité apparente du TMP masque des déséquilibres de fond entre besoins de financement et disponibilité de liquidité.

Sur la période du 2 au 8 octobre, le déficit de liquidité bancaire s’est aggravé de 4,4 % pour atteindre -140,1 milliards de dirhams (MMDH), un niveau en hausse notable. Face à cette tension, Bank Al-Maghrib a renforcé ses avances à 7 jours, portant leur volume à 66,6 MMDH contre 54,9 milliards une semaine auparavant. Les placements du Trésor ont également progressé, avec un encours quotidien maximal de 18,4 MMDH, contre 15,4 MMDH la semaine précédente.

Le taux moyen pondéré (TMP) est resté quasi stable à 2,25 %, tandis que le MONIA, indicateur de référence du marché monétaire, a légèrement reculé à 2,173 %. Ce repli traduit, selon BKGR, une relative détente ponctuelle sur les échanges interbancaires, sans toutefois inverser la tendance de fond d’une demande de liquidité toujours forte.

Hausse des taux primaires sur les maturités courtes et moyennes
Sur le marché primaire, le Trésor a levé 3,6 MMDH, soit 61 % du montant initialement proposé (5,9 milliards). Ces levées se concentrent sur les maturités à 52 semaines et 2 ans, avec des taux limites respectifs de 2,1636 % et 2,3597 %.

Les taux ont poursuivi leur hausse, +16,8 points de base pour la ligne à 52 semaines et +7,2 points pour celle à 2 ans. Une évolution que BKGR interprète comme la conséquence directe d’une offre plus restreinte sur le court terme, conjuguée à des attentes prudentes de la part des investisseurs institutionnels.

Le marché intègre en effet la perspective d’un maintien des taux directeurs par Bank Al-Maghrib, au moins jusqu’à la fin de l’année, dans un contexte où l’inflation sous-jacente demeure contenue mais encore sensible aux tensions externes.

Le marché secondaire a connu une dynamique mitigée. Les maturités courtes (26 et 52 semaines) se sont légèrement détendues, respectivement de -2,41 et -4,44 points de base, tandis que les obligations à 2 ans et 10 ans ont enregistré des hausses modérées de +2,25 et +2,10 points de base.

Ce mouvement en ciseaux illustre, selon BKGR, la prudence des investisseurs, qui privilégient encore les durations intermédiaires. Les taux à long terme, stables ou en légère hausse, traduisent une absence de signaux clairs sur les perspectives de détente monétaire à moyen terme. La courbe des taux reste ainsi plate sur les échéances courtes, mais s’infléchit progressivement sur le long terme, signe d’un marché en quête d’équilibre.

Des prévisions prudentes à court terme
Pour les jours à venir, BKGR anticipe une baisse du rythme des interventions de la Banque centrale. Les avances à 7 jours devraient être ramenées à 56 MMDH, contre 66,6 milliards précédemment. Mais le mois d’octobre sera marqué par des tombées importantes du Trésor, estimées à près de 20 milliards de dirhams.

Ce facteur pourrait, selon BKGR, accentuer la pression sur les maturités courtes et moyennes, notamment si les conditions de refinancement ne s’assouplissent pas.

« Le marché obligataire marocain pourrait continuer à connaître une certaine tension sur les maturités courtes et moyennes, comme en témoigne l’évolution récente des lignes à 52 semaines », souligne la société de recherche.

Une lecture en filigrane de la stratégie du Trésor
Cette configuration traduit un ajustement stratégique du Trésor, qui cherche à étaler ses levées tout en maîtrisant le coût de la dette. La hausse graduelle des taux primaires suggère une volonté de lisser la courbe sans provoquer de tension excessive sur les rendements.

De leur côté, les investisseurs, bien que prudents, continuent de se positionner sur les maturités les plus liquides, privilégiant la flexibilité dans un environnement où la trajectoire monétaire demeure incertaine. Le comportement des taux sur le secondaire, conjugué à la progression des placements du Trésor, confirme que le marché demeure bien orienté, même si les signaux d’un véritable redressement de la liquidité restent timides.

En somme, le Fixed Income Weekly de BKGR confirme que le marché des taux évolue dans une phase d’ajustement ordonné, entre prudence monétaire et contraintes budgétaires. La stabilisation du TMP ne doit pas masquer les tensions sous-jacentes qui persistent sur le court terme. L’équilibre fragile entre offre de liquidité et besoins du Trésor sera l’un des principaux déterminants de la trajectoire des rendements au cours des prochaines semaines

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



Immobilier : la loi 34.21 promet la fin des projets bloqués


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page