Maroc

Standard & Poors : le Royaume retrouve son rang

Standard & Poor’s réintègre, à nouveau, le Maroc dans le cercle restreint des émetteurs recherchés par les marchés. Le Royaume s’impose ainsi comme le seul émetteur africain d’eurobonds classé investment grade.

La séquence s’est jouée en deux temps. Le 23 septembre 2025, au sortir du conseil de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri évoque, en réponse à une question directe, ses derniers échanges avec Standard & Poor’s.

«Je viens de les avoir, nous avons fait un tour complet, ça a duré une heure, très correct, très intéressant», glisse le wali, avant d’admettre avoir «demandé s’ils ne pouvaient pas entrevoir une notation d’investissement», ce statut que le Maroc ambitionnait de reconquérir depuis un moment. Le sourire des analystes, rapporte-t-il, ne préjuge de rien.

«Est-ce qu’ils vont le faire ou pas ?» La réponse, dit-il, dépend de plusieurs points que l’agence scrute avec prudence. Le gouverneur de la banque centrale déroule alors la grille de lecture de l’agence. D’abord la trajectoire budgétaire, désormais encadrée par une programmation triennale. Ensuite la dynamique de croissance, appelée à devenir «moins volatile et moins dépendante de l’agriculture». Vient enfin un sujet critique, celui du niveau de vie. «Ils nous ont toujours fait la remarque sur le revenu par tête, un peu plus faible que la moyenne des pays de comparaison», note-t-il.

Sur le reste, Jouahri assure avoir répondu «aux problèmes de politique monétaire, des aspects budgétaires, de la conjoncture internationale». «Nous avons même aborder la monnaie numérique et les crypto-actifs», autant d’éléments qui, de son point de vue, ont laissé «une impression très positive».

Crédibilité financière
Trois jours plus tard, le 26 septembre 2025, le couperet tombe du bon côté. Standard & Poor’s relève la note souveraine du Maroc à BBB- avec perspective stable, rendant au Royaume son rang d’investment grade. L’agence le mentionne noir sur blanc sur sa fiche technique.

L’amélioration s’appuie sur des politiques macroéconomiques jugées solides et sur une trajectoire de finances publiques mieux maîtrisée, avec un déficit orienté vers 3% du PIB à l’horizon 2026 et une dette nette appelée à redescendre en dessous de la barre des 60% du PIB à moyen terme. Ce reclassement a une double portée, symbolique et pratique.

Sur le plan symbolique, il referme la parenthèse ouverte par les chocs exogènes —pandémie, flambée des prix de l’énergie…— et replace le Maroc parmi les signatures souveraines désormais jugées dignes d’investissement par l’agence de notation.

Sur le plan pratique, il élargit, de fait, le cercle des acheteurs institutionnels et contribue, toutes choses égales par ailleurs, à détendre la prime de risque sur la courbe en devises. En réintégrant, selon l’évaluation de S&P, le cercle restreint des émetteurs recherchés par les marchés, le Royaume s’impose désormais comme le seul émetteur africain d’eurobonds classé investment grade.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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