Maroc

Association nationale des médias et éditeurs : cap maintenu sur la réforme du secteur

L’Assemblée générale de l’Association nationale des médias et éditeurs (ANME) a confirmé à l’unanimité Driss Chahtane à la présidence. Une reconduction qui s’inscrit dans un moment clé pour la presse nationale, confrontée à des défis économiques, technologiques et réglementaires, et qui cherche à consolider ses acquis tout en préparant les réformes nécessaires.

Jeudi, à Casablanca, l’Assemblée générale annuelle de l’Association nationale des médias et éditeurs (ANME) s’est tenue dans un climat d’adhésion aux orientations de l’équipe sortante. Les membres de l’association ont reconduit à l’unanimité Driss Chahtane à la présidence, confirmant une continuité jugée nécessaire dans un contexte marqué par des défis économiques, technologiques et réglementaires.

D’ailleurs, l’association entend poursuivre ses chantiers prioritaires, notamment la défense des droits des journalistes, la réforme institutionnelle et la recherche d’un financement durable pour les entreprises de presse.

La reconduction de Driss Chahtane n’a pas suscité de surprise. Les participants ont souligné l’importance de maintenir une direction stable alors que le secteur traverse une phase critique. Dans son allocution, Chahtane a insisté sur la nécessité de renforcer les acquis et d’élargir les partenariats.

Il a également annoncé l’envoi imminent d’un courrier au Chef du gouvernement pour rehausser et pérenniser les subventions publiques destinées à soutenir la presse nationale, la mise en place de partenariats structurants avec des institutions telles que Royal Air Maroc et l’Office national des chemins de fer afin de faciliter la mobilité des professionnels, et un plan de soutien renforcé en faveur de la presse sportive dans la perspective des grands événements que le Maroc accueillera au cours des prochaines années, notamment la Coupe d’Afrique des Nations et la Coupe du monde 2030.

Réformes institutionnelles
Le Secrétaire général de l’ANME, Mokhtar Laghzioui, a présenté un bilan détaillé des actions menées au cours de l’année écoulée. En effet, l’ANME s’est impliquée dans les débats autour des réformes législatives. L’association a salué l’adoption en juillet 2025 des lois n°26.25 et n°27.25, qui réorganisent le Conseil national de la presse et instaurent un nouveau statut des journalistes.

Selon l’ANME, qui regroupe aujourd’hui 130 supports à travers le Royaume, ces textes contribuent à combler un vide institutionnel et à consolider l’autorégulation de la profession. Ils sont également perçus comme une réponse aux évolutions du paysage médiatique et aux engagements internationaux du Maroc en matière de liberté d’expression.

L’association a poursuivi ses actions de plaidoyer, tant sur les dossiers internes que sur les enjeux liés à l’image du pays. Elle a pris position sur la question du Sahara marocain, dénonçant les déclarations hostiles et les rapports jugés partiaux de certaines ONG et médias étrangers.

Sur le plan professionnel, l’association a alerté sur la prolifération de contenus non régulés diffusés via les réseaux sociaux, qu’elle considère comme une menace pour la presse structurée. L’ANME appelle à protéger les journalistes contre les campagnes de dénigrement et à encadrer les pratiques des créateurs de contenus qui échappent aux règles déontologiques.

Un secteur sous pression
Le rapport financier présenté par Khalid El Houri, trésorier de l’association, fait état d’un budget marqué par un déficit d’environ un million de dirhams. Les charges opérationnelles et d’investissement se sont élevées à 1,89 million de dirhams, tandis que les recettes ont atteint 290.000 DH en contributions internes et 1,24 million de dirhams en subventions, principalement liées au secteur sportif.

Dans la perspective de consolider les moyens disponibles, un programme global de 240 millions de dirhams a été annoncé. Il vise à accompagner la professionnalisation du secteur, à améliorer les conditions salariales et à appuyer les efforts de modernisation des structures.

Au-delà des finances, les défis restent nombreux. La pandémie de Covid-19 a fragilisé les modèles économiques, avec une baisse des revenus et un ralentissement de la transition numérique. Les circuits traditionnels de distribution sont en déclin, et la concurrence des plateformes numériques accentue la crise. À cela s’ajoute la montée de discours populistes et de campagnes de désinformation, qui compliquent la tâche des organes de presse professionnels.

Dans ce contexte, l’ANME met en avant la nécessité d’un financement durable et équitable pour les médias, adapté aux réalités du marché tout en respectant l’indépendance éditoriale. Elle estime que la survie d’une presse professionnelle et crédible dépend directement de la création d’un cadre réglementaire solide et d’un environnement économique viable.

Un rôle fédérateur
L’assemblée générale a aussi été l’occasion de rappeler le rôle joué par les fondateurs de l’association, notamment Abdelmounaim Dilami, salué par les membres pour son engagement.

Fatima Ouriaghli, vice-présidente, a souligné l’importance de ce rendez-vous pour évaluer la situation du secteur, tandis que Mokhtar Laghzioui, secrétaire général, a insisté sur les efforts fournis pour améliorer les conditions de travail et défendre la liberté de la presse.

La reconduction de Driss Chahtane traduit un choix de stabilité dans un environnement instable. Mais la problématique de fond reste comment assurer l’avenir d’un secteur fragilisé par la baisse des revenus, l’érosion des modèles traditionnels et la concurrence du contenu non régulé ? Pour l’ANME, la réponse passe par une combinaison d’autorégulation, de soutien public et de partenariats élargis.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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