Africa Risk-Reward Index 2025 : le Maroc, modèle de stabilité et de diversification sur le continent

Le Maroc affiche le 2e meilleur score de risque (3,88) et une récompense en hausse (5,31) dans l’indice risque-rendement 2025, selon les données exclusives de Control Risks et Oxford Economics Africa. Zoom sur les enseignements clés du rapport, les spécificités marocaines et leurs implications pour les acteurs économiques.
Alors que des pays comme l’Égypte, le Nigéria et l’Afrique du Sud s’enlisent, le Maroc démontre qu’une économie agile surpasse toujours un marché aux défis multiples. Aussi, pendant que le risque global reste stable depuis 2017 à l’échelle du continent, la divergence entre pays réformateurs et économies «ancres» sous-performantes s’accentue.
C’est dans ce contexte que le Maroc émerge comme un modèle de résilience, tirant parti de sa diversification et de son positionnement stratégique. C’est ce que l’on retient du dixième Africa Risk-Reward Index (2025), que vient de publier Control Risks en partenariat avec Oxford Economics Africa.
Le rapport dresse un portrait dynamique des opportunités d’investissement sur le continent. Son thème central, «l’Afrique selon ses propres termes», souligne une tendance forte vers une plus grande autosuffisance et un rééquilibrage stratégique face aux volatilités géopolitiques globales. Pour les acteurs économiques, la leçon principale est claire : la sélection des pays et l’adoption de modèles opérationnels localisés et intégrés sur le plan régional sont devenues primordiales pour réussir.
Un paysage continental marqué par la divergence
Le rapport constate que le risque agrégé sur le continent est resté globalement stable depuis 2017, mais que la véritable histoire est celle d’une divergence croissante entre les marchés. Les économies réformatrices tirent leur épingle du jeu, tandis que les «économies pivots» traditionnelles (Nigeria, Afrique du Sud, Égypte) font face à d’importants défis de mise en œuvre qui freinent leur potentiel.
Comme le résume Patricia Rodrigues, Associate Director chez Control Risks, «l’Afrique récompensera les organisations qui construiront des modèles résilients et régionalement intégrés – pas celles qui dépendent de stratégies à acheteur unique et à marché unique».
Cette divergence est illustrée par les évolutions des scores. Cinq pays ont enregistré les plus fortes progressions de leur score global entre 2024 et 2025 : l’Angola (+2,35), la RDC (+2,15), le Zimbabwe (+2,01), l’Ouganda (+1,17) et la Zambie (+0,79). À l’inverse, des pays comme le Sénégal (-1,64) ou le Cameroun (-0,24) ont reculé.
Le Maroc : un performeur remarquable et un modèle de stabilité
L’analyse des données révèle que le Maroc se distingue comme l’une des réussites les plus notables du continent. Son score de risque s’est significativement amélioré, passant de 4,01/10 en 2024 à 3,88/10 en 2025, tandis que son score de récompense est passé de 5,00 à 5,31. Ce qui se traduit par une variation globale positive de +0,44, l’une des meilleures progressions.
Le rapport attribue cette performance à la réussite de la stratégie de modernisation et de diversification économique menée par le pays. Le Maroc est cité en exemple pour avoir bâti «l’une des économies les plus diversifiées du continent». Ses investissements passés dans les infrastructures et son exploitation stratégique de sa position géographique en font une «pierre angulaire pour les connexions de l’Afrique avec le reste du monde».
Cette analyse, corroborée par les données, positionne le Maroc non seulement comme un havre de stabilité relative (score de risque bas) mais aussi comme une économie offrant des opportunités de croissance solides (score de récompense en hausse). Le Royaume fait partie des rares pays à combiner une baisse du risque et une hausse de la récompense, un signal extrêmement positif pour les investisseurs.
Investisseurs, entreprises, décideurs : les leçons à tirer
Pour les investisseurs internationaux, la leçon à retenir est que la stabilité et la diversification du Maroc en font une plateforme idéale pour servir le marché africain et européen. La leçon du rapport est qu’il faut privilégier les modèles «Africa First» (Afrique d’abord), c’est-à-dire concevoir des produits et services pour la demande régionale. Le Maroc, avec son infrastructure de qualité et ses accords commerciaux, est parfaitement placé pour incarner ce hub régional. Les secteurs de la logistique, de l’automobile, des énergies renouvelables et de l’agro-industrie y trouvent un terrain particulièrement fertile.
Pour les entreprises marocaines, cette analyse conforte la stratégie de régionalisation et d’internationalisation des champions nationaux. Le rapport note que «les stratégies panafricaines ou régionales intégrées surperformeront de plus en plus les stratégies spécifiques à un pays». Les entreprises marocaines, déjà bien implantées en Afrique de l’Ouest et francophone, doivent capitaliser sur cet avantage pour consolider leurs positions et développer des chaînes de valeur régionales, notamment dans le cadre de la ZLECAf.
Pour les décideurs politiques marocains, le rapport valide la politique économique menée. Il encourage à poursuivre dans cette voie : modernisation des institutions, investissements dans les infrastructures connectives (corridors logistiques, digital) et diversification sectorielle. Le défi sera de continuer à attirer les investissements non pas sur des promesses, mais sur une exécution efficace et un environnement des affaires prévisible, tout en accélérant l’intégration économique avec le reste de l’Afrique.
Un phare de stabilité dans un continent en mutation
L’Africa Risk-Reward Index 2025 peint le tableau d’un continent où la réussite ne se mesure plus à la taille du marché domestique, mais à la capacité d’un pays à mener des réformes, à diversifier son économie et à s’insérer dans les chaînes de valeur régionales. Le Maroc émerge de cette analyse comme un modèle de réussite et un performeur remarquable.
La conclusion de Patricia Rodrigues, «L’ère de l’aide se termine ; l’ère opérationnelle est là», résonne particulièrement pour le Royaume.
Le Maroc n’attend pas les financements externes ; il construit sa propre trajectoire de croissance. Pour tous les acteurs économiques, le message est que le Maroc représente aujourd’hui une valeur sûre et une porte d’entrée stratégique pour une Afrique plus autonome, plus intégrée et ouverte à ceux qui sauront s’adapter à ses termes.
Sa capacité à maintenir cette dynamique positive sera cruciale pour capter les flux d’investissements qui, comme le note le rapport, se détournent des marchés les plus risqués pour se concentrer sur les réformateurs les plus crédibles.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO